Guerre en Ukraine: le prof Aimé Bonny décrypte la chronique de son compatriote Alain Foka

Le prof Aimé Bonny et Alain Foka

Wed, 9 Mar 2022 Source: Prof Aimé Bonny

La chronique "Quel camp l'Afrique doit choisir dans la guerre en Ukraine" d'Alain Foka fait partie des sorties les plus suivies et des plus commentées en Afrique, en ce qui concerne cette guerre qui secoue l'Europe mais les répercussions se font également sentir au Cameroun. Le prof Bonny s'est aussi lancé dans cet exercice de décryptage de la sortie de son compatriote. Ci-dessous, ce qu'il y retient.

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Dans une chronique très fournie en enseignements sur la géopolitique qui gouverne le monde, le journaliste émérite Alain FOKA a mis en avant deux faits qui attirent mon attention:

1- un nombre important de pays africains qui ont fait le vide (8 absents et 17 abstentions) lors du vote à l'ONU pour la condamnation de la Russie pour son invasion de l'Ukraine. Une faible majorité (28/54 pays) ayant donné leur quitus aux occidentaux.

2- l'indifférence des occidentaux face à la crise humanitaire qui frappe les africains d'Ukraine.

J'observe que ces deux faits découlent d'une même réalité consubstantielle à la place de l'Afrique dans ce monde fait de domination des uns sur les autres, un monde où les rapports de force sont changeants avec des leviers constants: la puissance économique, militaire, technologique, scientifique (dont la recherche médicale), des références démocratiques permettant un bien-être des populations, l'amour de son peuple.

Aucun desdits leviers n'est un bien partagé par les africains. L'Afrique ne sait (ne veut) être une puissance ni économique, militaire, scientifique, ni technologique. Un socle de démocratie et d'amour pour ses peuples est davantage compliqué dans ce continent.

Des-lors, je m'étonne que nous demandions aux occidentaux d'avoir de l'empathie pour des "migrants" africains, alors que nos gouvernants n'ont que mépris pour ces "aventuriers" qui fuient leurs pays où l'oxygène naturelle est rare et donc la vie suffocante.

Cette guerre d'Ukraine est une énième démonstration de ce que l'Afrique est absente de la sphère décisionnelle des questions de souveraineté mondiale. L'Afrique se sent obligé d'avoir un maître, si ce n'est l'Occident, c'est la Chine ou désormais la Russie. L'abstention de la Chine en faveur de la Russie est un choix assumé, alors que celle des nombreux pays africains est subi. Le non-alignement africain, plus de 60 ans après les indépendances (disons cela comme ça) est donc une preuve du décrochage d'un continent qui refuse de rentrer dans le train de la civilisation".

Auteur: Prof Aimé Bonny