Le 2ème Sommet Régional sur la Sécurité, axé sur la lutte contre Boko Haram, s’est tenu la semaine dernière à Abuja au Nigeria. Présidé par le Chef de l’Etat nigérian Muhammad Buhari, ce sommet s’est déroulé en présence également du Président français, des Présidents du Niger, du Bénin, du Cameroun, du Tchad, du Gabon, du Sénégal et du Togo, ainsi que du Premier ministre de la Guinée Equatoriale.
Il intervient deux ans après celui de Paris, tenu le 17 mai 2014, avec comme thème »Consolider les efforts collectifs pour la paix et le développement de la région », afin de faire le bilan de la mise en œuvre des décisions prises à Paris, mais surtout dégager de nouvelles perspectives pour la paix et le développement autour du bassin du Lac Tchad.
Il intervient également après les coups rudes portés à la nébuleuse Boko Haram par l’armée nigériane soutenue par la force multinationale composée des armées du Niger, du Tchad, du Cameroun et du Bénin. C’est dire que la mutualisation des capacités opérationnelles et des renseignements a porté ses fruits en réduisant les capacités de nuisance des terroristes.
Il intervient aussi au moment où la communauté internationale sort enfin de sa torpeur, pour s’intéresser à la Libye meurtrie et menacée de démantèlement par Daesh. Les chefs d’Etat africains, en particulier de la sous-région, ne peuvent rester les bras croisés et subir les conséquences des inconséquences des autres.
Il n’est un secret pour personne que, sur la question sécuritaire et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, l’engagement total du Président Issoufou Mahamadou pour débarrasser le Niger et les pays voisins de ces menaces est sans commune mesure. Cet engagement et cette volonté farouches ont d’ailleurs fini par lui conférer un leadership incontestable sur toutes les questions liées à la paix et à la sécurité dans la sous-région, en Afrique, voire au niveau international.
Aussi, l’allocution du Président Issoufou Mahamadou était, de toute évidence, l’une des plus attendues lors de ce Sommet d’Abuja. Dans son intervention, le Chef de l’Etat a dressé l’état des lieux de la situation sécuritaire dans la région avant de développer les corrélations qui existent entre sécurité et développement. »Les opérations contre Boko Haram pèsent lourdement sur nos finances publiques, car le Niger a dû multiplier, depuis 2010, par quinze ses investissements militaires.
Il consacre désormais plus de 10% de son PIB aux dépenses de défense et de sécurité. Par ailleurs, les attaques de Boko-Haram ont des conséquences humaines, humanitaires, économiques et sociales dans les zones affectées: pertes en vies humaines aussi bien au niveau des civils que des militaires, paralysie de l’activité économique, fermeture des écoles et des centres de santé, des dizaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées que nous sommes tenus de prendre en charge », a souligné SEM. Issoufou Mahamadou.
Dans le cas précis de notre pays, le Niger, force est de reconnaitre que tous les secteurs de l’économie nationale ont été gravement affectés par la crise sécuritaire ambiante. En effet, depuis pratiquement trois ans, tous les budgets de l’Etat ont connu des coupes importantes pour faire face aux charges liées à l’engagement de nos troupes sur le théâtre des opérations ainsi qu’au renforcement des capacités opérationnelles de nos Forces de Défense et de Sécurité.
Dans la région de Diffa touchée par la crise, de nombreux projets de développement ont été compromis.
Voilà pourquoi, de l’avis du Président Issoufou, il faut mettre fin à la paupérisation grandissante que connaissent les populations du bassin du Lac Tchad. Le sommet doit lancer un appel pressant à la mobilisation de la communauté internationale pour lever les ressources nécessaires au financement du Plan d’Actions pour le Développement et la Résilience Climatique du Lac Tchad, Plan qui a fait l’objet de la tenue d’un évènement, en marge de la COP 21 de Paris en Décembre 2015.
Au-delà de ce Plan qui ne concerne que le moyen terme, la sauvegarde du lac, dont la superficie est réduite au 10ème de ce qu’elle était dans les années soixante, nécessite la mise en œuvre du grand projet de transfert des eaux de l’Afrique Centrale vers le lac », a souligné le Chef de l’Etat.
Plus qu’une guerre arme contre arme, le combat contre Boko Haram doit être une guerre financière, une guerre de moyens pour asseoir les bases du développement de la région. Il faut donc investir, et investir massivement.
Alors, a prôné le Président de la République, plus que de simples engagements intentionnels, les Etats victimes de Boko Haram ont besoin d’actes concrets pour éradiquer définitivement ce cancer qui gangrène la marche du monde.
Désormais, le combat contre Boko Haram se jouera sur le terrain du développement économique et social de la région. Donc, combattre Boko Haram, c’est investir massivement dans tous les secteurs socioéconomiques du bassin du lac Tchad. Combattre Boko Haram, c’est impliquer toute la population de la région à s’investir pleinement dans la recherche et la consolidation de la paix. Car, a dit SE. Isssoufou Mahamadou, »la défaite de l’insurrection ne repose pas seulement sur la solution militaire, elle repose également sur les actions de développement que le Gouvernement aura à entreprendre en vue d’en éradiquer les causes dans le Bassin du Lac Tchad. »
Autrement dit, en plus de la mobilisation de nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité, qui ont déjà imposé leur suprématie sur le terrain en annihilant les capacités de nuisance de Boko Haram, il y a lieu d’accentuer le combat contre ces forces du mal, sur le terrain du développement de la sous-région. Ce qui nécessitera la mise en œuvre de programmes de développement pertinents, soutenus par des moyens financiers colossaux.
Et comme première bonne nouvelle issue du Sommet, une des jeunes lycéennes de Chibock kidnappées depuis plusieurs mois, vient d’être libérée par les Forces nigérianes.