Les Camerounais de la forêt équatoriale, surtout leur infime minorité au pouvoir, que le régime Biya infiltre dans les réseaux sociaux, font montre d'une insensibilité et d'une cruauté sans pareil vis-à-vis des revendications fédéralistes des Camerounais anglophones et la réponse violente et répressive du gouvernement de Yaoundé. Ils soutiennent le régime en place, même dans ses pires atrocités, sous prétexte que leur "frère" est au pouvoir, que c'est le "pouvoir beti", le "tour" des Beti.
#ÉtatFédéré Ils n'ont aucun pincement de cœur devant la triste réalité de leur région, que feu Charles Ateba Eyene leur rappelait et qui est là, têtue et tragique, aujourd'hui après 35 ans de règne du "frère beti", celle d'un pays beti, bulu, bassa et fang pauvre, plus pauvre que pendant l'occupation allemande et française. Les paysans de leurs villages et leurs pauvres des ghettos de Yaoundé, Mbalmayo, Bertoua, Ebolowa, Eséka, Edéa ou Kribi, abandonnés par le régime de Yaoundé, attendent toujours le développement qui leur est sans cesse promis depuis 57 ans.
Ils sont incapables de se révolter, malgré tout le noir qu'ils broient, parce que la capitale politique sur leur sol les a rendus uniquement vendeurs des terrains, parasites, chercheurs des parrains et des marchés publics, dépendants d'un employeur et bienfaiteur unique, l'État. Enrôlés en plus obligatoirement dans le parti Etat Rdpc, afin de conserver leurs avantages et postes vitaux d'agents de l'État, cette minorité parmi les Ekang se confond à cet État et se sent co-responsable de toutes les actions néfastes, ô combien nombreuses, du gouvernement.
Drogués par l'opium des mensonges et des rumeurs du régime, ces supporters des gouvernants, dont ils dépendent, ne peuvent que répéter en tous lieux des phrases que leurs parrains leur demandent de répéter comme des robots. C'est ainsi qu'alors même que les anglophones, ceux-là mêmes qui ont apporté le multipartisme au Cameroun et s'étaient sacrifiés en février 2008 pour dire non au pouvoir à vie, sont tués, torturés, roulés dans la boue, humiliés, arrêtés, déportés et séquestrés comme otages à Yaoundé pour avoir osé demander le fédéralisme ou la sécession, vous entendez ces beti, bulu et fang demander aux "anglocons" d'aller au Nigeria, les appeler des "terroristes" qui sont une autre colonne de Boko Haram et méritent la mort, etc.
Alors que les Anglophones donnent aux Ekang la possibilité de lutter eux aussi pour un État fédéré à eux. Pourtant leur État est déjà pratiquement en faillite pour la deuxième fois, après que les bailleurs de fonds l'aient sauvé d'une première faillite en 2008 en annulant les dettes que le Cameroun ne pouvait plus payer. Ceci parce que le régime qui les emploie s'est ancré au pouvoir pour voler systématiquement tout argent qui tombe dans les caisses publiques, terroriser tous "opposants", voler tout argent des projets d'investissements publics qu'ils montent sous prétexte de répondre aux besoins des populations, comme les faux projets des tracteurs d'Ebolowa, de l'usine de transformation du Manioc, et la liste est longue.
Ils ne constatent pas que les anglophones ont vu la faillite de l'État arriver, avec son cortège des souffrances et des malheurs, et tiennent à protéger leur culture anglo-saxonne de bonne gestion des affaires publiques, en demandant que le Cameroun occidental redevienne un État fédéré d'une Fédération camerounaise. Eux dont la région est l'une des plus perdantes du régime Biya, tardent à comprendre qu'il est temps pour que chaque région du Cameroun prenne son destin en main, parce que le gouvernement central de Yaoundé s'est montré irresponsable et incapable d'apporter le développement à ses populations après 57 ans d'indépendance.
Les Camerounais Ekang ne croient même pas qu'ils peuvent s'autogérer et qu'ils ne pourront réaliser le développement de leurs terroirs que s'ils gouvernent eux-mêmes leur propre État fédéré autonome dans le cadre d'une Fédération. Pourtant, la culture ékang, qu'ils ont jetée de côté pour revêtir le manteau du parasitisme, est riche en termes d'éthique de la gestion de la chose publique et d'un modèle exemplaire de démocratie. Malheureusement, pendant plus d'un siècle, l'occupant colonial et son suppôt remplaçant local (président de la république) ont installé les ténèbres (dibi), les mystères (ndimba) et la sorcellerie (mgbel) là où la culture ékang célèbre les vertus de la vérité (bebela) et de la justice (soso'o); ainsi que le vol (wub) et la cupidité (kpa'a) là où la culture ékang brille par l'honneur (ati) et la sagesse (feg).
L'on peut passer des heures à citer toutes les vertus de la culture ékang, que le régime néocolonial de Yaoundé se plaît à violer, et qui formeraient la fondation de l'éthique de la gestion publique d'un État fédéré ékang. Le contact avec l'occupant colonial occidental, et ses méthodes barbares de soumission et d'exploitation, a profondément marqué et traumatisé les peuples de la forêt équatoriale africaine. Certains comme Charles Atangana Ntsama, Martin Abega Belinga, Léon Mba, Paul Biya et la multitude des "élites" qui les suivent se sont littéralement alités avec l'occupant occidental pour se laisser assimiler par la culture occidentale. Regardez seulement les photographies de Charles Atangana, Léon Mba et Paul Biya, notamment leur tenue vestimentaire, pour vous en convaincre.
