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'Je ne connaissais pas Ekoka, je ne savais pas que mon frère était Vice-président d'Act-Agir'

Ekoka Camerounweb Christian Penda Ekoka, coordonnateur du SCSI

Wed, 25 Aug 2021 Source: Nadia Fotso

Dans une tribune publiée ce mercredi 25 août 2021, Nadia Fotso rend à sa manière hommage à Christian Penda Ekoka, l'ancien conseillé de Paul Biya décédé il y a quelques jours. Dans sa tribune, que la rédaction de CamerounWeb vous propose, la fille du feu milliardaire Victor Fotso a fait un commentaire sur Yap Boum II, l'auteur du communiqué du mouvement AGIR-ACT qui interdit aux détracteurs d'Ekoka de participer aux obsèques de ce dernier.

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Les deuils sont atroces...lorsqu'on perd un parent, il y a la douleur mais il y a aussi ce qui suit...l'absence, le manque, l'enterrement, tout le reste... Il est difficile et inconcevable de ne que se lamenter. Lorsque le mort est un personnage public, le deuil devient un véritable chemin de croix particulièrement dans l'absurdistan qu'est le Bantoukistan...Je le sais d'autant plus que je reste sous le choc, pétrifiée par le fait qu'on m'ait volé mon deuil ! Je n'ai pas pu pleurer mon fils, mon père. Pour quasiment tout le monde, il était d'abord et seulement Victor Fotso et non un mort abandonné après un njitapage possible parce qu'il y a eu de la corruption, on a faroté...

Je n'oublierai jamais la façon dont j'apprends sa mort, du silence de tant de personnes qui l'avaient connu par moi et qui n'ont pas eu un mot de condoléances. Ils ne voyaient que l'argent et le jeu politique pas la fille et la mère...Je ne vois toujours que Fotso, sa souffrance, ses humiliations et son njitapage...Il y a un minimum dû aux morts qui demande une hauteur devenue presque impossible dans un Cameroun qui se décompose en tirant ses enfants vers le bas…

En lisant le communiqué d'Act-Agir sur les obsèques de Christian Penda Ekoka, j'ai donc tout de suite compris surtout qu'il est écrit par un ami. Son auteur, Yap Boum II est une de ses rares personnes qui a fait preuve d'une humanité et d'un raffinement tellement exceptionnels qui font de lui un frère. . Nous nous connaissons depuis fin 2016 après qu'une connaissance de Yale nous ait mis en contact parce que nous voulions faire au Cameroun en étant réalistes sans être fatalistes et en restant exigeants. Il m'en voudra de le dire aussi clairement mais Yap m'a apporté un soutien inestimable durant des moments incroyablement difficiles en me portant lorsque je ne pouvais pas marcher. Il l'a fait alors qu'il n'a pas de temps : il enseigne dans des universités aux Etats-Unis et son travail le conduit partout en Afrique pour lutter contre des épidémies comme Ebola et aujourd'hui le Covid-19.

Yap Boum II a donc une vie professionnelle pleine et riche mais surtout de la culture et de la profondeur qui font qu'il n'est ni sérieux ou ni juste de le réduire à un énième camerounais qui aurait l'indécence d'instrumentaliser un deuil à des fins politiciennes. Il existe encore des Camerounais qui pensent à leur pays et leurs concitoyens en se demandant ce qu'ils peuvent faire pour eux et non le contraire.

Yap Boum II n'est pas Je la dis que et le fait que la famille Ekoka fasse ce que la famille de Fotso Victor, parce qu'elle n'existe pas, n'a pas su faire est à leur honneur.

L'honneur de ceux qui pensent au défunt serait de respecter les siens en leur laissant toute la lumière. Lorsqu'une famille pleure son parent, la décence est de se taire si on ne sait/peut/veut pas aider. Le deuil d'un personnage public est déjà suffisamment lourd pour avoir des exigences envers ceux qui portent et devront assumer toute leur vie leur nom.

Je ne connaissais pas Christian Penda Ekoka. Je ne savais même pas que mon frère était Vice-président d'Act-Agir. Yap et moi quand nous parlons politique, on s'écharpe sur les idées...nous sommes ambitieux pour le Cameroun et préférons l'excellence et la décence à la médiocrité et au Je la dis queisme. Nous refusons de nous résigner à la fatalité en acceptant l'infâme en concluant on va faire comment ! Cela ne nous met pas au-dessus du lot mais nous force à toujours essayer d'éviter de tomber dans le marigot en suivant les mouches. Imparfaits, nous sommes mais conscients et ouverts pour agir et ne pas être petits.

Mes condoléances à la famille Ekoka dont je ne connais aucun membre et que je prie d'ignorer le tapage fait sur rien pour rien pour ne pas avoir à livrer les vrais combats et discuter des maux qui mettent en danger le pays. Vous avez de la chance d'avoir Yap Boum II qui sait que les morts ont raison et les vivants n'ont pas tort. C'est l'honneur d'Act-Agir et de Christian Penda Ekoka.

Auteur: Nadia Fotso
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