Il était une fois, au Collège Adventiste de Yaoundé, une collégienne de 16 ans que l’on imaginait déjà promise à un avenir radieux.
Après tout, quoi de mieux qu’un établissement réputé pour sa rigueur et sa discipline pour forger l’excellence ? Sauf que, dans un monde où les valeurs semblent inversées, il ne faut plus se fier aux apparences, même dans les endroits les plus sanctifiés.
Un jour, une vidéo fait irruption sur les réseaux : on y voit cette jeune fille, en uniforme, engagée dans une scène intime avec cinq (05) garçons.
Instantanément, c’est la ruée vers l’indignation.
La Toile s’embrase, la morale s’insurge, les jugements pleuvent. Pourtant, ce même public, si prompt à hurler son dégoût, sera le premier à l’encourager lorsqu’elle décidera de capitaliser sur ce scandale.
Conséquence immédiate ?
Son exclusion de l’école. Comme si ce geste héroïque allait subitement dissiper le problème. Comme si, en apposant une étiquette de "paria" sur sa blouse, on effaçait d’un coup la responsabilité collective.
Mais vous savez quoi ? Son destin, loin d’être brisé, ne fait probablement que commencer.
Donnez-lui quelques mois.
Vous la verrez ouvrir ses pages sur les réseaux, accumuler les millions de vues, et se faire inviter sur les plateaux TV pour livrer son récit tragico-glorieux : l’histoire d’une jeune fille qui "a beaucoup souffert mais qui s’est relevée".
La société, évidemment, l’absoudra et, mieux encore, la récompensera.
Dans six mois, elle deviendra égérie et brand ambassador de grandes marques.
Dans un an, elle fera la tournée des événements prestigieux, parade glamour devant les caméras, et publiera un livre avec un titre évocateur : "Victime de mon époque" ou quelque chose du genre.
Elle enchaînera alors les interviews, se verra confier une émission de téléréalité… Tout en inspirant de jeunes adolescentes qui, par millions, boiront ses paroles comme le nectar de la réussite.
Voilà où nous en sommes. Une société où l’effort est tourné en dérision, tandis que l’indécence est érigée en tremplin vers la célébrité.
La faute à qui ?
À elle seule ?
Soyons sérieux !
Des situations similaires dorment dans nos téléphones, dans nos maisons, parfois pires. Si cette histoire choque autant, c’est qu’elle s’est simplement étalée au grand jour.
Et puis, parlons-en, cette exclusion : solution ou cache-misère ?
Quid des cinq (05) garçons ?
Ont-ils été sanctionnés avec la même sévérité ?
Ou sommes-nous repartis pour un énième numéro de « c’est toujours la faute de la fille » ?
Pendant ce temps, nous, qui bataillons depuis une décennie pour promouvoir l’effort, le travail, l’entrepreneuriat, qui jonglons avec 800 idées par seconde chaque fois que la vie nous met des bâtons dans les roues, nous qui avons accepté qu'ON NE PLEURE PAS après des échecs, on nous cloue au pilori comme bandits, escrocs ou voleurs.
Mais elle, si elle joue bien le jeu du buzz, dans quelques années, elle sera consacrée "icône" par ce même système.
Alors, ne venez pas feindre la surprise ou jouer les moralistes offensés.
C’est la jeunesse que nous avons façonnée. Nous n’avons plus le luxe de la renier : ASSUMONS.
Dr Claudel NOUBISSIE