Enfin, les Camerounais se sont-ils décidés à en finir avec le régime de Yaoundé? C’est une hypothèse plausible. Mais seulement, qui peut être à la manœuvre ? D’où peut venir un coup d’Etat contre le régime de Yaoundé ? Questions à 1 franc. Un compatriote fait l’analyse socio-politiste de la situation.
Les Nordistes
Ils sont les premiers à tenter l’expérience, la seule et dernière dans l’histoire du Cameroun, dont l’issue n’est pas de nature à encourager d’autres intrépides. Ils y ont beaucoup appris et ont retenu la leçon. Les nordistes sont capables d’une fatale résilience dans leur engagement, mais ils sont réfléchis, patients et cartésiens. Un coup d’Etat ne viendra pas du septentrion. Notons au passage que l’Extrême-Nord est le fief de Paul Biya. Les Nordistes peuvent s’entendre sur certaines causes communes, aucunement sur un coup d’état ou autres machinations susceptibles de déstabiliser le pays.
Ceux de l’Extrême-Nord sont opportunistes et sont acquis à Paul Biya, ceux du Nord, sont des fins politiciens, avisés et clairvoyants. Quant à ceux de l’Adamaoua, ces scientifiques !, ils réfléchissent longuement et murement avant d’agir, et il est fort à parier qu’ils ne cautionneront pas dans leur grande majorité un coup d’état, dusse-il être l’œuvre d’un des leurs. Ceux qui sont dans les geôles, ceux du septentrion bien sûr, d’instinct exulteront, mais très vite pourraient revenir à la raisons, et je doute fort qu’ils communient, peut-être le temps d’être libérés. Ils offriront même leur service pour apaiser la situation.
Les Bétis
Compulsifs, d’une complicité aussi spontanée que succincte, ils ne prospèrent pas dans les entreprises longues et laborieuses. Querelleurs, ils s’entendront les premières heures, les heures suivantes, chacun se rendre subitement compte de la gaucherie et se désolidarisera. Et enfin de compte, ils vont très vite abandonner leur coup de force, les plus téméraires chercherons à fuir le pays pour ne pas se perdre la face, soit disant. Et ce sera la débandade. Le fait que ce soit un béti pouvoir ou que ce soit les bétis qui contrôle l’armée ne change en rien leur façon d’être. Ils pourront tenter d’autres machinations, certainement pas un coup d’état. Ils n’en ont pas l’âme et sont particulièrement flexibles, très ouverts. En somme, ce sont les derniers à être mentalement capable de tenir un coup d'État.
Les Bamilékés
Opportunistes, affairistes et d’une calculatrice, on les voit mal en train de risquer leur boutique le Cameroun. Si par extraordinaire, il se produisait un coup d’état au Cameroun, Ils agiront comme les Chinois : il est donc fort probable qu’ils opteront pour la neutralité afin de se donner la chance d’être en bon terme avec les gagnants, histoire de continuer tranquillement leurs affaires, ce qu’ils savent le mieux faire, si heureusement pour le Cameroun.
Les Anglophones ?
Quoiqu’irascibles, les Anglophones sont assez raisonnables pour savoir qu’un coup d’état est une entreprise vouée à l’échec. Ils sont numériquement inferieurs, et en ce temps où les coups d’état n’ont plus cours, ils ne savent qu’ils ne pourront compter ni sur le Anglais ni sur les Américains. La Commuté internationale ne peut les soutenir que dans leurs revendications actuelles corporatistes et humanistes, et hypothétiquement dans leur ambition sécessionniste.
La Diaspora ?
Ils n’auront ni soutien local ni extérieur notables, virtuels et verbosités idéologiques certainement. Je doute fort que les membres de la diaspora les plus entreprenants et audacieux s’engagent dans cette voie vouée à l’échec, un coup d’état. Ils ne peuvent se contenter que de leurs manifestations contre Biya et autres machinations contre le régime. Et je ne vois pas un pays occidental appuyer un coup d’état au Cameroun.
Les Occidentaux ?
Biya jouit d’une belle aura internationale et dans le monde diplomatique : c’est une de ses éclatantes réussites, en témoin les lauriers qu’ils accumulent, sans oublier celles de son bonne épouse ! Qui plus est, il n’en a pas pour longtemps, biologiquement parlant : les grandes puissances attendront et s’opposeront aux velléités d’un coup d’état ou autre risque de déstabiliser le Cameroun. Bien sûr, certains fantasment sur la déstabilisation venue de l’extérieur, et qui donc peut les en empêcher ?, en tout cas pas moi. En outre, le contexte mondial et l’évolution idéologique des grandes puissances ne sont plus favorables à ce genre d’alternance.
