Sommet extraordinaire de la CEMAC. Selon Pierre Alaka Alaka, spécialiste des questions fiscales et financières, «il manque à nos dirigeants le courage et une vision».
À l’initiative de Paul Biya, Président de la République du Cameroun, les Chefs d’État de la Communauté Economique des États d’Afrique Centrale (CEMAC) se sont réunis le 23 décembre dernier à Yaoundé dans le cadre d’un sommet extraordinaire. Une rencontre au cours de laquelle la question de la dévaluation du FCFA a été abordée. Interrogé par le quotidien Le Jour édition du 27 décembre 2016, sur les résolutions dudit sommet, Pierre Alaka Alaka, spécialiste des questions fiscales et financières, parle des rapports inégalitaires et d’un manque de courage des Chefs d’État africain.
Répondant à la question du bilan qui peut être fait du sommet extraordinaire des Chefs d’État de la CEMAC, Pierre Alaka Alaka évoque deux constats: «jamais des rapports inégalitaires avec la France n’ont été si apparents. Il est apparu qu’il manque à nos dirigeants le courage et une vision. Ils présentent l’attitude des personnes qui tournent en rond au grand détriment de nos peuples. La honte qu’ils nous infligent faisant de leur incapacité à nous défendre, une incapacité collective des Africains de la zone CEMAC. À quelques exceptions, ils sont obsolètes et refusent de tirer la révérence. Une telle chose ne risque pas de se produire aussi facilement en Afrique de l’Ouest où plusieurs Chefs d’État demanderaient tout haut l’intérêt de telle ou telle résolution pour leurs peuples».
À la question de savoir si les 21 résolutions prises à l’issue du sommet de Yaoundé sont à même d’inverser durablement les tendances négatives de l’économie de la sous-région, le spécialiste des questions fiscales et financières déclare qu’«il n’y a aucune mesure parmi les 21 qui peut inverser la tendance économique ou financière de nos États, puisque ce sont des mesures connues, mauvaises et inopérantes. C’est tout simplement un chèque en blanc qu’on a donné à la France pour continuer son exploitation de nos richesses et au FMI pour enfoncer davantage nos économies pour une vingtaine d’années».
Sur la présence de Christine Lagarde, Directrice Générale, du FMI, et Michel Sapin, Ministre français de l’Économie, Pierre Alaka Alaka déclare que «les Chefs d’État de la CEMAC avaient le choix entre la dévaluation du FCFA et la soumission au FMI; c’est cela qui a justifié la présence de ces deux personnalités. Au fond, leur présence était la bienvenue si elle s’était limitée au rôle officiel d’invités spéciaux du Président camerounais. Ils ont aussi écarté l’idée d’une dévaluation du FCFA. Était-ce la bonne démarche ? Cette idée a été écartée pour faire bonne figure aux yeux des défenseurs africains du CFA que sont ces mêmes Chefs d’État à quelques exceptions près, pour qu’ils n’aient à répondre à une question assassine des détracteurs de cette monnaie portant sur la parité fixe. Puisque la parité fixe signifie que le CFA ne peut être dévalué que si la monnaie de référence qui est l’Euro a d’abord été dévaluée».