'Je ne sais pas si j’aime le Cameroun, tellement les Camerounais me donnent mal à la tête'

Les autorité posant fièrement à côté du monument

Dans une tribune publiée ce samedi 21 mai, Christelle Nadia Fotso a dit tout son dégoût pour le monument inauguré à quelques heures de la fête de l'unification du Cameroun, par le ministre de l'Urbanisme, Célestine Ketcha Coutes. Ce monument inspirent non seulement le dégoût à Christelle Nadia, mais le courage qu'a eu le ministre en l'inaugurant sont autant d'éléments qui font dire à la fille de feu Victor Fostso qu'elle ne sait pas si elle aime son pays le Cameroun.

Ci-dessous la tribune de Christelle Nadia Fosto

---



"Amour à sens unique

Je ne sais pas si j’aime le Cameroun tellement les Camerounais me donnent mal à la tête et me désespèrent. Je vis toutes les fêtes nationales avec une angoisse existentielle qui s’accroît sur l’avenir de ce pays qui a beaucoup, presque tout mais…

Je ne sais pas si j’aime le Cameroun et je ne suis pas torturée par la question parce qu’aimer le Cameroun n’est pas l’essentiel puisque ce pays est telle une femme qui n’a pas besoin d’amoureux mais d’amis, d’alliés et de serviteurs.

Mieux que personne, les Camerounaises savent qu’être aimée ne veut rien dire et n’est pas un plus si la personne qui aime ne fait pas tout pour que l’amour soit partagé en mettant l’effort, le temps et tout ce qu’il faut pour séduire, si l’être qui clame son amour avec flamboyance en assurant être prêt à mourir d’aimer est incapable de vivre d’amour pour vous servir en faisant tout pour vous donner ce dont vous avez besoin. Le Cameroun est une femme battue qui en plus des violences qu’elle subit doit entendre qu’elle est aimée, que c'est pour son bien et surtout que ce sont des preuves d’amour puisque qui aime bien, châtie bien. Nous connaissons toutes les excuses que les Camerounais se trouvent pour tromper, njitaper la femme qu’ils « aiment » convaincus que tout est permis puisqu’ils l’ont dotée et surtout qu’ils s’occupent d’elle en payant les factures.

J’ai donc trouvé parlante la construction d’un monument à Yaoundé « j’aime mon pays le Cameroun ». J’ai eu envie de m’écrier « et alors ? » Le Cameroun a moins besoin d’être aimé que d’être servi et respecté en sortant enfin ce sentimentalisme grotesque du débat public donc le véritable objectif est d'occulter le fond sans se concentrer sur l’essentiel qui est le présent et l’avenir des populations locales. En voyant ces ministres et autres personnalités poser sous ce monument sans objet, l’absurdité du moment me crevait les yeux parce qu’après tout, parler d’amour est un parfait alibi pour ne pas parler d’équité, d’égalité, de liberté et de justice puisqu’on peut déclarer son amour fou au Cameroun pour ne pas avoir à le respecter et le grandir.

Je l’affirme sans personnaliser mais peu de ministres camerounais sont des femmes et des hommes d’état qui auraient pu sans peur du ridicule poser près d'un monument « je respecte et sers mon pays le Cameroun. » La vie et surtout la mort du Dernier Bamiléké le montre, l’amour est la parfaite excuse pour njitaper. Toutes les njitapeurs de Fotso qui marchent aujourd’hui sur son honneur juraient qu’ils l’aimaient justement pour pouvoir le manger et se servir sans le servir, le protéger et l’élever. Aimer le Cameroun n’a absolument aucun sens et surtout aucune valeur lorsqu’on se sert sans le servir, sans le respecter et oui bien que ce soit difficile sans respecter ses enfants.

Je ne sais pas si j’aime le Cameroun. J’ai juste ce besoin lourd et meurtrissant qu’il soit non seulement respectable mais admirable parce que je crois que son honneur est plus important que tout le reste. Je le vois comme une femme très belle très convoitée mais qui ne parvient pas à être heureuse en amour parce que ceux qui lui jurent qu’ils la yamo grave veulent la posséder même brutalement en méprisant trop souvent ses enfants. Je suis certaine que cette femme rompue, torturée, njitapée aurait eu envie de se mettre nue devant des soi-disant serviteurs de l’état qui affichaient leurs sentiments pour leur demander comme Ben Decca dans Amour à sens unique, « où est donc l’amour que tu m’as promis ? »

A quoi sert l’amour au Cameroun s’il le met parterre en njitapant des populations qui ne peuvent pas vivre de sentiments et de bière ? Aimer son pays le Cameroun c’est bien mais c’est insignifiant et surtout hors sujet si on ne le sert pas en respectant les Camerounais".

Auteur: Nadia FotsoAmour à sens unique Je ne sais pas si j’aime le Cameroun tellement les Camerounais me don