On peut songer à une situation à la "Burkinabé". Je doute fort qu’il puisse prospérer. Les Camerounais n’ont pas un Sankara pour qui tous leurs cœurs battent à l’unisson, et les esprits sahéliens s’accordent facilement entre eux. Hors au Cameroun, ce sont les Bantou et les Sahéliens, qui se sont assimilés et crées leurs façons d’être. L’option "burkinabé" est la moins incendiaire, si le changement pourrait arriver, c’est celle que je préfère. Mais avec un président qui ne fuit pas et résidant au Cameroun de son propre gré. Nous Ne pouvons pas nous permettre à nouveau le traumatisme d’un président exilé, mort et inhumé hors de nos frontières. Biya devrait profiter d’une retraite paisible au Cameroun.
Et l’Armée alors ?
Quoique dominée et dirigée par les bétis, le Cameroun peut se vanter d’avoir une armée professionnelle et disciplinée. Aussi, je n’imagine pas un général béti ou non béti lever une armée contre le régime actuel et les institutions de la république ou défendre de régime au détriment du Peuple.
Et les Douala ?
Ces Sympathiques Douala. Au fait combien sont-ils déjà ? Ce sont des fins diplomates, eux qui ont su signés les traités avec les Allemands. Je ne les vois pas en train de se lancer dans une incertaine opération de ce genre-là, tel qu’un coup d’état. Du reste, il est à parier que les mouvements d’humeur de la Capitale économique ne sont pas l’œuvre des autochtones, des natifs, les Douala, les Yabassi etc. Douala est le Cameroun en miniature où toutes les sensibilités géoculturelles, politiques et économiques s’y retrouvent. Les manifestations d’humeur, je présume, ne sont pas le fait des Douala.
Les Camerounais dans leur grande majorité sont las de ce gouvernement. Un gouvernement malheureusement qui semble ignorer l’exaspération du Peuple et suffisant à outrance. S’il ne se corrige pas, tout peut basculer, et les oppresseurs dévieront les opprimés. Si nous voyons plus clair, il est à constater que le président Biya ne s’oppose pas tant que à l’évolution normale des choses. Il essaie juste d’empêcher que cela ne dégénère en conflit sanguinaire et destructeur.
On a beau se plaindre de notre administration et du président Paul Biya et son régime budgétivore, inerte et prédatrice etc., mais nos institutions sont fortes plus que tout homme, dusse-il être un Biya. Les Camerounais, à travers les quatre points cardinaux, de tous les horizons et origines géoculturelles, sont inconsciemment dotés d’un sournois chauvinisme pacifique, ignorant royalement leurs clivages et surmontant leurs différends généralement à cout de gueules. Le mieux que l’on puisse espérer est de débouter, pacifiquement Biya et son régime sans pour autant déstabiliser totalement le pays. Des élections ou une démission de celui-ci.
Le Cameroun est plus fort que Biya, il survivre à Paul Biya, comme il a survécu à d’autres.
Tel est son désir le plus profond. Laisser un Cameroun pacifique et en voie de développement socioéconomique à la postérité. On ne peut diriger la Cité humaine et plaire à tout le monde à la fois. On a privé à Biya son humanité, et son état d’homme le rattrape inéluctablement et naturellement. Il serait heureux que nous préparions son indisponibilité, au lieu de lui faire des louanges insensées.
On peut modifier la constitution d’un pays, mais jamais la constitution biologique.
Dans leur ensemble, les Camerounais, sont unis et pacifique jusqu’à dans leur subconscience même, et savent, confusément mais tangiblement, où ils vont. Ils sont conscients de leur destinée commune et sauront toujours résoudre leurs différends sans tourments majeurs ni tragédie humaines, et j’imagine que c’est pourquoi Dieu a voulu que je naisse dans ce beau pays. Un exemple : imaginons que les Tchadiens aient en tête l’idée d’envahir le Cameroun, et bien je suis certain que les Anglophones à eux seuls leur opposeront une farouche résistance ! Justement le cas de la zone anglophone devrait faire réfléchir les dirigeants, car il pourrait avoir un effet de contagion, s’ils ne prennent garde.
Biya ou quiconque se croyant indispensable s’en ira, mais le Cameroun restera
Toi, oui toi, qui te croit indispensable, essaie à la rigueur de mourir, tu verras si le Cameroun cessera d’exister ou plongera dans le chaos. Il y en a tant qui se croit ainsi, je leur lance ce défi.
En conclusion, l’hypothèse d’un coup d’Etat au Cameroun, faut pas y rêver. Non pas que nous manquons des hommes assez courageux et capables d’entreprendre une telle absurdité passée de mode, mais juste que ça ne répond pas aux normes camerounaises, à l’esprit camerounais, aux aspirations des Camerounais.