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‘J’ai eu mal au cœur en réalisant que le stade de Garoua ne portait de Issa Hayatou’

‘J’ai eu mal au cœur en réalisant que le stade de Garoua ne portait de Issa Hayatou’

Tue, 1 Feb 2022 Source: Christelle Nadia Fotso

Christelle Nadia Fotso, la fille du riche homme d’affaires camerounais Victor Fotso commente la CAN 2021. Elle déplore le fait que les autorités camerounaises n’aient pas rendu un hommage à l’ancien président de la Confédération africaine de football Issa Hayatou. Le Camerounais, devrait voir le stade de Garoua porter son nom selon Cristelle Fotso.

CamerounWeb vous propose l’intégralité de la tribune de Christelle Nadia Fotso

Lorsque l’Egypte élimine la Côte d’Ivoire, mon seul regret est que ce ne soit pas encore une fois les Lions qui coupent la trompe des Éléphants…Contrairement à certains, je n’avais pas eu besoin d’excuses pour soutenir l’Egypte en me rappelant 2005… Du coup, j’ai appelé tous mes confrères et amis Ivoiriens pour leur mimer l’Abidjanaise en terminant par cette fameuse phrase rendue célèbre dans les années 2000 : faut seulement couper, faut décaler. Je leur ai promis qu’on les vengerait en battant l’Egypte, gagner notre 6ème CAN et enfin dépasser le record égyptien en remportant notre 7ème trophée en Côte d’Ivoire l’année prochaine… S’il y a bien un cadre où le manque de solidarité africaine et les provocations sont défendables c’est le sport…Hier le Canada a battu les Etats-Unis compromettant ses chances de qualification pour le Mondial au Qatar, les Canadiens en ont fait beaucoup, parfois même trop… cela m’a fait mal au cœur mais bon, on se vengera sur un terrain de foot…Tout cela pour dire que les rivalités africaines féroces sont normales et inoffensives en sport si elles ne vont pas plus loin mais évidemment, le problème est qu’elles vont plus loin, trop loin…Tout comme les Fotso et les Camerounais, les Africains se bouffent entre eux particulièrement lorsqu’ils sont francophones !

J’ai passé tout l’été 2019 dans une clinique bruxelloise…tous ceux qui connaissent la Belgique savent que le staff médical est souvent africain, beaucoup de Congolais (RDC) et de Marocains.. Les infirmières congolaises ont été avec moi d’une méchanceté sidérante. En arrivant, elles ont vu mon nom, m’ont dit ah Camerounaise et se sont lâchées ! Je devais recevoir une injection tous les matins, lorsque l’ infirmière était Congolaise, elle s’arrangeait pour me faire autant mal que possible…Il y en avait une qui faisait tout pour martyriser la plaie de 20 cm que j’avais sur le corps, en voulant me faire mal, elle a rouvert la plaie qui n’était pas cicatrisée ! Ces infirmières me trouvaient trop arrogante…Je les vouvoyais…connaissais mes droits…refusais de devenir leur copine ou leur négresse..

Les infirmières les plus professionnelles étaient les quelques Rwandaises et les Flamandes… toutes quasiment mal à l’aise devant l’attitude de leurs collègues…Les autres regardaient africaneries avec amusement confortées dans leur complexe de supériorité…Le manque de solidarité africaine peut se justifier en sport mais embarrasse parce qu’il rappelle la négrophobie africaine, cette haine de soi tenace qui justifie les pires des vacheries dont sont capables les “Africains”entre eux dans la vie réelle et immédiate qu’ils justifieront toujours en parlant de la méchanceté ou de l’arrogance de l’autre, de l’Africain ou du noir…il faut être brutal, mauvais, méchant, petit, sauvage…

Mon père a eu ses pires détracteurs dans son propre pays et sur son continent. Je n’en citerai aucun mais je dirai que c’est eux qui sont derrière "Je la dis que" et qui entretienne ce spectacle pour sortir le Dernier Bamiléké de l’Histoire. Ils n’ont pas pu le vaincre lorsqu’il était fort et ont simplement utilisé un cheval de Troie pour le njitaper. Oui les rivalités sont normales entre Africains mais dans trop de cas, elles ensauvagent,.. A une certaine époque, il y avait des choses qu’on ne se faisait pas lorsqu’on venait d’Afrique et surtout du même pays au nom de valeurs communes. Les hommes d’affaires de la trempe de Victor Fotso dans les Grassfields, au Cameroun et en Afrique s’interdisaient beaucoup parce qu’ils savaient qu’ils se trouvaient sur le même paquebot…les coups bas pouvaient faire gagner une affaire mais se retourneraient toujours contre eux en confirmant aux autres qu’il était possible de les utiliser les uns contre les autres en cassant l’ensemble.

Il y a Issa Hayatou…J’ai eu mal au cœur en réalisant que le Stade de Garoua ne portait pas son nom…Baudelaire affirmait que les grandes nations ont de grands hommes malgré elles…le cas de l’ancien et plus grand président de la Confédération Africaine de Football le confirme…Une CAN au Cameroun, peu pour ne pas dire pas de reconnaissance pour Hayatou…Lui qui a servi son pays et son continent dans un environnement difficile et hostile en faisant preuve d’une habileté remarquable. Oublier, effacer un tel homme n’est possible et facile que dans un pays sans mémoire qui mange sa chair et boit son sang.

Cependant, il faut avoir de la mémoire..2002. Issa Hayatou est candidat pour devenir Président de la FIFA. Son concurrent Sepp Blatter réussit à diviser les Africains et achète d’illustres footballeurs Camerounais qui sans aucun état d’âme poignardent leur frère ….Il y a la façon dont la FIFA fait sortir ce grand du Cameroun de la scène sans protestations camerounaises ou africaines… Aujourd’hui, avec une vénalité convenue, beaucoup hurlent qu’il faut respecter le Cameroun , sa CAN, l’Afrique, la CAN alors que les Camerounais et les Africains font trop spectaculairement la démonstration qu’ils ne sont pas respectables et ne parlent respect que manger et boire.

Monsieur Hayatou, j’ai une pensé pour vous que je n’ai jamais rencontré. Vous avez duré et votre bilan peut et devrait être défendu surtout que vos successeurs trébuchent en réalisant combien l’exercice du pouvoir sur le continent est périlleux. Le Cameroun vous a eu malgré lui… l’histoire vous ouvrira ses portes malgré les vôtres. Mère et fille d’un monument, je sais en reconnaître un autre que je salue respectueusement de son vivant.

Auteur: Christelle Nadia Fotso