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Election 2018: voici ce qui attend les camerounais ce dimanche

Smartphone Campagne Les camerounais appelés à vendre ce 7 septembre 2018

Sat, 6 Oct 2018 Source: Protais Ayangma

Après le bruyant tintamarre de la campagne, place au silence de l’isoloir et parole aux urnes.

Paradoxalement, et défiant toutes les analyses prédictives, cette campagne électorale aura été pour moi une divine surprise. Je craignais un moment insipide et ennuyeux. Mais les acteurs en ont fait, au-delà des contenus captivants, un grand moment de réflexion citoyenne sur le devenir de notre pays. Bravo et merci à tous les acteurs de cette campagne qui ont réussi à reenchanter les Camerounais et les réconcilier avec la politique jusque-là délaissée par l’immense majorité de la population, les jeunes et les femmes en particulier. Peut-être que les fruits ne porteront pas nécessairement la promesse des fleurs. Cependant, je voudrais me réjouir de cette première victoire d’étape; même si la guerre est loin d’être gagnée!

Après quelques velléités nostalgiques, invétérées et zélées, pour interdire les meetings et porter atteinte à la parole de certains candidats, la raison (ou la pression) a fini par prévaloir. On a pu assister a une campagne plus qu’honorable, aussi bien sur la forme que sur le fond, à travers le pays tout entier, à l’exception des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où aucun candidat n’a osé s’aventurer, du moins jusqu’au moment où nous bouclions cette édition. Même Akere Muna, originaire de cette zone, s’y est essayé, mais a été obligé de rebrousser chemin.

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Une campagne pittoresque, avec ses classiques et ses insolites, qui font le charme de toute campagne électorale, surtout présidentielle. Comme l’incendie du bus de campagne du (bien) nommé Espoir…Les accroches et métaphores de campagne qui resteront: le « tireur de pénalty » comme jadis le « chasseur de lion ». Ou encore la très contestée « The force of experience « .

L’implication de la communauté des artistes et leur touche spéciale. L’irrédentisme et surtout la partialité de certains médias qu’on reconnaîtra aisément. Les révélations, les déceptions, les gaffes…Les stratégies et les tactiques des uns et des autres contraintes par les moyens, colossaux pour certains, indigents pour les autres…La dictature des nouveaux maîtres nommés réseaux sociaux; les trahisons, les alliances contre nature,les retournements de veste, les petits meurtres entre amis, les faux opposants infiltr?s ou retourn?s, mais aussi les faux militants du parti au pouvoir recouverts de la tête aux pieds des attributs de leur parti mais qui financent l’opposition ou partagent avec eux des informations sensibles…Des ouvriers de la dernière heure qui relèguent aux oubliettes les thuréféraires de la première heure…

Et enfin cette foule nomade et enthousiaste, dont personne ne sait si elle est détentrice du précieux sésame : la carte d’électeur, mais dont la seule présence suffit à projeter les candidats à Etoudi. Bref, tous les attributs et faits de campagne dont pourrait s’inspirer tout brillant scénariste pour en faire un thriller.

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Il reste maintenant à parachever ce succès par un scrutin sans tâche. La vigilance sera donc de mise. Gardons nous tous de tout procès d’intention. Personne ne doit souffler sur les braises. Ni même instrumentaliser une jeunesse en attente d’un élément déclencheur…Laissons les urnes parler et acceptons tous le verdict, quel qu’il soit. Alors, nous aurons clôturé en apothéose cette campagne, qui a tant animé nos différents foyers. Toute attitude contraire serait porteuse d’incertitudes.

Elecam porte, à cet égard, une responsabilité historique. De même que toutes les autres instances décisionnelles intervenantes dans le processus électoral. Nos leaders de partis devront aussi faire preuve de responsabilité en tenant leurs troupes. Mais, quel que soit le vainqueur, plus rien ne sera comme avant!

La libération de la parole, une jeunesse plus que jamais consciente de son pouvoir, cela laisse augurer d’une recomposition de notre paysage politique, d’une refondation des méthodes, des usages et habitudes politiques et, par dessus tout, de l’émergence de nouveaux leaders, jeunes et ambitieux. Ailleurs, on dirait d’un nouveau monde politique! Les législatives et municipales de l’année prochaine, arriveraient donc comme un deuxième tour de cette présidentielle, pour corriger ou rectifier les résultats issus des urnes le 7 octobre !

Auteur: Protais Ayangma