Etoudi : Quand Paul Biya lobe les maires

Wed, 30 Sep 2015 Source: La Nouvelle Expression

Emile Andze Andze avait bien préparé son coup. C’était l’une des rares occasions et très rêvée pour démontrer au président de la République du Cameroun, et surtout président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) son parti, qu’il tient fermement les commandes de l’Association des Communes et villes unies du Cameroun.

Et qu’à tout moment, il peut mobiliser des centaines de membres pour la gloire du chef suprême. Prenant pour prétexte de ce que le président de la République a fixé les salaires et accordé d’autres avantages substantiels aux maires, il les a conviés massivement à une grande réunion au palais des congrès de Yaoundé le 22 septembre 2015. Une rencontre qui n’était que le point de départ d’une marche, avec son apogée devant les portes du palais de l’unité.

Les maires du Rdpc

Ils sont d’ailleurs largement majoritaires dans les exécutifs municipaux à travers le pays ont battu le rappel des troupes. Même comme nombre d’entre eux sont venus en boudant, certains rêvaient de voir Paul Biya de près, pour la première fois. Mais ici, il y a l’œil du parti. Et très peu de maire du Rdpc oserai lever la tête ou tenter de raisonner comme celui de Yabassi.

Ils sont tous arrivés. Toute la journée, ils ont rongé leur frein. Sans très bien savoir ce qu’ils faisaient là. Le projet de la marche était devenu un véritable serpent de mer. C’est tard le soir que René Emmanuel Sadi est venu les libérer. Au nom du président? En tout cas, la marche tant souhaitée par les organisateurs, et très attendue par certains maires opportunistes, n’a plus eu lieu.

Parce que Paul Biya ne l’a du tout pas trouvé opportune. Plusieurs raisons sont évoquées dans le cercle présidentiel et dans le sérail en général. La polémique qui entoure la marche et le paiement des primes des anciens de la Minusca en Centrafrique est encore d’actualité. Il serait indécent que des maires arborent les couleurs nationales pour aller remercier Paul Biya d’avoir fixé les salaires qui ne comptent que pour quelques cinq personnes dans une commune.

Alors qu’ils sont incapables, par exemple, d’adresser une simple correspondance au premier ministre afin qu’il clarifie le sens du décret qu’il récemment signé et qui rétrocède la gestion des marchés aux communes. Une telle démarche irait pourtant en droite ligne de leurs responsabilités d’élus du peuple. Ces maires qui ne sont sensibles que lorsque leurs intérêts sont en jeu, n’ont donc pas eu la chance d‘être reçus par Paul Barthélémy Biya Bi Mvondo.

Il semble que le folklore commence aussi à le fatiguer. Et une marche des maires vers son d’Etoudi pourrait provoquer une série qui va même voir les «benskinneurs» aller dire merci au chef de l’Etat pour avoir laissé que le libertinage soit érigé en règle sacrée chez eux. Andze Andze et ses maires sont finalement rentrés du palais des congrès, la queue entre les jambes. Mais beaucoup de camarades avaient le sourire en coin.

Auteur: La Nouvelle Expression