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Faut-il primer l’Administration Publique au Cameroun?

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Sat, 20 Jun 2015 Source: Bazou Batoula

Êtes-vous déjà arrivés avec beaucoup de difficultés dans un bureau de l’Administration Publique au pays de Tchiroma ? Et lorsque vous croyez avoir fait le plus difficile, à savoir « tchoko » le vigile pour pouvoir entrer dans l’enceinte, on vous répond que « la dame qui s’occupe de votre dossier n’est pas là ».

Euh, nous sommes là un jeudi à 11h de la matinée. Un de ses collègues vous dit par après que son véhicule n’a pas été aperçu de la journée, donc sûrement qu’elle a voyagé. Et celle d’en face de vous conseiller pas de revenir le lendemain vendredi, ni le lundi de la semaine d’après, mais plutôt le mardi. « Monsieur, si vous revenez mardi matin, c’est sûr à 100% qu’elle sera là ».

Tout impuissant, déboussolé, dépassé et même ridicule, vous ne savez pas s’il faut manifester votre colère, s’il faut repartir voir le vigil pour qu’il vous rembourse votre argent, ou alors s’il faut téléphoner au numéro du Consupe.

Au regard de la journée que vous venez de gâcher, en vous remémorant l’accident auquel vous avez échappé le matin à Boumnyébel, tout ça pour avoir l’information selon laquelle un fonctionnaire qui est sensé être en poste tous les jours ouvrables ne travaille en réalité qu’à coup sûr les mardis et mercredis, vous cherchez seulement le numéro de votre médecin au cas où vos palpitations recommenceraient.

Le pire dans l’aventure, ce n’est pas tant l’absence d’un fonctionnaire à son poste de travail, mais bien l’incapacité de ses collègues à prendre le relais.

Pas que ceux-ci soient vraiment des incapables, mais plutôt que chacun gère ses dossiers aux Ministères et autre Délégations comme s’il s’agissait de sa petite boutique. Comme s’il ne fallait que personne d’autre n’assure la continuité de son travail.

Et si cette haut cadre ne revenait jamais de son voyage parce que happée de la vie par un tragique accident ? Et si c’était elle qu’on découvrait étalée le corps pâle dans l’auberge Carrefour Tendon à Bepanda ?

Et si le bureau prenait feu ? Et si la Police venait la chercher pour une quelconque raison pour assister à la tontine que les Yves- Michel et autres Yaya ont organisé à Grand Château ? Et si on la nommait Ministre du jour au lendemain ? Et si, et si ?

Améliorer la qualité du service rendu à l’usager par l’Administration Publique au Cameroun, voilà ce qui aurait dû être la première mission de l’ANOR. Améliorer en interne tout cet appareil administratif et procédural sur lequel repose justement le produit final qu’est ce service de qualité que nous souhaitons tous obtenir lorsqu’on se pointe à un guichet public pour un quelconque document ou renseignement, voilà sur quoi on est en droit de juger le maçon qui œuvre pourtant depuis un certain temps déjà.

Au lieu de poursuivre les commerçants pour savoir s’il y a ou non de la vitamine A dans de l’huile importée, ils auraient dû commencer par initier un programme pour « stresser » la qualité des services dans l’Administration Publique au Cameroun.

Cela va de la conformité à l’efficacité, de la légalité à l’optimalité, de la continuité de l’Administration à la justice transparente et citoyenne. Tous ces éléments relèvent d’une simple notion : le bon sens.

On s’est souvent demandé pourquoi les Camerounais en Afrique étaient ils tant frappés par les AVC et autres maladies cardio-vasculo-cerebrales, mais mon petit doigt me dit que l’Administration Publique au Cameroun en porte une bonne part de responsabilité.

Combien de retraités continuent d’être frustrés nonobstant leur âge avancé et le service rendu à la nation ? On continue de les voir épuisés, malheureux devant les édifices, à la merci des intermédiaires et autres facilitateurs qui de toute façon ne sont là que pour leur « gombo ».

Combien de jeunes motivés perdent leur énergie sur le chemin de leur réussite juste parce qu’un combat contre leur propre Administration les dépouille et au final les affaiblit ?

Dans un élan apparent de réveil d’un long et profond sommeil dans le chef de ceux qui dirigent le Cameroun, vivement que l’Administration Publique ne soit pas oubliée, ni épargnée.

Vivement que tout le système de production publique administrative soit lavé pour enfin qu’il puisse jouer le rôle qui lui incombe : Réguler en premier lieu la vie de la nation dans l’intérêt de l’usager. Tout le monde en sortirait épanoui.

En attendant, » le vigile là doit me rembourser mon argent ».

Auteur: Bazou Batoula