Graves accusations contre Mgr Adalbert Ndzana

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Wed, 14 Jun 2017 Source: Ndzana Seme

Originaire d'un pays dont le gouvernement depuis trois décennies claironne la même chanson, à savoir «attirer les investisseurs étrangers», une camerounaise de la diaspora a répondu à cet appel incessant.

Madame veuve Faure née Anastasie Obono, puisqu'il s'agit d'elle, est une citoyenne française native de Nkolmebem, un village situé à 49 kilomètres de Mbalmayo, département du Nyong-et-Soo.

Anastasie Faure est une laïque, fervente catholique, bénie plus d'une fois par le Pape. Elle vivait avec son feu époux Faure Claude Jacques à l'abri du besoin. A force de parler de la pauvreté qui sévit dans son pays, le Cameroun, son mari Faure ainsi que son ami Monsieur Darbre Claude du canton suisse de Neuchatel, un père adoptif pour elle, lui donnèrent de l'argent pour aller aider les nécessiteux du Cameroun.

En 1996, Anastasie avait déjà construit, sous la supervision de son frère Zacharie (mort il y'a quelques jours), un «chemin de croix» dans son village à Nkolmebem, situé à quelques kilomètres de la Paroisse St Philippe de Ndongko. Il faut rappeler que son père Ondoa Mvondo Jean (mort en 1992) était un charpentier de cette mission catholique voisine.

Pour mieux gérer son site, qu'elle rêve de rendre un espace religieux où les gens peuvent aller se recueillir et l'assistance aux pauvres peut être organisée, Anastasie crée l'Association de Nkolmebem. Monsieur Darbre a de plus en plus envie de collecter les fonds pour transformer le site en une réalité. Une fois, il collecte 40 000 d'euros de Croatie et d'autres missions, et permet le début du chantier.

Il fait réaliser les premiers bâtiments, jusqu'au début de la construction de l'église et sa mort en décembre 2000. Kiefer Joseph et son épouse Hélène, des résidents de St Louis en Alsace qui connaissaient Monsieur Darbre, proposent de soutenir Anastasie jusqu'au bout. Avec leur Association 1901 Huningue, ils n'ont pas beaucoup de succès en matière de quête.

De leur propre poche ils donnent 80 000 euros pour finir la construction de la charpente de l'église. Nevache Jean Pierre, un lyonnais, vient au secours d'Anastasie avec plus de moyens, un million d'euros. L'apothéose! Le site aura désormais une église et d'autres bâtiments disponibles pour les activités d'assistance aux pauvres.

L'entrée en scène d'Adalbert Ndzana et la tragédie

Mais l'inauguration d'une église, suivant l'orthodoxie de l'église catholique, doit être faite par un évêque. On conseille à Anastasie de solliciter l'évêque ayant l'autorité sur Nkolmebem, Monseigneur Adalbert Ndzana de Mabalmayo. Anastasie approche ce dernier pour consacrer son église.

Le 28 janvier 2002, Mgr Adalbert Ndzana consacre l'église de Nkolmebem, une symbolique pose de la première pierre dès lors que les pierres étaient déjà élevées. Mais Adalbert Ndzana annonce une autre visite du chantier. Et une semaine avant celle-ci, l'évêque Ndzana convoque autour de lui beaucoup de personnes pour parler à Madame Anastasie Faure Abono.

En présence d'Ondoa Ondoa Oscar, ancien commandant, du colonel Abessolo Amougou Roger et de Nkodo Atangana Maurice, entre autres personnes, Adalbert Ndzana conseille que, compte tenu de l'insécurité du Cameroun avec des bandits qui peuvent attaquer et tuer la pauvre Anastasie pour voler son argent, il propose qu'elle utilise le compte de l'évêché de Mbalmayo pour recevoir les virements de ses donateurs européens.

Par ailleurs, il propose à Mme Anastasie Faure son neveu Akada Abada, qu'il vante comme un tâcheron très crédible de son évêché. Il dit qu'Akada et lui ont l'habitude de gagner et d'exécuter des marchés de construction des orphelinats, des hôtels, des exploitations agricoles, etc., pour soutenir financièrement son diocèse.

Mgr Adalbert Ndzana présente et donne à Anastasie le numéro du compte bancaire de son diocèse, tenu au Crédit Lyonnais, en la décourageant de continuer de recevoir de tels gros virements dans son compte de Charter Bank. «Quand tu sais qu'un virement est venu, tu viens seulement pour que je retire les fonds et te les donne, comme cela tu es en sécurité», lui dit l'évêque de Mbalmayo.

