Par rapport à l'année dernière, le niveau d'eau a augmenté. » Cette conclusion sentencieuse, faisant référence aux grandes inondations du 20 au 21 juin 2015 à Douala, est d'Albert E. Habitant de Bonapriso, derrière « l'Ecole des garçons », les débordements de la forte pluie du 22 au 23 juin passé, il les a ressentis dans sa chair. En effet, lorsque l'averse commence mercredi dernier aux environs de 23h, le jeune homme ne s'en inquiète pas outre mesure et s'endort bercé par la cadence des gouttes sur le toit familial et dans la nuit. Surtout que le domicile est un peu surélevé. Sauf qu'aux alentours de 2h30 jeudi, une odeur monte, qui annonce à tous que les eaux sont là, avec le contingent de détritus qu'elles charrient sur leur passage.
La maisonnée se réveille, on accroche le nécessaire pour le mettre hors de portée des inondations et tout le monde se rendort. « Je me disais que l'eau ne pourrait pas monter jusqu'à mon lit. Et puis, j'ai deux matelas superposés. » Mauvaise prévision parce qu'à 4h30, Albert est réveillé par une sensation d'humidité. Quand il ouvre les yeux, il se rend compte que ses draps sont mouillés. En essayant de s'asseoir sur sa couche, il s'enfonce dans un liquide sale et nauséabond. L'eau est bel et bien montée jusqu'à lui. Il ne se rendormira pas, comme le reste de la famille. A 6h30, les eaux se retirent. Et le grand ménage commence. Le même jour, Albert E. déménage.
Son amertume, elle est surtout tournée vers les autorités, notamment la Communauté urbaine de Douala : « L'année dernière, [elle] avait annoncé que l'argent est déjà disponible pour la construction et l'aménagement des drains et le curage des caniveaux. Que les travaux devaient commencer en septembre (2015, Ndlr). Mais rien n'a été fait. Nous voici un an après avec les mêmes problèmes. » Les mêmes problèmes, les habitants de Makepe-Missoke, au lieudit « Pont cassé » les ont aussi. Eux qui ont même vu débarquer la Marine nationale avec ses équipements, venue renforcer l'action des sapeurs-pompiers pour des opérations et participer à l'évacuation des sinistrés. Makepe-Missoke est le témoignage même du degré de sinistre de l'arrondissement de Douala V. A tel point que les autorités de la circonscription, menées par le sous-préfet Jean-Marie Tchakui, sont descendues sur le terrain et ont trempé les pieds dans l'eau pour mesurer l'ampleur des dégâts.
Les endroits de la ville sous les eaux se sont multipliés, avec deux causes principales. Soit la proximité avec les cours d'eau qui traversent les quartiers : le Mbanya du côté d'Akwa-nord jusqu'à Bassa, le Kondi à PK8, Bonabéri qui est bordé par le Wouri, entre autres. Soit les caniveaux et drains bouchés par tous genres de déchets. Il est maintenant question d'attendre les mesures préventives des pouvoirs publics.