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Force multinationale mixte et incertitudes

Wed, 21 Oct 2015 Source: Aziz Salatou

Du soulagement, du réconfort, un sentiment de sécurité, de l’ambition. Une foultitude de sentiments divers et contradictoires animait les populations de Mora jeudi dernier. C’était jour de marché dans la capitale départementale du Mayo Sava.

Un jour de fête et de retrouvailles ravivées par la distribution des kits de survie qu’une Ong internationale a organisée au bénéfice des personnes déplacées. Dans cette belle ambiance des hommes retenaient l’attention. Des militaires. Très décontractés, ils voulaient être de toutes les agapes. Ils déambulaient dans les ruelles encombrées de la petite ville, fusil en bandoulière dans le dos.

C’est le préfet Akaou Babila, qui le premier nous les a présentés : « Ce sont les militaires de la force multinationale mixte qui sont arrivés dans la ville et qui renforcent le sentiment de sécurité des populations. Ils sont 2000 pour l’instant, ils vont atteindre les 2450 ainsi que le chef de l’Etat l’a prescrit.

Ils sont tous Camerounais, venus de diverses unités des forces de défense. Avec eux, renait plus d’espoir. Ils ont l’autorisation de traverser la frontière pour traquer Boko haram, ils vont peut être l’éradiquer », a dit le préfet, très enthousiaste.

Des as de blennorragie

Dans la ville, on n’en est pas encore à toutes ces considérations sécuritaires, on fait la fête. Des commerces naissent spontanément autour des cases de passage de la commune où la Fmm a pris ses quartiers. La concession de cases rondes est installée sur un vaste terrain. Dans la cour flottent les bannières du Cameroun et de la Commission du bassin du lac Tchad (Cblt) Cam er.be. Une activité de ruche règne dans les secteurs.

Les soldats aux uniformes défraichis et au bottes éculées quand ils en portent multiplient les rassemblements toute la matinée avant de se ruer dans la ville. La Fmm n’est pas étincelante. Il y a juste quelques camions de l’armée camerounaise stationnés dans le parking. On s’attendait à un matériel de pointe mais, on est déçu de voir qu’il n’en est rien.

N’empêche, les soldats sont tout à leur joie de découvrir la ville. Ils sifflent les filles, se frottent à leurs homologues tchadiens encore plus dépenaillés et désoeuvrés. Des filles à l’instar d’Isabelle, ont adopté de nouveaux comportements pour la circonstance : «Je marche la tête baissée en regardant droit devant moi et en n’écoutant pas leurs quolibets.

J’ai aussi prévu d’ouvrir un répertoire spécial pour enregistrer les nombreux numéros de mes soupirants militaires », ricane la jeune belle dame. Plus sérieusement, huit cas de blennorragie sont signalés chez des militaires. Les cadres ne sont pas nommés

La cause de cette licence est dans l’incertitude de la Fmm. Le contingent camerounais que va commander le général Bouba Dobékréo chef du secteur n°1 est le mieux structuré. Le général multiplie les réunions avec ses partenaires des trois autres opérations en cours dans les trois départements (Mayo Tsanaga , Mayo sava ,Logone et hari) où la Fmm va combattre.

Le jeudi a été arrêté comme le jour de réunion des chefs des opérations Emergence 4, Alpha, et éventuellement Logone 2015. Mais, le secteur n°1 part avec un lourd handicap. Jusqu'ici, des chefs d’unités n’ont pas encore été désignés et sans cadres, les hommes sont livrés à euxmêmes.

Des observateurs redoutent des incidents. Mais, si on a des ajustements à faire dans le secteur n°1, dans le secteur N°2 prévu au Nigéria, il n’ya rien. Pas le moindre embryon de contingent de Fmm. Les Nigérians qui sont hostiles à toute intrusion armée sur leur territoire, jouent ouvertement la montre.

Le chef d’Etat major de leur armée, le général s’est fendu d’une harangue éloquente à l’endroit de ses troupes dans l’opération Lafiya Dollé de lutte contre Boko haram Camer.be. « Les prochains jours seront cruciaux pour l'opération Lafiya Dollé. Elle est également cruciale pour notre pays le Nigeria.

Notre souveraineté en tant que nation est menacée », a-t-il dit en substance. Une adresse qui n’est pas fortuite. Il n’y a pas d’argent Il sait l’entrain que le Cameroun et les autres partenaires de la Fmm mettent dans les préparatifs de sa mise sur pied. Il sait aussi les démarches que le général Illiassou Abbah, un de ses adjoints et le commandant de la Fmm entreprend sur le terrain.

Les Nigérians prévoient d’intensifier leur offensive. Le commandant de la Fmm était pour sa part en voyage à Addis Abeba au courant de la semaine dernière. Il y allait pour obtenir le Mémorandum of understandment (Mou) de l’Union africaine et pour rentrer en possession des fonds prévus pour financer la Fmm. Selon nos sources, il est rentré bredouille.

Il n’y a pas d’argent pour la Fmm. Pis, le contingent promis par le Bénin n’est pas opérationalisable. Du fait de cette lacune, les soldats béninois devraient être utilisés pour des travaux de surveillance des bâtiments, telle cette base héliport à Baga, d’où devraient partir des troupes héliportées pour nettoyer le Lac Tchad des Boko haram.

Auteur: Aziz Salatou