Jean Claude Shanda Tonme prend la défense de Yves Michel Fotso

Shanda Tonme Et Yves Michel Fotso Il répond au journal Ouest Echos qui traite Yves Michel Fotso de 'délinquant'

Mon, 7 Aug 2017 Source: cameroon-info.net

«Je ne sais pas combien coûte, sur le marché des mafias et des commanditaires obscurs, la qualification d’un tel patriote de «simple délinquant», mais j’ai la conviction que c’est un pécule de misère exploitant la douleur, la famine et l’indigence des gens de l’écriture et du racontât», écrit-il dans une lettre adressée au Directeur de Publication du journal.

Ci-dessous, l’intégralité de la lettre de Shanda Tonme, parvenue à notre rédaction:

Yaoundé, le 07 août 2017

Monsieur Michel Eclador Pekoua

Directeur de publication

Ouest Echos

Bafoussam

Objet: Remerciements

Monsieur le Directeur de Publication,

J’ai découvert avec un vif intérêt et une admiration certaine, le titre très éloquent de la «UNE» de l’édition du 1er au 7 août 2017, de ton journal: «YVES MICHEL FOTSO N’EST QU’UN SIMPLE DÉLINQUANT».

Comme vous l’imaginez bien, j’ai pris du temps, de la réflexion, du recul et de la responsabilité pour me décider, non pas pour vous interpeller et vous servir quelques réprimandes, mais au contraire pour vous féliciter et vous dire ma reconnaissance pour vos qualités exceptionnelles, votre courage et par-dessus tout, votre sens de transgression des éventuels jugements de l’histoire.

Les conflits ont toujours produit ton genre de citoyens et de sujet communautaire, mais jamais les lendemains des conflits ne les ont épargnés des demandes de comptes et des exigences de réparations. Une lecture simple et rapide des temps, de notre temps, présente un Cameroun dorénavant secoué par moult chambardements des valeurs, par de tristes trahisons, par de piètres et dangereux positionnements trop souvent dépendants des montants des primes, des poids des gains, et de la substance des ambitions. Mais ce qui est particulier pour toi et moi, c’est l’appartenance à une communauté dont l’histoire conserve vivantes, les traces de mille préjudices, injustices et discriminations. Cette particularité crée pour nous, une responsabilité particulière. En serais-tu exonéré ? Si oui, c’est ton droit.

Je veux te réaffirmer mon attachement, mon affection et mon engagement, comme de nombreux autres qui sont silencieux, pour la cause d’un homme, d’un capitaine d’industrie, d’un brillant compatriote qui s’est donné, a donné et fait donner de sa fortune, de son génie, de sa force et même de sa santé pour notre pays. Je ne sais pas combien coûte sur le marché des mafias et des commanditaires obscurs, la qualification d’un tel patriote de « simple délinquant », mais j’ai la conviction que c’est un pécule de misère exploitant la douleur, la famine et l’indigence des gens de l’écriture et du racontât.

Monsieur le Directeur,

Mes prières vont être fortes dorénavant, pour toi, pour que rien ne vienne troubler ta santé, et afin que le jour de sa liberté retrouvée, Monsieur Yves Michel Fotso puisse te serrer la main, en reconnaissance de la médaille que tu lui as décernée. Soit rassuré, ce sera sans haine ni rancune, mais affection, pardon et encouragements. Je me ferai le devoir de rester témoin, témoin de ton courage, témoin de tes œuvres, même suicidaires.

En effet Je parle déjà en témoin,témoin aussi, des œuvres d’un homme, d’un bâtisseur et d’une famille. Lui, c’est la flamme non éteinte et impossible de s’éteindre, en dépit de toutes les tentatives pour créer des dysfonctionnements affectifs avec le prestigieux et vénéré géniteur.

Que personne ne vienne te faire peur parce que tu as accepté de porter un couteau tranchant dans une plaie ouverte. Que personne ne t’accuse d’avoir, non loin de la résidence du Patriarche Fotso Victor, allumé les flammes de la trahison. Non, mon frère, et tu es et reste mon frère, tu n’as pas commencé l’histoire, tout comme tu n’as pas inventé le genre journalistique qui éteint la virginité, encense le crime, vend la famille, trahit le clan et jette les valeurs dans la poubelle. Ernest Ouanjié fut fusillé à Bafoussam oui ou non ? Alors, pourquoi ne choisirait-on pas Bafoussam pour produire un tel titre de journal ? Il y a un enchaînement historico-sociétal et politique qui brave la clameur populaire, et que portent les gens qui n’ont jamais honte. C’est un art du crime qui s’incruste dans l’affection des familles, avec pour but de leur enlever leur dignité par la souillure de leur meilleure progéniture. Diabolisation.