Pour soumettre leurs frères ékang au colon occidental et à sa culture, ils n'ont pas hésité à pendre et couper les têtes les plus valeureuses de leur propre nation. En réalité, ils se considèrent eux-mêmes occidentaux, et non pas partie des indigènes locaux, comme leurs maîtres leur ont permis et ordonné d'être. Certains autres comme les Bubi (guerriers résistants des île d’Annobón et Bioko contre la colonisation portugaise et espagnole), Emane Ntole (résistant fang de Njolé au Gabon), Mbida Mengue (guerrier Mbida Mbani), Omgba Bissogo (guerrier Mvog-Betsi), Oba'a Mbeti (guerrier Bulu), Zoa Fouda Ngono/Zògò Pouda Ngono (guerrier rusé Manguissa), Martin Paul Samba (rebelle Bulu), Francisco Macias Nguema et leurs compagnons, avaient défendu l'honneur et les valeurs ékang, en opposant une résistance souvent armée aux occupants allemands et français ainsi qu'à leurs cultures.
Le fédéralisme que demandent les Anglophones aujourd'hui ne doit pourtant pas être nouveau aux Ekang. Car, pendant les années 1940, les Ekang avaient milité énergiquement pour un Etat ékang. Regroupés au sein d'une association appelée Élat-Ayong (Union de la Nation), les Ekang avaient tenu en 1945 un grand congrès à Metzig au cours duquel ils avaient élu Léon Mba comme leur président, qui plus tard fut corrompu par les français pour être leur président françafricain du Gabon. Le symbole d'Etat-Ayong, l'arbre Adzab, reste gravé aujourd'hui sur le drapeau de la Guinée équatoriale où Francisco Mathias Nguema l'avait mis.
Les Bëti (Kolo/Ewondo, Eton, Mvele, Mvan, Meka/Maka et Ntumu), Bulu, Fang (Mvaie, Nzaman, Okak...), Bassa/Mvelë, Yabassi (descendants de Mbassi), et d'autres ethnies qui se trouvent dans les pays de la zone forestière, non seulement du Cameroun, mais du continent africain, y compris le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, et Sao tomé et Principe, sont les Ekang. Leurs origines lointaines remontent soit au royaume de l’Egypte antique, soit du royaume de Koush, ou les deux, et récente dans l’Adamaoua au Cameroun. Ils ont pour ancêtre commun Nanga. L'organisation politique précoloniale des Ekang est démocratique. Cette nation est contre la monarchie et toute forme de chefferie. Le territoire des Ekang est un ensemble de domaines indépendants (mal au pluriel, dzal au singulier) chacun dirigé par un mié-dzala (créateur du domaine).
Dans un domaine dirigé par son créateur, les habitants étaient ses épouses, ses enfants, ses dépendants (mintòbò) et ses esclaves (belò). Le gouvernement de chacune des nations ékang, ou chacun des clans de chaque nation, était assuré par l'assemblée des créateurs des domaines aussi appelés aînés (benya modo mvia). Ces assemblées étaient modérées et leurs résolutions déclarées publiquement par un porte-parole (ntebe ossu). De telles résolutions, appelées "menyu m'éwondo" (les bouches ou la parole ou l'accord des éwondo) chez les éwondo, constituaient les lois qui gouvernaient la société. Le porte-parole n'était pas une fonction permanente. Il pouvait changer d'une assemblée à une autre.
Les Ekang ont donc une solide culture, composée d'interdits et de droits que j'ai personnellement trouvés comme similaires aux commandements de Yahweh, et d'un excellent système démocratique traditionnel, qui ne demandent qu'à être institutionnalisés pour fonder la constitution d'un État fédéré Ekang au sein d'une Fédération camerounaise. L'origine de la nation transfrontalière Ekang, notamment la variation de leur peau fait l'objet d'intenses recherches et continue d'alimenter les débats sur ce peuple.
Des chercheurs, sur la base de la recherche génétique moderne basée sur l'analyse de l'Adn, laissent entendre que les Ekang (que les Gabonais aiment appeler Fang) feraient partie des populations ayant introduit un patrimoine génétique d’origine eurasiatique en Afrique centrale.
Ceci pourrait confirmer l’intuition d’Henri-Louis Trilles qui pensait que « Les Fang sont un des chaînons intermédiaires qui relient les races du Nil et de la Lybie aux races chamitiques [noires] proprement dites. » (Trilles H. dans "Quinze années au Congo français (chez les Fang)". Lille- Paris-Bruges, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer & Co, 1912).
En d’autres termes, la variation pigmentaire qu’on a relevée chez les Ekang résulterait de la présence du haplotype R1b1 issu d’un mélange pigmentaire des ancêtres chamaniques (noirs) avec des ancêtres eurasiatiques ou du Moyen-Orient occasionné lors d'un séjour antique dans la vallée du Nil ou le royaume de Koush. C'est dire que les Ékang ont de très bons atouts culturels et des traditions politiques qui leur permettent de s'autogérer parfaitement dans le cadre d'un État fédéré.