Au-delà des barrages hydroélectriques en cours de livraison, c’est d’un investissement massif dont le pays a besoin pour sortir de la spirale du déficit énergétique.
Les récents investissements réalisés par le Cameroun dans le très névralgique secteur de l’énergie permettront- ils au pays de sortir de l’ornière ? A priori non et voici pourquoi. Le Cameroun a aujourd’hui une capacité installée de 1237 MW dont 940 pour l’opérateur historique Eneo Cameroon et 302 MW pour les producteurs indépendants (KPDC et DPDC).
La croissance de la demande du secteur électrique au Cameroun pour les 10 prochaines années devrait être de l'ordre de 7,5% par an. Au total, le système a besoin d'environ 100 à 130 MW / an pour atteindre un fonctionnement optimal. Pour faire face à ses besoins en énergie, la capacité installée du pays doit croitre progressivement et atteindre 3000 MW à l’horizon 2025.
Et pour réaliser l’exploit d’inverser durablement ce cercle vicieux de la qualité du service de manière à réduire en 10 ans de 85 % les coupures d’énergie comme annoncé, le secteur électrique a besoin d’importants investissement de l’ordre 2500 milliards en production, transport et distribution.
En quoi consiste donc « l’effort » récemment effectué par le gouvernement ? Pour la gestion de l’étiage 2017, l’équation à résoudre est de trouver les 100 à 120 MWde capacité supplémentaire induite par la croissance naturelle de la demande, et dont le Réseau Interconnecté Sud (RIS) a besoin pour s’équilibrer et éviter les délestages. En effet, deux projets gouvernementaux (Mekin et Memvele) sont en phase terminale mais ne pourront pas aider à combler le déficit en 2017. Memvele (+200 MW) n’étant annoncé qu’en juin 2017 à la fin de la saison sèche.
En attendant Nachtigal
Selon Eneo, en supposant que la ligne d’évacuation sera aussi construite et que le contrat d’achat d’énergie est signé avec la compagnie, Memvele ne comblera pas entièrement la demande qui aura à nouveau fait un bond de 100 à 120 MW. Eneo n’envisage de mettre en place une centrale à gaz que pour la gestion de l’étiage 2018. On note dès lors qu’à partir de 2017, l’équilibre entre l’offre et la demande devient hypothétique. Au fond, l’hypothèse la plus crédible qui pourrait conduire à inverser la tendance reste la mise en service en 2020 de la Centrale de Nachtigal (+ 420 MW) .
Il faudrait pour cela que les travaux de construction de cet ouvrage commencent en 2016 comme promis par le promoteur EDF. La Banque mondiale va s’investir dans ce projet qu’elle appelle de tous ses voeux et l’a encore réitéré récemment à l’occasion du lancement de son année fiscale. En 2021, l’extension de la Centrale de Kribi devrait elle aussi apporter une capacité supplémentaire de 116 MW pour consolider la nouvelle donne.
Les meilleures évaluations tablent sur un besoin en investissement de 2500 milliards sur 10 ans pour porter la capacité installée du pays à 3000 MW et le mettre à l’abri des déséquilibres. Des investissements à réaliser par des producteurs indépendants qui vendront l’énergie à Eneo, le distributeur.