Monsieur le Directeur,

J’ai tenu à te remercier vraiment, et à te dire cette admiration. Vois-tu, nombre de nos compatriotes sont maintenant convaincus que l’enfer a gagné notre pays, et tout n’est plus que ambiance des rues de la joie, et des honneurs du présent, sans aucune pensée ni crainte pour demain. J’ai entendu quelques-uns trinquer à la gloire des prisonniers, d’autres se laver les pieds avec le champagne en se réjouissant que celui qui a osé avoir son avion personnel, créer une banque, se soucier de la vie du chef de l’État et de sa famille, transformer la vie de tant de personnes et offert à notre compagnie aérienne ses rares et palpitants moments de fierté, est enfin jeté en prison. Voilà notre culture de l’admiration à revers, et notre nouvelle civilisation d’émergence. Point d’interrogation sur les conséquences, que nous savons, voyons et portons tous, en cette année 2017, en ces nouveaux temps d’ajustements structurels

À l’évidence, tout cela, comme ton traitement d’un tel homme en «DÉLINQUANT», ne soulève plus d’émotions, et les auteurs de telles cabales sont assurés du silence des autres, de l’indifférence absolue. Mais, chacun de nous, toi, moi et les autres, doit, doivent, savoir, se souvenir, que de tout temps, des gens, des individus, de simples voix, se sont élevés au prix de tous les sacrifices, pour soutenir ce genre de « DÉLINQUANT », longtemps avant de voir le jugement lointain de l’histoire leur donner raison et rétablir la justice.

Je ne pouvais donc ni laisser passer ni me taire ni continuer plus longtemps à dormir d’un sommeil agité, sans prendre ma plume pour te dire merci, allumer ta conscience et faire vibrer tes méninges à rétrospection, sur la prouesse de ton journal, fusse une commande, un marché, un deal d’enfer contre ta propre famille et un chant funéraire pour souiller les montagnes verdoyantes de l’Ouest Cameroun.

Jamais en effet, ma plume ne se fait autant belle, que lorsqu’elle doit s’adresser à un frère pour le réveiller et lui indiquer les risques insoupçonnés des jugements de la postérité. Non loin de ma concession à Bangou, il y a une autre concession complètement abandonnée. Mon feu père me raconta un jour, que l’homme qui a fondé cette concession, avait été chassé du village parce que durant la guerre d’indépendance, il avait posé un acte que les notables avaient jugé indigne d’un enfant du village.

C’est triste, le constat selon lequel, les prémonitions peuvent habiter nos moindres gestes et hypothéquer nos plus intimes jugements. Je ne te le souhaite point, et resterai à tes côtés pour plaider le pardon.

Monsieur le Directeur,

Courage donc, courage surtout pour la suite de tes œuvres journalistiques et au-delà. N’hésite point, quand il te faudra porter la prochaine nouvelle d’une flagellation du genre, et concernant celui qui pour moi et pour beaucoup d’autres demeure un exemple de patriotisme, de venir à moi ou de me faire venir à toi voire me convoquer, pour recevoir le colis.

En effet j’ai fait de lui, de son sort et de son destin, une croix, ma croix, et j’accepte de la porter jusqu’au bout de notre souffrance commune, car sa souffrance en prison est profondément la mienne au quotidien. J’en suis fier, et tu me rejoindras sûrement demain, parce que pour l’ensemble de ses œuvres, de ses sacrifices et de son dévouement au service du Cameroun, il serait plutôt intouchable ailleurs, sous d’autres cieux, quels que soient le ou les reproches. Il ne serait pas en prison, il serait libre, libre à faire autre chose, à créer plus de richesses et à servir encore plus et toujours plus son pays.

Je ne veux pas te demander ce que toi tu as fait pour ton pays, mais je me réserve de ne pas comparer ce qui est incomparable, restant néanmoins concret et réaliste, au-delà de toutes les trahisons, haines et animosités commanditées.

Je t’en souhaite bonne réception, avec les fleurs des tombes de tous nos martyrs, avec ma plus intime et fraternelle considération.

Que nos ancêtres qui sont pour nous les seuls juges, te protègent, mon cher frère.

Jean Claude Shanda Tonme

Auteur: cameroon-info.net