À un mois et demi du scrutin, les candidats annoncés à la présidentielle crient au désarroi. Il n'est annoncé nulle part que les candidats à la présidentielle en 2018 recevront un franc pour la campagne.
Dans exactement une semaine et demie, les Camerounais iront au vote. Bien qu'ils aient tous joué à ruser avec les délais soidisant prescrits par la loi, ils ont tous lancé leur campagne avant le signal d’Elections Cameroon ou de la Cour Constitutionnelle. On a cependant observé une constante dans toutes leurs sorties, ils courent après les billes de la campagne. À écouter Elimbi Lobè, tous les candidats retenus pour la campagne présidentielle se verront servir un peu d'argent du Trésor Public. Combien ? Silence et boule de gomme pour notre ami qui voudrait jouer au mystérieux jusqu'au bout. Mais le silence sur la question n'a empêché personne de pérorer sur la question de l'argent qui viendrait du trésor public et qui ferait de nouveaux riches au Cameroun.
Sortie inattendue
De tous les candidats en lice, seul Paul Biya ne se fait pas de soucis. Les militants du Rdpc cotisent généreusement pour lui. 130 ou 150 millions par ci et par là. Akere Muna non plus n'a de soucis à se faire pour financer sa campagne. Mais il en va différemment même du candidat du Sdf, Joshua Osih, pour lequel les militants du parti de la balance vont devoir se saigner un peu plus. À Douala, le président régional s'est payé une sortie inattendue ce lundi et a tout simplement annoncé que la cagnotte frôlait à ce jour les quinze millions. Il faudra encore faire plus si le parti veut boucler les cinquante millions pour boucler le budget de 53 millions nécessaires pour les besoins de la campagne. On sait cependant que les militants du parti, qui sont députés ou sénateurs pourront bouler le budget avec un peu d'efforts.
LIRE AUSSI: Etoudi 2018: Dieudonnée Essomba se déchaîne à nouveau sur Kamto
Contrairement à ce que l'on croit, l'argent ne court pas les rues au Sdf. Le parti en est à recruter des bénévoles, pour assurer sans frais le travail de scrutateurs dans les bureaux de vote. Bénévoles, ça veut bien dire ce que ça veut dire : on va travailler pour les beaux yeux de la princesse. Il semble bien que l’État ne financera pas cette année.
Le temps de la galère pour les candidats de l'opposition
Tandis que le Sdf peut se tirer d'affaires sans bobos, ce n'est cependant pas le cas avec les autres formations politiques. Le versement du cautionnement fixé à trente millions n'a déjà pas été facile. Certains candidats ont dû être recalés pour avoir voulu acquitter les 30 millions à 23 heures passées. Et d'en proposer cent, au lieu de trente. On va bien rigoler. Cabral Libii, le candidat du parti Univers, a dû battre le rappel des troupes; sympathisants, amis et non-militants compris, pour réunir les trente millions. Pour la campagne proprement dite, il dit avoir besoin de 200 millions. Il ne les a pas, il compte que des bienfaiteurs dans la rue les lui abouleront. Il veut autant d'argent que deux cents millions alors qu'un parti largement plus ancien ne se contentera que du quart. En attendant que les uns et les autres ne commencent à pleurnicher au soir du 7 octobre lorsqu'ils se seront fait délester de 30 millions, pour avoir voulu se faire voir.
Candidats alibis
L'élection présidentielle n'est plus un jeu pour petits plaisantins. Le niveau du cautionnement seulement aura permis de tenir à distance une bonne partie de candidats qui l'ont trouvé dissuasive. Lors de la dernière présidentielle en 2011 et sept ans plus tôt, on s'était amusé à les laisser tous s'aligner contre Paul Biya et le Rdpc.
LIRE AUSSI: Etoudi 2018: ce que cachent lestournée européennes des candidats
Ils avaient noms Gustave Essaka, le leader de la Démocratie Intégrale, ou Djeuga Jean du Parti Unifié, tous des candidats alibis ou gadgets pour notre préhistoire de la démocratie. Le premier se présentait pour faire rire les électeurs, le second pour se faire un peu d'argent. Jusqu'à la dernière élection, la caution était fixée à 1,5 million, mais le Trésor Public reversait la rondelette somme de 15 millions pour couvrir les frais de campagne. Au moins, ces années-là, la loi était encore la loi et les acteurs la respectaient scrupuleusement.
Notre ami Essaka se retirait de la course dés qu'il avait perçu les quinze millions en demandant de voter pour le candidat Paul Biya. Jean Djeuga se servait de l'argent pour arrondir son fonds de commerce de brocante. Les quinze millions faisaient courir une foultitude de candidats, c'est encore eux qui les auraient fait courir aujourd'hui. Mais d'avoir fait grimper la caution à 30 millions, ils ne seront plus nombreux à se bousculer au portillon. Ainsi donc de Anicet Ekanè du Manidem ou de Jean-Jacques Ekindi du Mouvement progressiste.
Investissement à fonds perdus
Ceux-là, les candidats-alibis faisaient une belle affaire. Pour réussir le coup comme eux, certains candidats auraient eu être tentés par l'aventure. Mais on ne claque pas trente millions par ces temps par la fenêtre pour se faire plaisir. Surtout que le cautionnement exigé ne sera remboursé qu'aux candidats qui auront réussi au moins 5 % des suffrages valablement exprimés.
On sait cependant que sur plus d'une dizaine de candidats alignés en 2011, deux seulement ont obtenu ont atteint et dépassé la barre des 5 %. Tous les autres sont lamentablement restés coincés à 1 % cent. Si le jeu est resté le même, à la seule exception de Joshua Osih du Sdf, et peutêtre d'Akere Muna ou de Maurice Kamto, ils seront très peu nombreux à atteindre la barre des 5 %. Ils auront donc joué au poker contre l'homme-lion, et ils auront perdu, l'élection et leurs billes. Ces trois derniers peuvent se permettre de bousiller un peu d'argent, ce qui n'est pas le cas de tous les candidats.
On a cherché longuement, il n'est annoncé nulle part que les candidats à la présidentielle en 2018 recevront un franc pour la campagne. Ils vont donc devoir mettre les bouchées doubles pour réunir l'essentiel, de quoi coller quelques banderoles et mettre au vent quelques calicots. Mais la ruée des nouvelles technologies de l'information, les Camerounais pourraient être tentés, sans argent, de mener des campagnes à la manière de Donald Trump, le Président Américain qui balance des Tweeters à toute occasion. Et si les candidats camerounais choisissaient de faire des économies et de ne pas se ruiner dans des meetings et autres conférences inutilement ruineux ?
Ils pourraient apporter la leçon qu'on peut battre campagne à l'aide des réseaux sociaux. Paul Biya qui n'est pas à petit biffeton près a trouvé le moyen le plus facile et le moins coûteux de balancer sa candidature à Elections Cameroon. En beauté, comme un président androïde. Par exemple, les candidats pourraient faire tenir à tous les électeurs une copie électronique de leur programme par whatsapp ou par Facebook. Ils atteindront plus de monde s'ils procédaient ainsi, il ne leur restera plus qu'à aller s'entendre avec les patronnes d'Orange ou de MTN. Les charmantes dames ne feront pas les difficiles si le candidat présidentiable sait se montrer tout aussi charmant. Une chose est sûre, ils auront économisé énormément de l'argent qu'ils n'ont pas.