Etoudi : des fonctionnaires de la présidence redoutent des manœuvres de renversement de Paul Biya

Des manœuvres seraient déjà en cours

Mon, 7 Mar 2022 Source: Boris Bertolt

C'est ce qu'a annoncé Boris Bertolt dans le scoop de la matinale ce lundi 7 mars 2022.

Selon le journaliste politologue, une tentative de renversement du régime de Paul Biya serait en cours et très redoutée par les fonctionnaires de la présidence de la république.

Voici l'intégralité de son analyse.



DES FONCTIONNAIRES DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REDOUTENT DES MANŒUVRES DE RENVERSEMENT DU REGIME DE PAUL BIYA

Plus qu’un mois seulement et le Cameroun sera en rupture de farine. Conséquence, augmentation du prix du pain, des beignets et tous les autres aliments de première nécessité. 12 moulins au Cameroun seront à l’arrêt. Ce qui entrainera sur le plan social 5000 personnes en chômage technique programmé. Au cœur de cette situation, une cacophonie gouvernementale le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana et le secrétaire général de la présidence de la République, ministre du ciel, de la mer et des terres, Ferdinand Ngoh Nhoh.

Pour comprendre les racines de cette situation qui fait peser des risques de crise sociale au Cameroun, il faut rentrer à l’année dernière. En effet, les meuniers camerounais, importateurs de blé alertent le gouvernement de la République sur l’augmentation croissante du prix du blé sur le marché international. Invité au GICAM en octobre 2021, le ministre du commerce est mis au parfum de la situation. Tenez par exemple : entre le 1er trimestre 2021 et la fin d’année, les surcoûts de fabrication d’un sac de farine de 50Kg ont connu une augmentation de 2000Fcfa, passant 4500 à 6500.

Alors que les opérateurs économiques attendent des mesures importantes permettant de juguler l’augmentation du prix de la tonne de blé servant à la fabrication de la farine, afin de réduire les pertes, c’est la cacophonie gouvernementale qui s’installe. Le ministre du commerce, qui ne s’entend pas avec le premier ministre, Dion Ngute, décide ne pas le consulter. Il s’adresse directement au SGPR, ministre du ciel, de la mer et des terres. La primature est choquée de se voir exclue d’un problème aussi grave. Ferdinand Ngoh Ngoh, sans se référer à Dion Ngute, prend des mesures de réduction de 270 Fcfa sur le sac de farine alors que les pertes des meuniers s’élèvent à près de 6000 Fcfa.

Luc Magloire Mbarga Atangana ne s’arrête pas là. Il interdit aux opérateurs économiques d’augmenter les prix de la farine. Or, à titre d’exemple, chez le voisin au Congo Brazzaville, le sac de farine bien avant la crise ukrainienne est passé à 23 000 Fcfa alors qu’il est resté à 19 000 Fcfa au Cameroun. Aujourd’hui le Congo continue d’importer du blé. Ce qui n’est pas le cas au Cameroun.

LETTRE DE CREDIT

Car, le ministre du Commerce a en réalité un plan secret. Il veut imposer aux opérateurs économique la fourniture du blé par l’entreprise turque Dharma. Et ce depuis la fin de l’année 2021. Ce mystérieux trader fait savoir à cette période qu’il dispose de deux variantes de blé : la variante N°1 à 410 dollars la tonne pour une quantité globale de 100 mille tonnes et la variante N°2 à 285 dollars la tonne pour un volume de 600 mille tonnes. Ni Dion Ngute et encore moins Louis Paul Motaze ne sont associés à cette opération. Cerise sur le gâteau, l’offre d’achat de ce blé, est conditionné à l’ouverture d’une « Stan By Letter of credit » ( lettre de crédit) du montant de 172,4 milliards de FCFA auprès d’une banque locale.

Les importateurs camerounais de blé ne sont pas d’accord. Et ils le font savoir au ministre du commerce dans une correspondance datée du 31 décembre 2022. Non seulement ils n’ont pas cet argent mais il s’agit d’une procédure longue. Mais la mystérieuse société DHARMA insiste sur la lettre de crédit. Le 3 janvier 2022 au ministre du commerce, elle souligne que : « le crédit documentaire (lettre de crédit) reste et demeure le moyen de paiement le plus adapté dans ce type d’opération donnant une garantie à toutes les parties impliquées ». Face à cette situation, les meuniers demandent donc au gouvernement d’ouvrir à son compte une lettre de crédit de 172 milliards Fcfa.

Luc Magloire Mbarga Atangana est aux anges. Le10 janvier 2022, il décide de saisir le ministre du ciel, de la terre et des mers (Ferdinand Ngoh Ngoh) sans consulter le premier ministre ou le ministre des Finances. Entre temps, il demande aux opérateurs économiques de « surseoir à toute action unilatérale, surtout en ce moment où notre pays accueille la 33ème édition de la CAN. Cela serait du plus mauvais effet ». Près d’un mois après, aucune solution et les prix du blé ne font que grimper sur le marché international. Les meuniers entrent en colère et bloquent les usines pendant deux semaines avant de les rouvrir. Mais ils reçoivent des menaces du ministre du commerce dans une lettre datée du 7 février 2022 où le ministre du commerce affirme que les opérateurs économiques sont contre « l’esprit de dialogue prôné par Paul Biya ».

RENVERSEMENT DE REGIME

Jusqu’à ce jour alors que la situation est critique, aucune solution n’a été trouvée. Luc Magloire Mbarga Atangana insiste sur le mystérieux trader. Son ami Ferdinand Ngoh Ngoh dont il reçoit les instructions hésite. Pour un fonctionnaire de la présidence de la République : « Cette transaction est risquée, compliquée et nous jouons gros. Comment l’Etat peut lever une lettre de crédit de plus de 172 milliards Fcfa auprès d’un trader obscur pour une opération d’achat de blé en Russie en ce moment ? Car non seulement aucun bateau ne peut arriver en Russie, mais également comment le paiement s’effectuera avec les sanctions internationales » fulmine t’il.

Le ministre du ciel, de la terre et des mers qui ne refuse souvent rien à Luc Magloire Mbarga Atangana hésite. Car un petit coup d’œil sur la société turque DHARMA permet de constater qu’elle est spécialiste du BTP et n’a jamais importé un seul bateau de blé. Il s’agit dès lors d’une autre opération mafieuse au sommet de l’Etat. Pendant ce temps, la situation de la farine s’aggrave sur le marché. A un conseiller du cabinet civil de souligner : « Où est-ce que ces gens ont ramassé ces turques. Ils s’amusent. S’ils ont déjà un plan contre le vieux qu’ils le disent. Nous savons tous qu’à chaque fois que les prix du blé ont augmenté de manière exponentielle dans le monde, il y’ a eu renversement de régimes. Espérons que ce n’est pas le plan qu’ils préparent ». Entre temps, Dion Ngute et Louis Paul Motaze observent la scène.

Auteur: Boris Bertolt