Comme lors des années antérieures, le climat des affaires du Cameroun a encore été plombé par l’inertie administrative et la corruption.Le 25 octobre dernier, la Banque mondiale a publié son dernier classement annuel sur le climat des affaires dans le monde, le « Doing Business ». Dans ce classement, le Cameroun apparait au 166ème rang mondial sur 190 pays, avec une note de 45,27 points sur 100, et est le 34ème pays africain sur 48. Si par rapport à l’année dernière, le pays connait une légère amélioration de son rang avec un point de gagné, il reste en deçà de la moyenne mondiale.
C’est qu’en fait, malgré le discours officiel, pas grand-chose n’a changé sur le plan de la gouvernance économique et financière. Est particulièrement pointée du doigt, l’administration publique qui ne fait aucun effort pour améliorer sa réputation. Elle reste en effet l’une des plus tracassières et des moins efficaces du monde, alors que curieusement, elle est réputée de produire les meilleures ressources humaines de l’Afrique subsaharienne.
La création d’entreprises reste trop lente malgré les réformes intervenues dans le secteur, instituant un guichet unique où l’on est supposé tout obtenir, et en très peu de temps. Parmi les services publics à problème vient en tête le fisc. Selon la Banque mondiale en effet, un opérateur économique perd en moyenne 630 heures par an, seulement pour payer ses impôts et taxes, alors que la moyenne dans la sous-région, qui n’est déjà pas bonne, est de 230 h/an.
Inégalité devant l’impôt
Le taux des prélèvements sur le bénéfice des entreprises est aussi jugé beaucoup trop élevé à 57,7% contre 46 % en Afrique subsaharienne, malgré une baisse de l’impôt sur les sociétés. Une telle situation ne favorise pas l’investissement privé. Il fait perdre des recettes à l’Etat, les entreprises optant soit pour l’évasion fiscale, soit pour la négociation avec les pouvoirs publics, des régimes fiscaux leur accordant des exonérations. Et donc, instituant une inégalité des contribuables devant les charges publiques. Cette révélation met en lumière certaines contre-vérités du gouvernement faisant état d’un régime fiscal attractif au Cameroun.
Le secteur des marchés publics est resté l’une des entraves à la performance de l’économie camerounaise. Il reste gangrené par la corruption, la mauvaise exécution des projets, les conflits d’intérêt et bien d’autres insuffisances comme la complexité des procédures ou l’incompétence des acteurs. L’une des illustrations en 2016 en est le projet Sigipes II, qui était sensé permettre au pays de disposer dès le début de l’année, d’une seule application informatique pour la gestion de la solde et de la carrière des personnels de l’Etat. Le projet est actuellement au point mort, le consortium CAC-CBL chargé de l’intégration des données n’ayant toujours pas rendu sa copie.
Le Minfopra, maître d’ouvrage et lui se rejettent la responsabilité du retard enregistré. Le consortium représenté par Jérome Minlend, aurait déjà été payé à hauteur de 90%, sans avoir livré le marché, et utiliserait des subterfuges pour rallonger indéfiniment les délais. Lui reconnait n’avoir perçu que 60% du montant convenu, et le Minfopra envisagerait la résiliation d contrat. Le contentieux relatif à cette affaire aurait été porté à la connaissance du Premier ministre, Philemon Yang.
Enfin, les autres entraves à l’exécution des projets de développement n’ont pas été levées. C’est le cas, des indemnisations des riverains qui ne sont toujours pas payées dans les délais, ou encore des études techniques absentes ou mal exécutées et qui compromettent lesdits projets sur le terrain. Et rien dans les perspectives, ne permet d’affirmer que la situation pourrait s’améliorer en 2017.