Il y a un net recul des libertés

Fri, 1 Apr 2016 Source: Ahmadou séhou

Quelle lecture faites-vous de la répression ambiante des manifestations organisées par l'opposition, la société civile… ?

Il est profondément regrettable que la répression à outrance soit encore la seule réponse que trouve à utiliser le régime face aux manifestations ou autres formes de revendications.

Pour un pays qui se dit démocratique, gouverné par un parti qui se veut tout aussi démocratique, c'est une contradiction flagrante entre les discours affichés et les réalités du terrain au plan national. Dans un pays civilisé, il est urgent et important d'employer des méthodes civilisées pour écouter et répondre aux multiples demandes sociales et politiques.

Tout semble montrer qu'après 25 ans de transition démocratique, les autocrates et les thuriféraires du non au multipartisme ont encore la main et continuent à dicter leurs lois à l'ensemble de la nation.

C'est une attitude liberticide et conservatrice qui freine le développement national et qui ne vise qu'au maintien d'un certain statu quo préjudiciable à long terme, même à ses initiateurs ou promoteurs.

Le Cameroun a atteint une maturité suffisante pour que ses fils et filles puissent dialoguer et régler leurs divergences de manière apaisée et dans l'intérêt de l'ensemble de ses habitants.

Est-il excessif d'afãrmer qu'on assiste à un recul des libertés vu que les Camerounais n'arrivent plus à s'exprimer ?

Il n'est pas excessif aujourd'hui de constater ou d'affirmer qu'il y a un net recul des libertés et des moyens de leur expression. Si nous prenons le cas des manifestations publiques, les lois de 1990 les situent au niveau de la simple déclaration auprès des autorités administratives.

Ceci dans une attitude positive de permettre aux forces de maintien de l'ordre de faciliter leur encadrement et leur déroulement. Que constatet­on aujourd'hui? L'autorisation préalable a remplacé partout la déclaration et de plus en plus, même les manifestations autorisées sont interrompues ou perturbées par ceux­là mêmes qui devaient faciliter leur tenue.

L'interdiction est devenue la norme là où la simple déclaration était exigée par la loi. Dans la même logique, la liberté d'expression est constamment violée: d'abord par le refus d'accorder des licences aux entreprises de presse, les faisant évoluer dans un statut arbitraire et illégal, qui plombe leur déploiement et leur liberté d'action? malgré la suppression de la censure administrative, on constate de plus en plus l'interdiction des conférences­débats ou des cérémonies de dédicaces d'ouvrages, qui en principe devaient se tenir librement.

Auteur: Ahmadou séhou