Je ne suis pas surpris par la circulaire qui fait actuellement couler beaucoup d'encre et de salive. Il me souvient que, le 3 juillet 2018, jour de notre entretien avec Mme la Ministre, un gros ndjoundjou du 9e avec qui j'avais échangé m'avait dit exactement ceci, en langage de politicien bien sûr:
"Monsieur Bessala, il se pourrait que pas mal parmi vos collègues sèchent les cours tous ces temps parce qu'ils se disent <
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En guise de réponse, je lui avais dit que nous ne connaissons pas d'enseignants qui seraient assez fous d'abandonner les classes juste parce que LES INDIGNÉS font la loi. Et je lui avais rappelé de ne pas tomber dans le piège de l'amalgame: LES INDIGNÉS ne se comportent pas de la sorte, même s'il est fondé que CERTAINS collègues abandonnent leurs postes.
Un mois plus tard, cette circulaire tombe. Madame la Ministre est dans son rôle. Mais j'ose croire qu'elle n'est pas taillée sur mesure pour les néo-enseignants, "LES INDIGNÉS"! Bref, au-delà de l'objectif disciplinaire de cette circulaire, analysons quelques problèmes qu'elle pourrait poser.
DÉGÂTS COLLATÉRAUX EN VUE
Mme la Ministre ne s'est pas rendue compte qu'en signant ce document, elle a ressuscité certains zombies parmi les chefs d'établissement et délégués départementaux/ regionaux, y compris les "chefs de terre".
(1) Règlements de comptes
Madame la Ministre vient de réhabiliter les services déconcentrés au moins à 15%. Rappelons-nous qu'ils avaient perdu quelques "prérogatives" sous Ngalle, qui avait centralisé les choses, ayant constaté les montagnes de dérapages pour ce qui est de pas mal de dossiers (affectations/mutations; dossiers disciplinaires, etc). Le copinage Proviseurs-Délégués pour "écraser" à tort des collaborateurs prenait donc fin, car le Minesec se chargeait d'arbitrer les litiges. Le dossier disciplinaire devait d'abord passer par le conseil de discipline MINISTÉRIEL, avant d'éventuelles sanctions. Désormais, les zombies vont broyer les victimes au niveau de la RÉGION, le MINFOPRA se chargeant d'appliquer les sanctions. Les chefs d'établissements vicieux peuvent donc déjà tremper leurs bottes dans les excréments pour que des collègues les leur lèchent.
(2) Corruption / chantage
Conséquence logique, en terme d'alternative de sortie de l'enfer pour des collègues qui tomberaient dans le (1). Il faudra donc gonfler ses poches pour "mouiller la barbe" à tel Censeur, tel Directeur, tel Proviseur, tel Délégué, pour éviter de se faire broyer par la machine, la suspension de la solde constituant l'arrêt de mort. Certains responsables véreux peuvent donc déjà se frotter les mains: ils gagneront bien plus que le "sassayé" de 10 000 000 FCFA/ an, que Mme la Ministre leur a "faroté njôôh".
CONSEIL DU CEIC
La note de Mme la Ministre a remis les profs à la merci de certains responsables d'établissements de petite moralité. Nous savons que certains dossiers seront fabriqués pour se venger des collègues dont la tête ne plaît pas à tel ou tel "boss". RE-bienvenue les chantages de toutes sortes, y compris les harcèlements sexuels, auxquels le refus de se soumettre sera taxé d'absentéisme!
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Toutefois, si vous savez que votre dossier est clean, et que pour des raisons farfelues votre "boss" veut vous nuire, vous avez LE DROIT de RÉUNIR VOS PREUVES, CONSTITUER UN DOSSIER SOLIDE, ET SAISIR L'INSPECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES (IGS/MINESEC, Porte 419/MINESEC, je crois). C'est lui "le Gendarme du Minesec". Il pourra initier une enquête jusque dans votre établissement, pour établir si vous avez tort, ou si vous êtes victime d'un abus de fonction ou d'autorité. L'IGS actuel, que je ne nommerai pas ici, est un homme simple et intègre. C'est un épris de justice: you can trust him. Quand vous êtes dans vos droits, même pas le diable ne peut détourner ce Monsieur de la droiture. Et si vous êtes en règle, il a le pouvoir de faire annuler la procédure qui vous pénalisait à tort. Il fait partie de l'infime minorité qui a encore le sens de l'objectivité et de la transparence au Minesec, une minorité visible au microscope.
Rassurez-vous juste que vous êtes "en règle", et soyons vigilants dans nos lieux de service.