Si jusqu’ici le président de la République a encouragé la jeunesse à mettre à profit les Technologies de l’information et de la communication (Tic), notamment via l’économie numérique comme lors de son discours de février 2017, et se prêtait au jeu en utilisant des expressions courantes sur ces plateformes, son adresse du 10 février dernier a plutôt fait place à l’interpellation.
«Chaque fois qu’en un clic, vous empruntez ces autoroutes de la communication qui vous donnent une visibilité planétaire, il vous faut vous souvenir que vous n’êtes pas pour autant dispensés des obligations civiques et morales, telles que le respect de l’autre et des institutions de votre pays», a averti Paul Biya.
Le chef de l’Etat a ensuite conseillé : «soyez des internautes patriotes qui oeuvrent au développement et au rayonnement du Cameroun, non des followers passifs ou des relais naïfs des pourfendeurs de la République ». Un avertissement paternaliste qui se situe néanmoins dans la lignée des mises en garde des membres de son gouvernement ces derniers mois.
C’est le cas du ministre de la Justice (Minjustice), garde des sceaux, Laurent Esso. Le 20 octobre 2017 dans une lettre-circulaire adressée aux procureurs généraux près les cours d’appel des différentes régions du pays, le Minjustice instruisait une « lutte contre l’impunité des actes criminels commis au travers des réseaux sociaux au Cameroun ».
Il promettait d’ailleurs d’engager des poursuites judiciaires contre ces propagateurs de fausses-nouvelles. Avant lui, c’était le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng. Cette dernière s’était engagée à faire la police sur les réseaux sociaux. Il n’y a pas que dans le gouvernement que ces espaces font perdre le sommeil.
A l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril, le président de l’institution, n’a pas fait l’économie des mots pour dénoncer « un phénomène social désormais aussi dangereux qu’un missile lancé dans la nature ». « Le très honorable » a d’ailleurs conseillé aux autorités compétentes : « il est temps d’organiser la traque, de débusquer et de mettre hors d’état de nuire ces félons du cyberespace ».
Pour Valentin Mbozo’o, enseignant de cyber marketing à l’Essec de Douala, le président de la République « a voulu rappeler aux jeunes l'esprit citoyen et le respect de l'autre, devant les habiter lors de toute communication sur le cyberespace qu'est l'Internet qui pour les plus naïfs, donne à penser à une liberté de parole sans limite… à un usage responsable des réseaux sociaux ; canaux les plus usités du cyberespace de nos jours, pour ne pas participer à les alimenter en informations de nature à porter gravement atteinte aux intérêts de leur propre patrie ».