Gouvernance : où va le Cameroun ?

Où en est le Cameroun en 2023 ?

Tue, 6 Jun 2023 Source: Roland Tsapi

Le pays est sur une pente descendante, depuis la prise du pouvoir par le président Paul Biya. De pays en voie de développement, il est devenu pauvre et très endetté, et l‘émergence projetée en 2035 se trouve empêtré dans de nombreux scandales.

Où en est le Cameroun en 2023 ? Dans ses premières années de pouvoir, le président Paul Biya disait que nous passerons et le Cameroun restera. Plus tard il appelait ses membres du gouvernement et par extension tous les Camerounais à se poser la question de savoir non pas ce que le Cameroun a fait pour eux, mais ce qu’ils ont fait pour le Cameroun. À l’époque il parlait encore d’un Cameroun à peine hérité de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, un Cameroun en voie de développement sur le plan économique, quoique monolithique sur le plan politique.

Les fonctionnaires n’avaient pas encore connu des coupes de salaires, les enseignants faisaient encore rêver les élèves par leur niveau de vie, les jeunes médecins sortis du Centre universitaires des sciences de la santé de Yaoundé étaient encore recrutés directement dans les hôpitaux publics, de même que les jeunes élèves professeurs sortis de l’Ecole normale supérieure de Yaoundé et de son annexe de Bambili, pareil pour les jeunes journalistes sortis de L’ESSTI directement intégrés à la CRTV, à Cameroon Tribune ou au ministère de la Communication, pareil pour les jeunes ingénieurs de l’Ecole supérieure polytechnique et de l’Ecole nationale des Travaux, absorbés par le ministère des Travaux publics quand ils n’étaient pas discutés par les entreprises multinationales ou nationales spécialisées.

Le président Paul Biya parlait de ce Cameroun où les élèves aveint encore les bourses scolaires de la 6eme en terminale, les étudiants avaient des bourses et certains logés dans les cités universitaires, ceux du primaires bénéficiaient des programmes de prévention des maladies tropicales au cours desquelles de la nivaquine étaient distribué aux enfants, ces derniers cotisaient la somme maximale de 25 francs pour la fête du 11 février ou du 20 mai, et ce jour, sur la place des fêtes de l’arrondissement, ils pouvaient dépenser 15 francs au total, soit 5 beignets à 5 francs et une boule de koki à 10 francs. Les 10 francs restants, ils pouvaient cotiser entre 6 personnes et acheter un top orange à 60 francs et se le partager.

La belle époque

Plusieurs Camerounais de l’âge de 41 ans qui correspond, à la durée au pouvoir de Paul Biya, peuvent se rappeler tout ce qui se faisait encore pendant ce qui est aujourd’hui évoquée avec nostalgie comme la belle époque. La voie du développement sur laquelle le pays était engagé, comportait des programmes quinquennaux, la révolution verte, l’objectif étant de sortir prioritairement le pays de l’enclavement en ouvrant les voies de communications, étant entendu que le slogan de la route qui passe et le développement suit avait tout son sens. Lequel développement se dessinait d’ailleurs sur bien d’aspects : les eaux camerounaises étaient mouillées par la CAMSHIP, les airs survolés par la CAMAIR, le rail lissé par la RÉGIFERCAM, les routes urbaines étaient serpentées par la SOTUC, en plus des taxis de ville. Ailleurs, les agriculteurs s’appuyaient sur l’UCCAO, la SODERIM, la SEMRY, la SODECOTON, le FONADER… pour exploser les productions, Douala et Yaoundé resplendissaient de beauté, étaient des villes attrayantes et prometteuses. Le pays était promis à un bel avenir, et se payait même le luxe d’apporter l’aide alimentaire à la Chine.

Voilà la route qui a ramassée les gens jusqu’à ils ont tous finis. Oui, c’est la vérité qu’il y a aussi la main des tireurs de voitures sur ça. Mais la route même qu’on parle quelque chose sur ça comme est où? Tu as mesuré de quitter Bafoussam pour aller à Douala avant de voir la route ? On part que devant ou on rentre derrière ?

Où allons-nous ?

Que s’est-il passé par la suite ? La jeune génération à laquelle le pays est raconté aujourd’hui ne peut s’empêcher de se poser la question. La Chine dont on parle, qui avait faim hier, ce n’est pas elle qui domine le monde aujourd’hui, pourquoi le Cameroun n’est même pas resté au même niveau en conservant au moins les acquis, mais a plutôt régressé, passant de pays en voie de développement à pays pauvre très endetté, pour se remettre sur une voie de l’émergence d’avance immergé dans les scandales auxquels même le coronas virus n’a pas échappé ? De son palais de Bamendjou, le chef supérieur Sa Majesté Jean Rameau Sokoudjou, qui suit d’un œil attentif l’actualité du pays tout autant que son évolution, reste sensible à tout ce qui se passe, et ne cesse de se poser des questions sur ce que le pays devient.

Egal à lui-même, dans sa dernière sortie du 4 juin 2023, il replonge encore les Camerounais dans la réalité, utilisant le langage terre à terre, en parlant comme on le fait au village, un style qu’il a toujours utilisé pour mieux résister au colon dont l’intention était de tout prendre même jusqu’à la langue locale. Pour lui d’ailleurs le Cameroun reste un village avec un chef, où tout le monde doit se comprendre. Un extrait de cette sortie lit : « Que comme ça jusqu’à voici que un village est resté entre nos mains s’éteindre !!! Comme ça qu’on arrivera dire que quoi a ceux qui avaient déjà pris le devant? Qu’on était mort on a gardé le deuil ? Que notre part de chose s’était seulement notre ventre? Ou qu’on était devenu les traversseurs de l’eau et couper le pont ? Vous travaillez comme ça jusqu’à arriver dedans dormir ? Que vous avez mis le village de quelqu’un où ? Qu’on fera quoi de la quantité des enfants qui sont dehors-là qui ne voient pas la tête ou ils passent avec ?

La tête que vous avez arrêté jusqu’à c’est solide entre vos mains c’est laquelle ? Les enfants sont dedans aujourd’hui qu’ils écrivent l’examen, ils vont prendre le morceau de papier pour passer sur quelle tête ? Que ceux qui ont pris pour eux hier ont déjà cherché la tête jusqu’à trouver? Oui, le chef avait dit qu’ils plient les mains d’habits pour entrer au champ, n’est-ce pas la quantité d’engrais les a sortis du champ!!! Voilà la route qui a ramassée les gens jusqu’à ils ont tous finis. Oui, c’est la vérité qu’il y a aussi la main des tireurs de voitures sur ça. Mais la route même qu’on parle quelque chose sur ça comme est où? Tu as mesuré de quitter Bafoussam pour aller à Douala avant de voir la route ? On part que devant ou on rentre derrière ? » A méditer

Auteur: Roland Tsapi