Le 23 avril 1995, le père jésuite Engelbert Mveng est retrouvé étranglé, couché dans son lit face au plafond.
Des traces de sang sont présentes sur le lit, la chambre est sens dessous. Un désordre général; des livres, des documents, des vêtements et autres linges éparpillés partout.
Le père Mveng est étalé sur son lit le corps dénudé, couché de travers, les mains en croix, les pieds pendant au sol. On retrouve à ses côtés une serviette visiblement utilisée par les conjurés pour réaliser leur sale besogne.
Les assassins connaissaient le programme du père Mveng. Ils vont profiter de l’absence du père Mveng ce soir -là pour s’introduire discrètement dans son domicile et se terrer en attendant son retour.
Leur mission terminée, les criminels sont ressortis par la fenêtre et ont fondu dans la nature sans faire de bruit.
Mais qui est Engelbert MVENG ?
Engelbert Mveng est un prêtre jésuite camerounais, auteur dans les domaines de l’art, l’histoire, l’anthropologie et la théologie.
Il est né le 9 mai 1930 à Enam-Ngal, village de la commune de Ngoulémakong dans la région du Sud.
En 1951, il intègre le noviciat jésuite de Djuma dans le diocèse de Kikwit en République démocratique du Congo. Le 22 Septembre 1953, il fait sa première profession.
Il se rend par la suite en Belgique (de 1954 et 1958) dans la ville de Wépion où il va poursuivre ses études philosophiques entamées à Djuma. Cursus qu’il va parachever à Paris.
Au terme de ses études en philosophie, il est envoyé au Cameroun comme stagiaire au Collège Libermann de Douala de 1958 à 1960.
A la suite de ce stage, il retourne en France pour des études théologie au philosophat de Chantilly et au théologat de Fourvière dans la ville de Lyon. Au terme de ces études, il est ordonné prêtre le 7 septembre 1963 et devient par la même occasion le premier prêtre jésuite camerounais. En 1964, il soutient une thèse de 3e cycle en théologie intitulée “Paganisme et christianisme : christianisation de la civilisation païenne de l'Afrique romaine d'après la correspondance de saint Augustin”.
Assoiffé de connaissances et la recherche perpétuelle du savoir, il soutient une thèse d’Etat en Histoire en 1972. Cette thèse est intitulé : “ Les sources grecques de l’histoire négro-africaine depuis Homère jusqu’à Strabon”. Il enseigne l’histoire à l’université de Yaoundé.
Il se met entièrement au service de l’église. Il est le cofondateur d’une congrégation religieuse d’inspiration africaine : Les Béatitudes.
Philosophe, théologien, historien, anthropologue, homme d’art; il avait plusieurs talents. Un artisan de l’inter et de la pluridisciplinarité.
En tant que théologien, il est l’un des ambassadeurs d’une théologie africaine. Selon lui, la théologie en Afrique doit prendre en compte le contexte africain et doit collaborer avec les sciences humaines pour rejoindre l'africain dans son contexte et dans sa culture.
Historien chevronné, il avait à cœur de contribuer à vulgariser la vraie Histoire de l’Afrique afin de permettre aux africains de connaître leur Histoire. On lui doit notamment l’ouvrage : “Histoire du Cameroun” paru en 1963.
Je raconte son assassinat dans mon livre : “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”