Attendu depuis belle lurette, l’avènement du conseil constitutionnel est venu entériner l’imminence de parachèvement des institutions constitutionnelles. A peine rendu public et déjà décrié, il a toutes les chances de rejoindre la triste liste des institutions catalogué comme « caisse de résonnance ».
Le Cameroun va au devant d’un toilettage en profondeur de son arsenal institutionnel. A la veille de la Présidentielle de 2018, le « plus vieux chef de l’État d’Afrique » positionne ses pions sur l’échiquier. Annoncée par la loi constitutionnelle de 1996, la mise en place du conseil constitutionnel était retardée sous des fallacieux prétextes que la constitution autorise que cette mise en œuvre se fasse progressivement. Objet de frustration qui empoisonne la vie politique camerounaise depuis des décennies, le président Paul Biya vient de sortir de l’ornière en publiant un décret qui consacre la venue de la juridiction des constitutionnalités des lois.
A la lecture de la composition de la nouvelle équipe fraichement nommé par décret présidentiel du 7 février, un constat se dégage : celui de la prépondérance des magistrats. C’est à Clément Atangana anciennement président de la chambre administrative de la cour suprême que revient la lourde tâche de mettre sur fonds baptismaux la nouvelle institution composé de 11 hommes dont une seule femme. L’homme n’inspire pas confiance. Membre du conseil supérieur de la magistrature dirigé par le chef de l’État, il serait plus un homme sous influence qu’un homme d’influence capable de donner toutes ses chances à la nouvelle instance. D’où l’avalanche de réaction négative venant de l’opposition.
Comme il fallait s’y attendre l’opposition est monté au créneau pour dénoncer la part belle fait aux barons du parti au pouvoir en son sein. Comme en témoigne l’avalanche de réaction des opposants« ce n’est qu’un écran de fumée destiné à masquer les problèmes de fonds» décrit le chairman Ni John Fru Ndi. L’article 46 qui consacre son existence l’énonce en ces termes « Le conseil constitutionnel est l’organe régulateur des fonctionnements des intentionnelles ». Au vue des nominations effectuées par Paul Biya, le « faux départ » semble consommé. « C’est une source d’une sentence de mauvais goût », fustige Nkou Mvondo président du parti Univers. Et pourtant c’est une institution qui a pour vocation de parfaire l’État de droit.
Contrairement à une certaine idée très répandu, l’Afrique ne pâtit pas que de débâcle institutionnelle. La décision courageuse et historique de la cour suprême Kenyane qui contre tout attente avait annulé la présidentielle d’août dernier est cité en exemple. 2018 est l’année de tous les dangers, l’avenir est plein d’incertitude, les menaces de dislocation du pays et de dérapage en crise ou guerre civile sont réelles. Le régime de Biya est plus que jamais vulnérable. Les premiers pas, les premières décisions du nouveau né seront scruté par les camerounais. La décision qui est entré dans les annales d’histoire de la cour suprême du Kenya aura-t-elle un effet contagion ? Just wait and see.