Avec la campagne électorale pour l'élection présidientielle du 7 octobre au Cameroun, le CL2P comprend à travers l'extraoridinaire engouement populaire autour des principaux candidats de l'opposition (Maurice Kamto, Josuah Osih, Cabral Libii, Akéré Muna…), que l'ère post-Biya a bel et bien commencé, même si la «victoire programmée» de celui qui se veut immortel est présentée comme inéluctable par les rélais de la Françafrique, comme a déjà eu à le souligner CL2P dans nos publications précedentes.
En effet, après 36 ans au pouvoir, Biya n'était et n'est rien de plus qu'un péon de l'histoire, qui a dilapidé l'héritage légué par son prédécesseur en se condamnant lui-même à n'être plus rangé qu'à la poubelle de l'histoire du Cameroun par les futures génératiions. Cela, M. Biya est le premier à le savoir; ce qui explique son obsession d'immortalité obscène. Car lui, plus que les sycophantes autour de lui, sait qu'il n'a d'autre héritage durable que son désir de vivre pour toujours. Il n'a pas réussi à révolutionner le système néocolonial qu'il a hérité de ses patrons français et n'a rien fait d'autre qu'opérer un changement cosmétique dans les modes de domination, perpétuant de la sorte un système de gouvernance tribale sans réelle légitimité.
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N'est pas Mandela qui veut…
Dans l'optique de l'ère post-biya qui s'ouvre, le CL2P milite pour la démocratie et la justice sociale.
Cela doit commencer par combattre tous les groupes ou ethnies jouant la politique identitaire à travers l'exploitation de fausses déclarations de droits historiques ou des griefs tribaux fabriqués de toutes pièces. Le Cameroun est en effet un pays né du sang versé par des patriotes de toutes les ethnies et tribus, tels que Douala Manga Bell, Charles Atangana, Martin Paul Samba, Ruben Oum Nyobe, Ernest Ouandie, Ossende Afana et tant d'autres encore. Ils se sont tous sacrifiés pour que nous puissions avoir un pays. Leur sacrifice a été la rançon pour obtenir notre propre dignité et utiliser notre capacité à créer et à reconstruire en toute liberté. La dignité devient importante ici parce que le concept de dignité signifie une forme inviolable d'ontologie. D'où une politique de reconnaissance qui défie toute espèce de classification sociale ne mettant pas en avant la dignité et le besoin de liberté de tous les Camerounais.
En pratique, cela signifie être un agent de l'histoire plutôt qu'une victime de l'histoire. Concrétement cela nous rappelle que la démocratie n'est jamais donnée mais est le fruit de l'aspiration et des idéaux élevés qui mettent l'accent sur l'humanité commune, plutôt que sur les différences. Ainsi, garder la foi avec l'idéal que tous les êtres humains sont créés égaux équivaut à travailler pour créer des conditions dans lesquelles nous pourrions effectivement prospérer de façon égale.
Ceux qui font la promotion de la politique identitaire aux dépens de tout le reste sont les idiots utiles assouvissant la sale besogne du tyran en place, de l'élite locale, et des partisans du statu quo.
Il n'est en cela pas surprenant que la plupart des partisans des politiques identitaires viennent de la bourgeoisie africaine et des milieux privilégiés. Ils peuvent prétendre qu'ils se soucient du sort des pauvres, mais sans avoir en aucune manière à renoncer à leurs privilèges. Et ils sont particulièrement s vicieux pour protéger leurs idéologies destructrices et s'assurer des diffuseurs d'écho dans les media.
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Les mouvements progressistes du passé, tels que les communistes et les marxistes, ainsi que Martin Luther King lui-même, ont finalement compris que la politique identitaire n'était pas la voie à suivre. Car la véritable racine de toute injustice est l'inégalité de classe et de richesse. C'est pourquoi les communistes ont insisté pour que les gens de toutes les races et de toutes les ethnies s'unissent dans la poursuite de la justice pour la classe ouvrière et les pauvres.
La politique ethno-fasciste dans des endroits comme le Cameroun sert d'entourloupe pour masquer l'absence de politique égalitaire, pour occulter que le pays n'a pas de partis de gauche ou de défenseurs indiqués des travailleurs, alors même que les travailleurs sont cambriolés au quotidien par le pouvoir en place. De plus, les travailleurs doivent se taire ou perdre leurs emplois.
Par conséquent si vous voulez du pouvoir, du vrai pouvoir, vous devez traiter tout le monde tout le temps de la même façon, avec le même respect et la même considération. La responsabilité du pouvoir réel signifie que vous devez essayer de représenter tout le monde, sinon vous êtes aussi mauvais que le groupe auquel vous vous opposez et qui agit uniquement pour préserver ses intérêts. C'est précisément cet antihumanisme que nous ne pouvons plus nous permettre au Cameroun après le calvaire enduré sous l'interminable règne de Paul Biya.