Né le 1er novembre 1925 dans la région Ouest du Cameroun, Félix-Roland Moumié est un nationaliste Camerounais mort assassiné par un espion Français le 3 novembre 1960.
En 1948, Félix Moumié rencontre Um Nyobé à Kribi dans la Région Sud du Cameroun ; les deux hommes échangent longuement et Moumié décide d’adhérer à l'UPC (Union des Populations du Cameroun). C’est le début d’une fulgurante carrière politique. Son engagement politique lui vaudra plusieurs affectations disciplinaires. Ce qui va lui permettre de connaître profondément son pays et ses habitants.
En 1952, Moumié est élu président de l'UPC. En mai 1955, l’armée coloniale française massacre des milliers de militants de l’UPC.
Le 13 juillet 1955, l'UPC est interdite au Cameroun Français, Félix-Roland Moumié va en exil au Cameroun Britannique. Il réussit notamment à s'enfuir in extrémis de l’hôpital Laquintinie de Douala où il travaille.
Le 14 août 1956, un commando français part de la base militaire de Koutaba avec pour mission d'assassiner Félix – Roland Moumié. Pour une raison inexpliquée, l’assassinat échoue. Le 30 mai 1957, l’UPC est interdite au Cameroun Britannique et Félix Moumié va s'exiler au Soudan. Il ira par la suite en Égypte où il est accueilli par le Président Gamal Nasser. Il vit principalement entre le Ghana et la Guinée où il cherche à gagner des soutiens pour l'UPC. Il bénéficie des soutiens de Kwamé Nkrumah et Sékou Touré. Moumié choisit une orientation de plus en plus radicale.
En mars 1959, Félix Moumié conduit la délégation de l'UPC à l'ONU pour exiger des élections avant la proclamation de l'indépendance du Cameroun. Le 1er janvier 1960, le Cameroun accède officiellement à l’indépendance. Mais pour l’UPC, elle n’est que de façade. Le parti conteste la légitimité du nouveau président Ahmadou Ahidjo adoubé par Paris.
Félix Moumié voyage beaucoup pour tenter de légitimer le combat de son parti à l’international. Pour mener à bien son combat, Moumié a besoin d’argent, d’armes et de présence médiatique. Moumié dérange en raison de son action diplomatique, il crée des contacts, récolte des fonds, cherche des soutiens ; il s’apprête même à mettre sur pied un gouvernement provisoire du Cameroun en exil. C’est l’homme à abattre, il faut l’éliminer.
William Bechtel, un espion français, ancien soldat héros de la Résistance, devenu réserviste des services secrets est envoyé à Genève pour assassiner Félix Moumié. Bechtel se fait passer pour un journaliste venu interviewer Félix Moumié pour faire porter la voix du combat qu’il mène. Félix Moumié fréquente une certaine Liliane mais ce qu’il ignore c’est que cette Liliane fait en réalité partie du complot ourdi pour l’exécuter. Liliane est en contact avec l’espion Bechtel et celle-ci lui donne les informations sur les faits et gestes de Moumié.
Le 15 octobre 1960, Félix Moumié est invité à dîner par William Bechtel dans un restaurant chic de Genève, le Plat d’Argent. Lors du repas, Moumié boit un verre de Ricard. Il ne sait pas que la boisson a été empoisonnée au thallium. Il se sert à nouveau en avalant une trop forte dose de poison.
Le plan ne se passe pas comme prévu. Félix Moumié a prévu de s’envoler pour Conakry en Guinée le lendemain. Seulement, il a pris plus de poison que prévu. Or, l’espion William Bechtel avait prévu que Félix Moumié allait juste ingurgiter une dose infirme du poison et les effets allaient se faire ressentir lorsqu’il sera en Guinée ; ainsi il allait y mourir de manière mystérieuse loin de toute police scientifique et de la Suisse.
La nuit même après le dîner, Félix Moumié tombe malade : douleurs stomacales, paralysie et sensation de froid. Moumié est transporté d'urgence à l'hôpital cantonal de Genève. En apprenant la nouvelle, William Bechtel disparaît précipitamment. Médecin de formation, Félix Moumié sait qu’il a été empoisonné ; il sait qu’il va mourir. Mais avant de partir, il essaie de puiser au fond de lui de l’énergie pour lâcher dans un dernier sursaut d’orgueil quelques indices. Il lâche péniblement ces mots : « Thallium », « Empoisonnement », « Main rouge » (du nom de l’organisation secrète chargée de tuer les nationalistes et indépendantistes du tiers monde). Moumié rend l’âme le 3 novembre 1960 à 19h10.
L'autopsie conclut à un empoisonnement et permet à la police suisse de remonter rapidement la piste et de perquisitionner la chambre d’hôtel de William Bechtel le 17 novembre 1960. Des perquisitions opérées au domicile de Bechtel vont permettre de découvrir l’artillerie du grand espion. L’espion était sur plusieurs coups.
Qu’est devenu William Bechtel l’assassin de Félix Moumié ? où a été enterré Félix Moumié ? où est passée sa dépouille ? Que deviendra Marthe Moumié après l’assassinat de son époux ?
Arol Ketch revient sur cette affaire dans : “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”