«L’homme politique s’exprime d’abord par ses actes ; c’est d’eux dont il est comptable ; discours et écrits ne sont que des pièces d’appui au service de son œuvre d’action». Ces propos de l’ancien chef d’État français François Mitterrand, semblent d’une implacable actualité à la lecture du premier discours de campagne du candidat du Rdpc à la présidentielle de 2018. De fait, l’adresse de Paul Biya à Maroua samedi dernier ne contenait aucune promesse véritable à l’endroit des populations de l’Extrême-Nord venues l’écouter.
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Certes, le président sortant, candidat à un septième mandat, n’a il est vrai, reçu aucune doléance de la part du délégué du gouvernement, Bakary Robert, qui a porté la voix des populations du chef-lieu de cette région. Mais de l’avis des érudits du marigot politique national, «ce renoncement» est symptomatique du fait que «le candidat du Rdpc ne pouvait se risquer à y défendre un bilan et donc s’engager à travers des promesses comme par le passé», explique un analyste politique. Concrètement, en dix minutes de discours, Paul Biya s’est contenté d’énoncer que «dans le domaine de l’énergie, les anciens barrages hydroélectriques seront remis à niveau. D’autres entreront en service. Des installations solaires, plus faciles à mettre en œuvre, viendront les compléter. Vous disposerez ainsi de l’énergie indispensable à l’électrification des zones rurales et au fonctionnement de vos industries».
Le candidat du Rdpc a en outre indiqué que «tout laisse penser que votre sous-sol est riche en minerais et en pétrole. Il conviendra de donner un nouvel élan à la prospection et, par la suite, à l’exploitation. Certaines de vos terres sont fertiles et se prêtent à des cultures industrielles à grande échelle. C’est le cas, suivant les zones, du riz et du coton dont il faudra étendre les emblavures. Nous ferons ainsi reculer les pénuries alimentaires et donnerons à notre industrie textile la taille qui devrait être la sienne, avec les retombées prévisibles pour l’emploi», a-t-il lancé.
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Pour certains, ces propos de Paul Biya qui sont à dessein imbibés de prudence ne sont pas sans intérêt pour qui veut décrypter le pacte social entre le champion du Rdpc et la région de l’Extrême-Nord au cas où ce dernier remporterait le scrutin du 07 octobre prochain. «la tonalité et le contenu de ce discours suggèrent que dans le partenariat politique entre cette région qui est quand même l’un des plus gros bassins électoral du Cameroun, et le champion du Rdpc, le contrat ne stipule rien de précis. L’une ou l’autre partie peut mettre les clauses qu’elle veut ». Une analyse qui sous un certain angle rappelle que malgré cette absence de promesses, Paul Biya devrait bien conserver l’avantage électoral stratégique que lui offre cette région qui pèse plus d’un million d’électeurs et qui lui a toujours été décisive pour creuser l’écart avec ses challengers. «L’Extrême-Nord l’a toujours accompagné, lui est d’une grande fidélité et le conduira à la victoire. Nous ne marchandons pas notre soutien au Président», souligne Joseph Toura, responsable du Rdpc dans le Diamaré.