Il l'a reconnu : 'je fais partie de ceux qui ont tué mais je n’ai pas tué'

Les assassins de Simon Mpondo ont été exécutés à mort

Wed, 22 Mar 2023 Source: Arol Ketch

Ce sont là les derniers mots avant que justice ne soit rendue. Dans la nuit du Jeudi 7 juin au Vendredi 8 juin 1979, une famille est décimée à Bonaberi à Douala aux environs du Lycée polyvalent. Le père, la mère et leur enfant de 3 ans sont sauvagement assassinés et leurs corps jetés dans une fosse. Même le chien n’a pas été épargné.

Le bébé âgé de quelques mois est enfermé dans une armoire. Il sera assassiné quelques jours plus tard dans une clinique de la place.

Pour couvrir les véritables commanditaires de cet assassinat horrible qui visiblement étaient au haut sommet de l'État, Njomzeu (le gardien des Mpondo) et Oumbe ont été condamnés à mort en 1980 et exécutés en 1987, emportant avec eux le mystère sur les véritables commanditaires du meurtre.

Après l’élimination de Simon Mpondo et sa famille, une haute personnalité de la République ira en personne rendre visite au père de Simon Mpondo qui était son ami et conseiller. Il lui dit alors : « Je t’avais demandé de parler à ton fils ! On aurait évité ce drame si tu l’avais fait ».

Au petit matin du 28 août 1987, Njomzeu et Oumbé sont réveillés par leurs geôliers de la prison de New-Bell. Lorsqu’ils voient la présence inhabituelle des gendarmes, ils comprennent aussitôt que le glas a sonné. Ils sont conduits sur le lieu de l'exécution. On leur apporte à manger mais ils refusent ce dernier repas et préfèrent plutôt qu’on leur apporte à boire.

On leur sert aussi des cigarettes; seul Njomzeu en prend et garde le paquet jusqu’au poteau. Ils s’entretiennent une dernière fois avec leur avocat, Me Ngon à Bidas.

Envahi par la peur, Njomzeu proteste : “Je ne m'agenouille pas et ne me bandez pas les yeux”. “Je fais partie de ceux qui ont tué mais je n’ai pas tué !”, hurle-t-il.

Agenouillé et attaché de force, il se met à pleurer et lâche: “Je vous laisse avec votre Cameroun!” Oumbe quant à lui est taciturne, il serre les mâchoires et semble se recueillir. Ils sont conduits au poteau d'exécution et la vingtaine de militaires chargés de l'exécution se positionne. En joue ! Feu ! une rafale de balles étouffe les cris des condamnés. La foule se met à applaudir. En effet, ils ont été fusillés sous les yeux de plusieurs centaines de spectateurs.

Les condamnés ont dit avec raison, une phrase pertinente bien avant leur exécution : « Ce sont les journalistes qui ont aggravé notre cas !», ont-ils dit.

Ils ont absolument raison, la presse visiblement aux ordres a mené une couverture biaisée de cette affaire, présentant Njomzeu et Oumbe comme des assassins qu’il fallait absolument abattre, omettant volontairement de mener l’investigation sur les véritables mobiles et commanditaires du crime.

Ils sont les derniers condamnés exécutés de l’histoire du Cameroun ; ils ne doivent pas parler. Ils sont en réalité des boucs émissaires utilisés par la justice pour couvrir les véritables coupables. Ils ont été exécutés alors que le Cameroun n’éxécutait plus les condamnés à mort. C’est comme s’il était question d’enterrer un secret. Qui a tué la famille Mpondo ?

Arol Ketch revient sur l’assassinat de Simon Mpondo et sa famille dans son livre : Rivière de sang.

Auteur: Arol Ketch