Il n'est pas trop tard: lettre pleine d'émotions au Président Paul Biya

Paul Biya Coalition Opposition Les camerounais attendent toujours les résultats officiels de la présidentielle.

Fri, 19 Oct 2018 Source: Aurelien William Tamo

Monsieur le Président que vous a fait la Jeunesse du Cameroun ?

Monsieur le Président de la République, son Excellence Paul Biya, je sais que je prends le risque de ma vie en vous écrivant, mais j'étais déjà mort à ma naissance et en ce moment où je me suis permis de vous écrire, j'ai auprès de moi mon testament et mon cercueil, j'ai aussi un format sur lequel j'ai organisé mes obsèques.

Mais, avant d'entrer enfin dans ce cercueil qui m'attends depuis bien longtemps, permettez-moi de parler la dernière fois.

Je ne parle pas pour moi seul, je parle aussi pour tous ces jeunes, cette multitude qui souffrent et se taisent parce que muselée et nos droits aussi. Nous sommes réduits à rien.

LIRE AUSSI: Ambazonie: la maison de Fru Ndi incendiée et sa soeur kidnappée

Monsieur le Président, qu'est-ce que nous vous avons fait ? Quel crime odieux, irréparable et impardonnable nous vous avons fait pour mériter ce sort qui est le notre : la Misère et la Désolation ?

En 82, où beaucoup d'entre nous n'étaient pas encore né vous êtes devenu Président de la République, vous avez hérité du pouvoir par la Bonté d'un homme qui croyait en vous et avait placé entre vos mains le devenir et l'espoir de tout un peuple, l'espoir d'un Cameroun prospère, uni et en paix. Et vois n'aviez que 49ans. Mais quel bilan !?

Pendant 36ans et bien plus(depuis l'entrée au gouvernement sous le Président Ahidjo), le Cameroun vous tout donné. Nous vois avons tout donné. Quoi ? Que demandez-vous de plus ?

Vous nous avez oublié. Vous et votre système avez muselé nos droits.

Nous sommes réduits à rien,

Nous ne comptons pas,

Nous n'existons pas,

Nous n'avons jamais demandé plus que les miettes qui tombent de votre table,

Nous voulions juste nous exprimer, nous qui avons de la bravoure, des talents inimaginables, capables de tant de choses, de prodiges, mais jamais on nous a donné notre chance. Pas une seule. Vraiment pas une seule.

Qu'est ce que nous vous avons fait. Oui Qu'avons-nous fait au juste M le Président ?

36ans nous vois avons tout donné. Mais voici ce que nous avons reçu :

Le chômage,

La Corruption,

L'intimidation,

Les souffrances multiples,

Le desespoir

La faim(fevrier2008)

Nous sommes prives de nos droits et libertés,

Pour ceux qui veulent parler ils s'exilent afin d'oser,

Nous sommes vraiment muselés.

Sous le poids de ses souffrances multiples, sous le poids de ces misères, nous la Jeunesse nous sommes entrés dans Boko Haram pour avoir un peu de pain, mais comme des souris et des rats, vos balles nous ont tués, nous sommes devenus des ambazoniens, vos balles et vos chars encore nous tuent. Aujourd'hui, démocratiquement nous vous avons demandé d'aller vous reposer(un repos mérité d'ailleurs après 36ans de travail acharné, je voudrais penser). Mais voilà que vous voulez nous voler notre victoire, la victoire d'une Jeunesse assoiffée de changement qui peut stimuler et faire renaître de ses cendres un espoir évanoui, trépassé. Pourtant vous vouliez qu'on retienne de vous l'homme démocrate qui a apporté la Démocratie au Cameroun.

LIRE AUSSI: Rejet de la requête de Kamto: Eric Kingue clash le Conseil Constitutionnel

Vous nous parlez de paix pourtant c'est vous qui muselez nos droits, c'est vous qui nous laissez dans le chômage, c'est vous qui nous emprisonnez et nous tue comme des rats.

Enfin, que nous restent-ils ? Les cimetières ont la bouche grande ouverte pour nous ensevelir par centaine de milliers.

Oui nous sommes des rats et se faisant nous voici : Nous venons à vous, à vos balles et à vos chars, à vos soldats prêts à nous tuer au moindre faits et gestes. Nous sommes venus nous livrer à vous, à vos chars et autres. Finissez avec nous. Tuez-nous et finissez-en une fois pour toute avec nous et restez vivre à jamais. Longue vie à vous.

Cette nuit où je vous écrit, c'est avec des larmes de sang, les larmes de la passion d'une Jeunesse sacrificée. Mais quel est le motif de ce rite sacrificiel auquel nous sommes conduit ? La passion du Christ avait un Motif : Le Roi des juifs. Quel est le notre : Des rats bon à tuer, ou bien Sacrifice qui pérennise votre pouvoir ? Que nous reproche-t-on ? Qu'avons-nous fait ? Quel est notre tord ?

2018. Nous avons cru au changement. Va-t-il vraiment arrivé ? Nous sommes pessi-et-opti. Mais au final nous ne savons plus à quel saint nous vouer.

2018. C'est l'année de toutes les haines tribales. Vous avez laissé vos gens nous dresser les uns contre les autres, pourtant nous la Jeunesse, nous souffrons d'un même cancer, de la même misère, de la même souffrance. Nous voulons juste être des camerounais et en être heureux. Je suis du Nord, je suis du Sud, je suis de l'Est, je suis de l'Ouest. Je suis francophone, je suis anglophone. Je suis tout simplement camerounais. Le Cameroun est ma seule et unique TRIBUS.

On dit que nous voulons descendre dans la rue. Mais nous y sommes déjà. Nos parents nous ont déposé là à notre naissance. C'est là que nous vivons. Nous n'avons pas de maison, nous n'avons pas d'eau, nous buvons le torrent qui coulent dans les rigoles. Nous discutons la rue avec les rats nos semblables, nos frères. Eux au moins ils nous laissent les restes de leur nourriture. Nous mangeons à leur table, nous dormons avec eux, ils nous comprennent. Ils nous apprennent la prostitution, l'homosexualité, le banditisme, les jeux du hasard. La rue nous y sommes depuis la naissance. La rue, c'est notre maison.

Monsieur le Président, je parle à un Père qui aime et écoute ses enfants. Vous dites que vous aimez le Cameroun. Prouvez-nous. Papa, s'il te plait repose-toi. Nous avons besoin de toi. Ravonte-nous les histoires du passé. Papa repose-toi. Tu es fatigué, ne laisse pas le travail t'enlever sitôt à nous. Pardon Papa repose-toi.

M le Président, vous pouvez encore tout changer. Il n'est pas trop tard. Restituez au peuple son droit. Donnez-nous la chance de croire, d'espérer, de rêver, parce que même les rêves nous n'avons plus.

LIRE AUSSI: Contentieux électoral: le Conseil constitutionnel rejette le recours du SDF

Nous avons peur pour mon Pays. Pays où nous la Jeunesse nous sommes des étrangers. Combien nous sommes morts et nos corps introuvables, nos corps perdus dans la mer, au Lybie, au désert. Nous souffrons au Koweït, en Lybie. Étranger au Cameroun, nous cherchons des abris. Il pleut sur nous. Le soleil du désert nous brûlé et nous tue. Nous sommes oubliés, nous sommes rejetés. Nous sommes des parias.

LA RUE, NOUS Y SOMMES DEPUIS LA NAISSANCE. LA RUE C'EST NOTRE DEMEURE.

Auteur: Aurelien William Tamo