Election à la FECAFOOT: 'je ne soutiendrai pas Samuel Eto’o Fils'

'Non au syndrome populiste et insurrectionnel'

Mon, 22 Nov 2021 Source: Shanda Tonme

Le Prof Shanda Tonme s'invite dans le débat sur le processus électoral pour le choix du nouveau président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT). Dans une déclaration rendue public le week-end dernier, l'homme politique affirme ne pas soutenir l'ex capitaine des Lions Indomptables Samuel Eto'o. Il justifie sa position par ce qu'il qualifie de "syndrome populiste et insurrectionnel".

La rédaction de CamerounWeb vous propose, ci-dessous, l'intégralité de la déclaration

Non au syndrome populiste et insurrectionnel. Non au pouvoir ostentatoire de l’argent 22 Novembre 2021

Je n’avais pas soutenu NDEDI EYANGO, Je ne soutiendrai pas Samuel Eto’o Fils

Quand dans un contexte national dorénavant soumis à tous les vents, exposés à toutes les aventures, sous-traités volontairement ou involontairement aux pires tentations des prononciations futiles et des égoïsmes fractionnistes, quelques citoyens se présentent ouvertement comme des cowboys capables de marcher au besoin sur des cadavres pour refaire les lois, détruire les bornes et imposer par eux-mêmes, pour eux-mêmes et selon eux-mêmes, un ordre, une norme et des repères personnalisés, donc un Etat dans l’Etat, alors tous les justes, tous les leaders d’opinion habitués à entraîner la société et à influencer le cours de l’histoire, doivent se lever, car se taire devient une faute.

Ce qui se joue ici et maintenant à la FECAFOOT, déborde, déprime les codes acquis, requis et prérequis, et nous met dans une certaine urgence de parler, de réagir, de prendre clairement position. Je n’y dérogerai point.

Les enjeux interpellent notre conscience, sur la latitude pour un citoyen, fusse-t-il couvert de gloires, et fusse-t-il d’une qualification et d’une richesse extraordinaire, à marcher sur tout le monde, au rythme des sons du porte-monnaie, et avec la menace de la rue comme ressources et comme armes de destructions massives. Non, nous n’allons pas céder à cela, parce que l’Etat, la nation, la République, tremblera et vacillera sur ses fondements, et parce que la morale de la fin, risque d’être un laissez-passer pour l’érection des chapelles et des mini-Etats autour du pouvoir de l’argent et du chantage populiste. Ce serait le règne des gangs et de la mafia.

La FECAFOOT n’est certes pas, n’a jamais été et ne sera jamais un temple exemplaire pour la morale publique et la gouvernance exemplaire. Nous ne le savons que trop, tout le monde le sait, ses dirigeants successifs, actuels et prétendants le savent aussi et mieux encore, MAIS !

Nous faisons face à une vibrante interpellation, laquelle ramène sur la table de façon incontournable, la question de la pluri-nationalité. Hier, j’ai contemplé avec peine et remords infinis, le sort réservé à Ndedi Eyango, un des musiciens et artistes de mon cœur, et j’avais alors produit un des plus retentissants et éclairant avis juridique interne et international, pour réfuter sa candidature. Aujourd’hui, je ne peux pas, je ne saurais militer autrement, face au sort et plus que cela, aux ambitions d’un autre artiste devenu une icône nationale, le GRAND SAMUEL.

Non, Samuel ne nous fera pas chanter. Non, ce que j’ai refusé à Ndedi Eyango, je ne l’admettrai point pour Eto’o Fils. C’est une éloquente question de principe. Pire, l’art et la manière comptent, interviennent, contribuent à former une conviction et à formuler ou reformuler d’éventuelles dérogations de pure circonstance. Le faire ici, y recourir, c’est concéder aux porteurs de couteaux, le droit de trancher le cou de la société, de la nation, de l’Etat et de la République. C’est pourquoi jamais ceux qui se présentent comme des soldats d’une république éphémère dont la spécialité c’est de défier les institutions et d’assassiner les écoliers dans leurs salles de classe, ne triompheront jamais des esprits humbles et légalistes.

Samuel Eto’o Fils n’est certainement pas Ndedi Eyango, mais tous les deux sont des Camerounais de sang et de sol « jus soli, jus sanguni ». Personne ne saurait transiger en faveur de l’un, sans susciter un immense sentiment d’injustice et de discrimination. Il est sans aucun doute grand temps, avec une urgence évidente, de changer notre loi sur la nationalité qui pénalise tant des millions de nos compatriotes, contrarie de nombreux projets d’investissements, brisent des rêves nobles et frustrent d’innocents gamins et gamines./.

Auteur: Shanda Tonme