Anastasie Faure accepte la proposition de l'évêque Ndzana, de même tout le monde présent. Ses cousins et le colonel Abessolo avaient de l'estime et de la confiance en Adalbert Ndzana. Mais c'était l'erreur fatale de Madame Anastasie Faure!

Détournements, menaces et assassinat

Plus tard, toutes les fois que Anastasie se présente à Mgr Adalbert Ndzana pour percevoir l'argent viré par ses donateurs européens, l'évêque de Mbalmayo lui répond systématiquement qu'il n'a rien reçu. Quand elle se présente chez sa secrétaire, feu Caroline Edogue (fille de Christian Tumi), cette dernière lui répond qu'elle ne sait même pas qu'Anastasie a un virement. L'Abbé Mvogo Rigobert, économe du diocèse, répondra un jour à Anastasie qu'il est économe de nom seulement, parce que c'est Adalbert Ndzana qui gère toutes les finances.

En mars 2003, une donatrice européenne informe Anastasie que Mgr Adalbert Ndzana l'accuse d'avoir reçu l'argent et de n'avoir rien investi sur le terrain. Anastasie tombe des nues. Elle porte plainte au tribunal de Mbalmayo contre Akada Abada pour abus de confiance et contre Mgr Adalbert Ndzana pour détournement des fonds publics. L'affaire languit dans les tribunaux, grâce aux avocats de l'évêque qui vont de dilatoire en dilatoire.

Le journal La Nouvelle Expression lance l'un de ses fins limiers, le journaliste d'investigation Souley Onohiolo, dans l'affaire devenue de plus en plus sombre. Le journaliste tombe sur une preuve montrant que Mgr Adalbert Ndzana partageait les fonds reçus des donateurs d'Anastasie avec le Nonce apostolique, S.E Eliseo Antonio Ariotti.

Un relevé d'identité bancaire de l'établissement Crédit Lyonnais-Yaoundé fait état du transfert de 35.988.750 millions de francs Cfa dans les comptes de la Nonciature apostolique au Cameroun. La transaction des fonds, opérée le 31 octobre 2005 (Virement 5286NF00265 0/ Nonciature) est «du diocèse de Mbalmayo», précise le document.

Le Nonce, coincé par la preuve rendue publique, se défend que c'était une erreur de virement, car la nonciature ne reçoit pas les virements des missions locales mais doit plutôt leur envoyer les virements. Il dit que l'argent était retourné à l'évêché de Mbalmayo. Le Crédit Lyonnais vole aussitôt au secours du Nonce, en déclarant que l'erreur était la sienne.

Anastasie Faure comprend qu'elle à faire à toute une mafia. Elle continue ses poursuites judiciaires. Mgr Adalbert Ndzana saisit le chef de l'État Paul Biya, à qui il demande entre autres d'expulser la nommée Anastasie Faure Obono du territoire camerounais pour délit de possession d'une double nationalité.

Dès lors, les membres du gouvernement entrent officiellement dans la danse judiciaire. Atangana Mebara, secrétaire général de la Présidence de la République, se présente même à la barre du tribunal de Mbalmayo pour soutenir Mgr Adalbert Ndzana.

Grégoire Owona se rend à Nkolmebem et rencontre Madame Juliette Etoa, la mère d'Anastasie Faure, 73 ans d'âge, pour lui demander d'influencer sa fille à abandonner ce procès contre Adalbert Ndzana. Owona Grégoire tend 5 000 francs Cfa à la vieille, qui lui répond qu'elle est une pauvre femme qui ne peut pas prendre autant d'argent. Avant de partir, Owona Grégoire avertit Madame Etoa, son fils Zacharie et d'autres présents qu'ils pourraient perdre leurs vies dans cette affaire.

Quelques temps après, Madame Etoa est attaquée, violée, et découpée à la machette par trois jeunes gens, qui la laissent pour morte dans une marre de sang. Mais Yahweh permet à Madame Juliette Etoa de continuer, pendant quelques jours encore, à s'accrocher à la vie, malgré le sang qui gicle de ses blessures à la tête. Elle redevient consciente à l'hôpital, donne les noms de ses trois assassins, avant de rendre l'âme.

Plus tard, après leur arrestation et inculpation et condamnation à 30 ans de prison chacun, les trois jeunes assassins déclareront à la barre que c'est Mgr Adalbert Ndzana qui les avait envoyés assassiner la vieille femme, en promettant de leur payer à chacun 600 000 francs Cfa, avec l'assurance que rien ne leur arriverait parce que Martin Belinga Eboutou les protègera.

Auteur: Ndzana Seme