Le 17 Janvier 2023, le journaliste ZOGO Martinez, chef d’antenne de la radio « Amplitude FM », émettant dans la capitale camerounaise, a été enlevé non loin de son lieu de travail. L’intéressé serait toujours séquestré par ses ravisseurs, ce qui plonge ses amis, ses collègues et sa famille, dans une tristesse compréhensible, et suscite des inquiétudes légitimes bien au-delà.
Le journaliste, connu pour être très critique, passionné par son métier et très versé dans de multiples investigations, avait déjà passé des mois au pénitencier, pour des faits de diffamation et de dénonciation calomnieuse.
Le MPDR regrette infiniment cet événement qui arrive au même moment où plusieurs journalistes s’estiment menacés, et alors que le directeur de publication du pionnier des quotidiens du pays, « Le Messager », a passé plusieurs heures d’interrogatoire dans les services de la gendarmerie, en dépit d’une santé plus que délicate, pour une énième mise en cause pour diffamation et dénonciation calomnieuse.
Le MPDR tout en rappelant la mise en garde du chef de l’Etat le 31 Décembre 2022 lors de son adresse à la nation, relativement à l’usage abusive des réseaux sociaux résultant en des atteintes à l’honneur, à l’amour propre ainsi qu’à la vie privée des gens, rappelle sa position de principe en faveur d’une dépénalisation des délits de presse. C’est devenu pressant et urgent, même si le principe fait encore débat.
Le MPDR manifeste sa solidarité avec les journalistes dont la place, le rôle et l’importance dans une société moderne, n’est plus à démontrer, mais continue de rappeler que pour aucune raison, notre mouvement ne saurait soutenir ni tolérer certains écarts ni travers volontaires qui constituent des dangers réels pour la préservation de l’unité nationale, l’intégrité territoriale et le vivre ensemble.
Le MPDR rappelle que si la liberté du journaliste doit absolument être sauvegardée, défendue et protégée, ceux-ci en retour devraient s’imposer certaines limites de manière à se prémunir contre des procédures vexatoires et autres tentatives criminelles de porter atteinte à leur intégrité physique par des individus sans foi ni loi, effectivement outragés, ou effectivement gênés par certaines vérités.
Le MPDR recommande vivement aux auteurs de l’enlèvement et la séquestration de Martinez ZOGO, de lui rendre sa liberté et d’engager éventuellement contre lui, toute procédure de mise en cause publique, transparente et officielle conformément aux lois de notre pays.
Le MPDR recommande instamment au Ministre de la communication, de tenir au plus vite un point de presse sur cette affaire pour rassurer le pays, et tranquilliser les journalistes dont certains ne pensent plus qu’à entrer dans la clandestinité et mieux à s’expatrier par tous les moyens et par toutes les voies. En effet personne ne doit partir, nous devons tous assumer notre pays, et assumer son destin.
Le MPDR, invite en conséquence les journalistes à rester au pays et à continuer à faire convenablement leur travail, mais tout en ayant conscience que la dissémination des documents officiels sensibles, demeure la pierre d’achoppement qui conduit inéluctablement à des conflits sévères avec tantôt les pouvoirs publics, et tantôt certains milieux intéressés ou trahis par cette démarche à première vue courageuse et potentiellement chargée de dangers.
Le MPDR saisit l’occasion pour rappeler sa conviction selon laquelle seule la voie du dialogue, de la tolérance et de la réconciliation dans tous les sens du terme, demeure le sable, le gravier, le ciment et la colle pour conduire notre pays vers la gare du progrès et de la modernité. La violence, quelle vienne du bas ou du haut, de la rue ou des hautes sphères du pouvoir d’Etat, ne peut que nous détruire et nous diviser davantage. D’où l’exigence absolue, citoyenne et patriotique du sens élevé de la responsabilité en toute chose, dans nos démarches, déclarations, positionnements, jugements, analyses, réponses et initiatives./.