Flou sur la libération du maire de Lagdo

Mama Abakai Maire Lagdo Mama Abakaï, maire de Lagdo

Mon, 11 Jul 2016 Source: Bernard Bangda

Les versions divergent sur la remise en liberté de l’édile de Lagdo et de ses compagnons d’infortune.

Qu’on soit à Garoua-Boulaï, ville camerounaise de l’Est, frontalière avec la République centrafricaine (RCA), ou à Lagdo, arrondissement du département de la Bénoué, région du Nord Cameroun, des divergences apparaissent dans les déclarations des uns et des autres au sujet de la libération de Mama Abakaï, la maire de Lagdo, et de ses 13 compagnons, tous retenus en otage depuis la nuit du 19 au 20 mars 2015 en RCA. Ces divergences se situent au niveau des lieux où sont en ce moment [dimanche 10 juillet 2016 aux environs de 18 heures, ndlr].

Si à Garoua-Boulaï, des sources locales jointes au téléphone par LQE affirmaient toujours que « cette nuit [du 09 au 10 juillet 2016, ndlr], ces otages, retenus depuis toujours en forêt, ont été ramenés à Koundé, un village de la Rca situé à environ 25 km de Garoua-Boulaï sur l’axe Garoua-Boulaï-Bouar, où leurs ravisseurs les ont conduits dans une des salles de classe de l’école primaire locale », à Lagdo, on n’est pas précis.

Deux membres de la famille de Dame Catherine Tchakaba épouse Dama, conseillère municipale de Lagdo également en captivité en Rca, déclarent pour l’un que « c’est à Bangui qu’ils ont été conduits par la Mission des Nations unies pour la Centrafrique (Minusca) qui leur offre l’hospitalité depuis lors », et pour l’autre que « nous ne pouvons pas dire exactement où ils sont à présent ».

Par ailleurs, pour les tenants de la thèse de la libération de ces otages, bien qu’ayant eu les bénéficiaires au téléphone, ils sont incapables de dire quand elle s’est déroulée. A ces atermoiements s’ajoute le fait que les uns et les autres ne s’accordent pas sur les circonstances de cette libération présumée. A Garoua-Boulaï, où on se refuse à affirmer que « ces otages sont déjà libérés », nos sources indiquent que « des négociations sont entreprises depuis plus de six mois avec le groupe de ravisseurs et une délégation de [nos] services de renseignements est en territoire centrafricain depuis hier pour négocier avec les ravisseurs sous l’égide de la Minusca ».

Pendant ce temps, à Lagdo, nos deux sources continuent de bafouiller. L’une rapporte que « nous n’avons pas eu des informations à propos » tandis que l’autre révèle que « certains otages que nous avons eus au téléphone ont fait part d’un affrontement entre des factions rebelles centrafricaines dont l’une a eu le dessus sur celle qui les retenait en captivité tandis que d’autres parlaient de l’intervention des forces de la Minusca ».

Convergence

Seul point de convergence jusqu’ici dans les déclarations des personnes approchées par LQE ce dimanche 10 juillet 2016, « deux otages sont malades ». A Garoua-Boulaï, des sources sécuritaires et communautaires locales affirment qu’« ils ont été conduits à l’hôpital de Baboua où ils ont été pris en charge avant d’être ramenés à l’école de Koundé où ils sont toujours ». Les informations de Lagdo semblent plus précises sur l’identité des deux malades (Jacqueline Nene, conseillère municipal, ex présidente de la section Ofrdpc Bénoué sud-est à Lagdo, et Alhadji Souaibou), ce dont ils souffrent, tous les deux de la vue, et sur le fait que « Dame Catherine Tchakaba épouse Dama, infirmière jadis en service à Lagdo, a été associée à l’équipe qui prenait en charge ses deux compères ».

Une telle sollicitation pour une pathologie qui nécessite un spécialiste remet en question le plateau technique et le lieu de la formation sanitaire où les patients ont été conduits. Autre attitude qui donne à observer du recul face aux déclarations sur une probable libération de ces otages camerounais, le silence de la presse locale.

Notamment de Radio Ndéké Luka, une radio associative centrafricaine qui suit de près cette affaire. Et qui, il y a quelques mois, avait authentifié un enregistrement sonore du maire de Lagdo dans lequel il fustigeait « le laxisme » des autorités camerounaises et indiquait que « Nous sommes détenus par les éléments d’Aboubakar Sidiki dont la libération est la condition de notre retour à la liberté ». En rappel, c’est dans la nuit du 19 au 20 mars 2015, alors qu’ils revenaient tous des obsèques d’un membre de la famille du sous-préfet de Lagdo qui, lui, avait échappé à ce guetapens, que Mama Abakaï, le maire, et 13 autres personnes avaient été pris en otage à Yoko-Siré, un village situé à une dizaine de kilomètres de Garoua-Boulaï sur la route de Bertoua.

Auteur: Bernard Bangda