Paul Biya et Chantal lors d'une campagne électorale en 2018
Aucun peuple, aucune Nation, retenons-le, n'a jamais triomphé de la haine par la haine !
Abominable ! Une de ces escalades du pire, dans un jeu mortel où des « intellectuels » et maîtres à penser dans l’opinion, devenus des animateurs de nos « milles collines », à nous, s’adonnent à une surenchère par semaine. C’est à celui qui trouvera les bons mots, assénera le bon direct : partagez, partagez, connectez-vous à « moi, moi, moi » ! Voilà donc la pathologie des années Biya. Triste héritage !
A la vue de l’œil qui indique les 300 ou 2000 vues, on pète les plombs : ou ka youa ? On répond à Lamberton par les coups de menton. On répète comme un maitre enragé la bonne accroche dans sa langue maternelle. On cherche l’image choc. On dandine sur l’argument percutant pour mobiliser les frères et sœurs : la fameuse communauté ! Pour se défendre. Pour affirmer sa supériorité. Pour répondre au coup pour coup. Des talions tropicaux, flattés par la cohue des followers. L’amphi virtuel, animé par le grand prof !
Grisés par les frères qui disent se réveiller enfin. Encouragés par le tchan tchan : cotisations en ligne, sur site dans les manifs pour la cause. On la croyait, voulait pacifique. On la découvre guerrière : « brûlez, casser les bêtises ». Oui la bêtise ! On est pris dans son tsunami. O paloooooo !!!! Où êtes-vous Ouandié ? Où es-tu Ndachi Tagné ? Où est Paul Dakeyo ? Pour dire NON ! Pour dire que rien ne sortira de la réaction. Rien ne se construira de la vengeance : « des anglophones, des années de stigmatisation, des années de haine subie.. »
J’ai lu que l’on demande au MRC, le parti de Maurice Kamto, de condamner. De prendre ses distances. De se désolidariser. De le renier….
Je suis, alors, allé dans les poubelles de nos horreurs. J’y ai retrouvé aussi abject, sinon pire :
- Le patriarche Onambélé Zibi et ses saillies d’une atroce violence contre les Bamiléké, n’hésitant pas une seconde à appeler à la constitution d’une phalange de soldats en coupe-coupe, délaissant leurs champs de cacao pour trancher du « cochon »
- Le ministre André Mama Fouda et cette hallucinante réunion des élites du Mfoundi, en 2008, véritable ligue d’extrême droite locale, réunie à ciel ouvert, pour demander à des populations camerounaises de déguerpir. Ouste les Graffis !
- Les barricades dressées, il y’a 20 ans, contre Monseigneur Wouking, alors appointé par le Vatican, archevêque de Yaoundé. Quoi ? Un Bamiléké tronant à la cathédrale Notre Dame des Victoires ? NON de DIEU !
- Les propos de journalistes, Ernest Obama, Journal Essingan, Jean-Jacques Ze, sur les « chiens, les rats, les sous-hommes… », ces villages à raser, éradiquer, détruire par ceux qui possèdent. Ceux qui ont le pouvoir !
Ces personnalités sont ou ont été des pontes, dignitaires et figures du RDPC, le parti dit au pouvoir. Ces journalistes soutiennent ouvertement le régime. Sans complexe, avec morgue et fierté. Aucun appel à se désolidariser. Aucun rapprochement avec l’ethnie de Paul Biya. Aucun lien trouvé avec son parti…
Je suis allé dans le dark Internet, les catacombes de facebook et les grottes. J’y ai retrouvé :
- Les vidéos d’apprenti tonton macoute de Eone Eone, alias Amer Kamer
- Les posts hallucinants de haine de Calixthe Beyala
- Le butin macabre des sorties digitales de Mathias Eric Owono Nguini, l’homme qui a enfanté le sinueux concept de Tontinard, boite de pandore des dérives langagières actuelles.
Personne ne s’étonne que Eone Eone, alias Amer Kamer, dont la vidéo signalée à Facebook, appelait clairement à l’extermination des Bamiléké, soit l’un des fantassins des « Patriotes », financé pour casser les « Tontinards » à Genève, leur donner le change sur les réseaux sociaux, les dégommer à la moindre occasion.
Pour vaincre le tribalisme qui étend son empire, il faut d’abord être juste, balayer tous les recoins de la maison Cameroun, soulever tous les tapis où se cache cette poussière : débusquer et condamner les clairons de la haine chez Nganang, oui. Le faire, systématiquement, sans coup férir, pour tous les autres animateurs des mille collines du Cameroun.
On n’a pas besoin d’être Bamiléké pour demander justice pour Kamto, militer pour un Etat de doit et les droits humains. Oui, parce que la prison, c'est aussi pour Ekoka, Abe, Ndoki, des enfants du Cameroun. On n’a pas besoin d’être Ekang pour être « Patriote » ! On a juste besoin de construire en chacun de nous une citoyenneté camerounaise. Celle qui fait qu’on peut être fier du patrimoine du royaume Bamoun, sans y être assigné à résidence politique, identitaire. Celle qui fait que l’on peut être fier d’être Bassa, sans pour autant s’échiner à regrouper ses frères et sœurs du village pour s’attaquer en groupe aux autres.
Au Rwanda, pas loin de chez nous, où le pire est allé dans les profondeurs de l’horreur, en Afrique du Sud, où la haine était une politique d’Etat, ils ont réhabilité les principes ancestraux du Gachaça et de l’ Ubuntu pour exorciser la loi du talion, la culture de la revanche, réapprendre à chacun à parler d’amour et de fraternité. Nous avons besoin que ces frères d’Afrique nous préviennent des torrents de la bêtise et de la haine !