La Chefferie Bandjoun, à l'époque était environ quatre fois plus peuplée que Bayangam. Mais elle ne parvint pas à soumettre Bayangam. Cette guerre éclata vers 1869, sous le règne de Fotso I, fils de Kamga I, à Bandjoun .Fotso I avait une épouse préférée, Massudom, princesse Bayangam, dont le fils accédera plus tard au trône Bandjoun sous le nom de Fotso II. Celui-ci est le grand- père de Ngnié Kamga Joseph, né en 1934 et qui régna, quant à lui, de 1984 au 06 décembre 2003, ainsi que de l'actuel Fo de Bandjoun, Djomo Kamga Honoré qui est au trône depuis avril 2004 .C'est cette complicité familiale qui serait l'une des explications de l'enlisement de cette guerre à la frontière, dans la concession de Tégang.
La cause immédiate de cette guerre fratricide était la politique expansionniste de Fotso I, Fo de Bandjoun. Celui-ci déclare d'abord la guerre à Batoufam, avec pour plan de contourner par là pour prendre à revers Bayangam. Très vigilant, Fo Tchuente protesta à plusieurs reprises, mais sans succès, puis, se résolut à aider les Batoufam à se défendre, ce qui aboutit à l'éclatement de la guerre entre Bandjoun et Bayangam. Fo Tchuente était conscient que si Bandjoun soumettait la Chefferie Batoufam, il lui serait facile d'annexer Bayangam.
La concession de Tégang, située à Nké, à la frontière entre Bandjoun et Bayangam, fut le principal champ de bataille. Pendant neuf ans, la guerre s'y enlisa : Bayangam et Bandjoun ont ainsi eu leur « drôle de guerre ».
Tuegnouo, le commandant des troupes Bandjoun, fut assassiné à la huitième année, et Wabo Gaingueu, le commandant des troupes Bayangam, à la neuvième année. La guerre s'acheva ainsi sans vainqueur ni vaincu, mais avec beaucoup de pertes en vies humaines. Cependant, par cette guerre les Bayangam ont préservé leur souveraineté et celle de Batoufam, et leur Chefferie s'est hissée parmi les grandes Chefferies de la région. On raconte que c'est la mise bas des « jumeaux » par une vache au champ de bataille, et la lassitude des guerriers, qui sont à l'origine de la fin de la guerre.
Après cette guerre, Fo Tchuente réorganisa son village, exécuta d'importants travaux d'intérêt général tant du point de vue politique, économique que social. Il institua des sociétés secrètes telles que Kemdjie, Diemkém, Koom, et des sociétés de classe d'âge assimilées à la société guerrière : Gaindjoung, Madjoung... Le clan d'âge Gaindjoung fut un groupe de jeunes actifs et vigilants, constitué par Fo Tchuente vers la fin de la guerre de neuf ans (1877), chargé spécialement de la surveillance et de la défense du territoire Bayangam. Ce clan se distingua encore entre 1914 et 1916 en ramenant de Fongo Tongo à Bayangam, le crâne de Fo Kom Maleu, ceci avec l'aide d'une princesse Bayangam, mariée à Fongo-Tongo, devenue par la suite Mafo Ngnapnou, dont le dernier successeur est feue Hélène Tchuenkam, fille de Souop Ta-guembou à Nké, et en garantissant la souveraineté de Bayangam face à Bandjoun Tous les fils Bayangam , vaillants soldats qui se sont distingués au cours de cette guerre, furent promus comme cadres supérieurs du village par Fo Tchuente.
Entreprenant et ambitieux, Fo Tchuente eut des alliances solides qui sont d'ailleurs respectées jusqu'ici. Ses principaux alliés furent les Fo de Bana, Bangangté, Bazou, Bandja, Bagarh, Ba-mendjou, Bangoulap. Son adjoint fut Kui Tchassem. Il mourut en 1884, au moment même où le drapeau allemand flotta sur le plateau Joss à Douala .L'Allemagne était représentée au Cameroun par Gustave Nachtigal, Consul Général à Tunis, arrivé à Douala la veille (13 juillet 1884) c'est-à-dire au moment où les Rois côtiers capitulaient devant la colonisation allemande.
La librairie « Fe Tchuente » à Yaoundé est créée par Dzukou Tahouo Michel dit Sa'a Pekù'u, en hommage au valeureux Fo de Bayangam que fut Fo Tchuente Kamsu.
La dynastie Mafo Kamsu est restée aussi dynamique, et Mafo Kamsu Simo Régine, l'une des reines les plus entreprenantes de la seconde moitié du 20e siècle à Bayangam, n'est décédée qu'en Avril 2003, après avoir rendu d'énormes services d'encadrement à la jeunesse Bayangam pendant plus de cinquante ans de règne.
Source Dr Jean Claude Kenmoge.