Le volet bilatéral du séjour du Chef de l’Etat en Chine s’est tenu le 31 août 2018 et s’est achevé par un dîner offert en son honneur, au nom du Président Xi Jinping, par le Président du Comité National de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (Sénat), M. Wang Yang, à la résidence d’Etat de Diaoyutai. Paul Biya et son homologue chinois ont discuté de la coopération entre les deux pays.
Lors de cette rencontre, les deux Chefs d’Etat étaient entourés pour la circonstance des membres de leurs délégations respectives pour des entretiens qui se sont déroulés en deux temps : une première partie ouverte à la presse, marquée par les déclarations liminaires des deux dirigeants, et une seconde partie à huis clos.
Le président Paul Biya a supplié pour l’annulation partielle ou totale de sa dette envers la Chine, une attitude qui selon Christian Penda Ekoka vise ” à ruiner d’avantage la confiance que la Chine pouvait avoir pour le Cameroun.”
“Quel est ce président qui passe le temps à endetter son pays pour après aller supplier ses partenaires d’annuler les dettes ?” se demande un internaute spécialiste des questions économiques.
Les pays contractent les crédits qu’ils investissent et remboursent par la suite, et les créanciers prêtent sur la base de la confiance, et capacité à rembourser.
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Les Chinois n’ont apporté aucune suite favorable et se sont contentés d’un don de 20 millions de yuans (environ 1,7 milliard de FCFA) pour le plan d’assistance humanitaire d’urgence pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. “L’on sait comment les chinois vont décaisser ce don” précise Hol, analyste politique.
La gestion catastrophique de tous ces crédits et emprunts avaient poussé le gouvernement camerounais à sortir un décret, un des plus absurdes stipulant que le Cameroun ne devait plus financer les projets immatures. À croire que ce mode de financement était légal, dans un pays ou l’enrichissement illicite des fonctionnaires est célébré.
Toute la délégation du président Biya en Chine est rentrée avec deux accords de coopérations signés entre les deux pays. Parmi ces accords, un mémorandum d’entente sur l’initiative chinoise de la «Ceinture et la Route» ; et un accord de coopération technique et d’assistance avec l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, l’hôpital régional de Buea et l’hôpital de Mbalmayo.
Paul Biya a ensuite plaidé pour un soutien à court terme de la Chine dans la construction des projets d’autoroutes Yaoundé-Douala (2ème phase), Yaoundé-Nsimalen et Edéa-Kribi.
LA ROUTE EDEA-KRIBI
Paul Biya emprunte 250 milliards de FCFA chez les Chinois pour construire une route qui part du port de Kribi à la forêt de Lolabe, Lolabe doit accueillir dans un délai d’au moins 5 ans le terminal minéralier du port. Selon le conseiller du président Biya Penda Ekoka, il revenait au concessionnaire minier de construire cette route et non au gouvernement camerounais, les Chinois demandent à être remboursés, alors que la route n’est pas encore finie, éternels problèmes d’indemnisations etc…Pendant ce temps en Chine, Paul Biya part demander l’annulation de cette dette et parle d’un autre projet routier qui aurait pu tout simplement être synchronisé avec la construction du port.
“C’est lorsque la construction du port est terminée que l’on se rend compte qu’il y a pas de route d’évacuation des marchandises”, explique Penda Ekoka. Une étude rendue publique par le gouvernement camerounais révèle qu’il faut pour les 100 km de routes, 500 milliards de FCFA . La construction de cette autoroute est vitale pour le port de Kribi selon le Directeur Général Patrice Melom qui rappelait dans une interview accordée à Cameroon Tribune le 5 Mars 2018 que l’état de la route Kribi-Edéa était un des principaux obstacle à la productivité du port. “L’état de la route Kribi-Edéa pose en effet des problèmes pour faciliter l’évacuation des marchandises du port”, soutient le DG.
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AUTOROUTE DOUALA-YAOUNDE
Le Cameroun a emprunté de l’argent aux Chinois pour la construction de l’autoroute Yaounde-Douala. Depuis le démarrage des travaux il y a 4 ans, le taux d’exécution est moins de 70 % pour les 80 premiers kilomètres, selon l’ancien tracé qui, sans l’avis des Chinois, avait été modifié par la partie camerounaise.
4 ans après le démarrage des travaux, c’est la visite du président Biya en Chine qui renseigne donc l’opinion sur le fait qu’il n’y a pas d’argent disponible pour la deuxième phase.
Le gouvernement camerounais avait annoncé le financement par BOT , une entreprise chinoise en 2017 qui avait finalement désisté à cause de la gouvernance.
AUTOROUTE YAOUNDE-NSIMALEN
11 Km de route, pour la section dite rase campagne, le projet qui initialement devait couter 37 milliards est aujourd’hui à plus de 70 milliards de FCFA de dépenses, et les 11 km ne sont pas encore finis. Le président Biya emprunte cette voie tous les jours depuis la pose de la première pierre en 2014. Pour la section urbaine, l’on parle de la route la plus chère au monde, 189, 861 milliards, dont 185 milliards correspondant aux travaux et 4,7 milliards aux études.
Notons qu’entre 2007 et 2017, la Chine est devenue le premier créancier camerounais, l’empire du milieu a injecté 3000 milliards de FCFA, soit l’équivalent d’à peu près 6 milliards de dollars par an dans l’économie du pays.