Identification des cartes sim : Efficacité à améliorer

Thu, 22 Oct 2015 Source: Josiane TCHAKOUNTE

« Encore ? » Presque tous les abonnés contraints de faire identifier -une nouvelle fois- leur carte SIM (puce) depuis août dernier servent presque tous cette réplique. C’est une fois rendue dans une agence de leur opérateur de téléphonie (MTN,Orange, Nexttel ou Camtel) que la majorité est informée de ce qu’une nouvelle campagne d’identification des abonnés est en cours. Problème ? L’information n’a pas suffisamment circulé avant.

Et pour ne rien arranger, les délais accordés étaient jugés relativement courts. « J’ai reçu un message me demandant de me faire identifier dans une agence proche. Sauf que là où je me trouvais, il n’y en avait pas à proximité et le temps de regagner Yaoundé, ma puce a été désactivée », explique une abonnée rencontrée dans un point d’identification à Yaoundé. Comme elle, ils étaient nombreux à prendre d’assaut les différents points de vente et agences des différents opérateurs pour fournir la photocopie de leur carte nationale d’identité (CNI), passeport ou carte de séjour.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les abonnés ne se sont pliés de gaieté de cœur. « Si mon opérateur m’envoie un SMS dans lequel il mentionne mon nom et me demande de venir me faire identifier, c’est à ne rien comprendre, puisqu’il sait à qui il s’adresse et donc qui est détenteur du numéro », s’exclame un autre abonné qui a pris la résolution de ne pas suivre les recommandations de son opérateur. En effet, dans les agences, nombre d’abonnés n’étaient pas à leur première identification, parce qu’ayant déjà fourni la photocopie de la CNI au moment de l’abonnement ou simplement parce que s’étant déjà fait identifier lors de précédentes campagnes.

En effet, l’opération d’identification en cours n’est pas la première. Le 27 mai 2009, un arrêté du ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel) donnait six mois aux opérateurs du secteur pour identifier leurs abonnés. Cette première opération accueillie pour certains abonnés comme de l’espionnage devait aboutir en fin novembre de la même année, à la désactivation ou à la suspension de toutes les puces non-identifiées.

On avait alors vu à l’époque, les détenteurs de mobile se ruer vers les agences munis de fiche d’identification, de photocopie de leur CNI ou passeport (carte de séjour pour les étrangers), d’un plan de localisation, du numéro de téléphone et d’une photo pour se faire identifier. Objectif selon le Minpostel : « proscrire toute utilisation abusive du téléphone portable à des fins attentatoires à l’ordre public ou à la sécurité des citoyens, d’une part et d’autre part, mettre définitivement un terme à la vente à la sauvette, au mépris de la réglementation, des cartes téléphoniques sans aucune identification préalable des abonnés par les opérateurs ».

Pratiquement trois ans après, il fallait répéter l’exercice. Notamment à la faveur d’un décret du Premier ministre, chef du gouvernement signé le 14 juin 2012. Outre les abonnés, il était aussi demandé aux opérateurs, toujours dans un délai de six mois, de faire identifier les terminaux au moment de la souscription à tout service de communications électroniques. Il fallait donc fournir à l’opérateur le numéro d’identité internationale de l’équipement terminal (IMEI) qui permettait en cas de vol de l’appareil de le bloquer pour empêcher son utilisation. Depuis août dernier, les dispositions de ce texte ont été abrogées.

A la place, de nouvelles modalités viennent d’être édictées aux opérateurs pour l’identification des abonnés et des équipements terminaux des réseaux de communications électroniques. Ce nouveau texte apporte une réponse à un manquement jusque-là décrié. La limitation du nombre de puces par abonné. « La réglementation prévoit désormais trois puces par opérateur. Cela signifie qu’un abonné peut détenir trois puces maximum par opérateur. C’est-à-dire douze puces, comme nous avons quatre opérateurs de téléphonie», expliquait récemment Thomas Marcellin Manyanye, sous-directeur des systèmes d’information à l’Agence de régulation des télécommunications (ART) dans une interview accordée à Cameroon Tribune.

Si les prescriptions données sont respectées, on ne devrait plus se retrouver dans la base de données des opérateurs des personnes qui ont enregistré 100 à 200 numéros de téléphone avec une même CNI. Ou pis, quatre abonnés détenant à eux seuls 5000 puces chez un seul opérateur comme l’ont révélé, par le passé, des contrôles du régulateur. L’autre changement attendu aussi est l’arrêt de la vente ambulante des puces. Autre chantier coriace lorsqu’on observe qu’au fil des arrêtés, décrets et autres mises en garde, le commerce continue de prospérer au vu et au su de tous. Pour mettre en application le nouveau texte, les opérateurs ont reçu un délai de 60 jours.

C’est moins que pour les campagnes précédentes. Dès le 3 novembre en principe, le régulateur devrait relancer les contrôles dans les bases de données des opérateurs. Par ailleurs, le nouveau texte demande aux opérateurs de conserver sous format électronique ou numérique les informations relatives à l’identification de leurs abonnés et des équipements terminaux pendant toute la durée de validité de l’abonnement et dix ans après la résiliation. Ce qui voudrait dire qu’en principe, cette campagne d’identification est la dernière.

Auteur: Josiane TCHAKOUNTE