Elle est habituée des Unes des journaux. Non pas pour relayer la rigueur qu’elle affiche dans la défense et la protection du patrimoine foncier de l’Etat, mais pour essuyer les critiques de ceux qui ont fait de la spoliation du patrimoine immobilier de l’Etat un sport favori. Toutefois, le dernier scandale dont elle vient d’être affublée dans le journal «Le Courrier» du 12 juillet 2017, met à nu la détermination de ses détracteurs à ternir à tous les prix son image dans une scabreuse campagne de déstabilisation et de dénigrement qui n’a d’égal que de l’acharnement.
Toute une ministre de la République déambulant chez un sénateur, forçant les grilles et défiant les draconiennes mesures de sécurité pour passer à tabac l’épouse du parlementaire, sous le regard amusé de ce dernier et l’indolence des vigiles en faction. Tel est schématisé, le scénario du « scandale » que décrit l’article rendu public le 12 juillet 2017, dans l’édition N° 88 du journal Le Courrier, après une annonce tonitruante à la Une, sous le titre à sensation «Scandale à Yaoundé : une ministre soupçonnée de bagarre avec l’épouse d’un sénateur ». Un récit digne d’ «Alice au pays des merveilles» qui a le démérité professionnel de s’adosser sur des supputations conjuguées au conditionnel, malgré la gravité des accusations qu’il recèle.
D’ailleurs, dans l’entourage de Mme la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, ce scandale controuvé et montée de toutes pièces, fait l’objet d’amusement depuis sa publication. «Ici au ministère, nous sommes habitués à ce genre d’accusations sans fondement à l’égard de Mme la ministre», commente avec un rire d’indifférence un proche de Jacqueline Koung à Bessiké. Avant d’ajouter que «la ministre n’a pas le temps à perdre pour des inutilités, préférant se consacrer aux missions qui interpellent le département ministériel dont elle a la charge». A l’appui de sa réponse à notre soif de clarification sur l’affaire, la consistance de ce qui tient lieu d’article de presse qui, en fait, n’est qu’un tissu de supputations et de colportages sans fondement.
«Maison Blanche»
D’ailleurs, le récit de cette «bagarre» controuvée dont se serait rendue coupable Jacqueline Koung à Bessiké chez Badel Ndanga Ndinga s’achève sur le démenti formel des proches du parlementaire qui reconnaissent «que l’affaire n’a jamais eu lieu». En plus, pour les habitués de «La Maison blanche», du pseudonyme de la résidence du sénateur Ndanga Ndinga au quartier Golf à Yaoundé, le récit du scandale, tel que déroulé par le journal, relève de la chimère et de l’hallucination, au regard des mesures de sécurité qui protègent toute intrusion dans le domaine.
En plus des vigiles postés à l’entrée, la résidence est sous vidéo surveillance, et il faudra passer au moins 2 niveaux de contrôle avant d’accéder à l’intérieur. Comment imaginer que la ministre ait pu pénétrer la demeure de son «amant», sans être stoppée par les vigiles, et sans se faire apercevoir à travers les caméras de surveillance, des maîtres des lieux qui, selon le reportage, se trouvaient confortablement installés dans le salon ? On aurait dit Spider man ! Et que dire de l’attitude du sénateur qui aurait opté de voir son épouse tabassée sous ses yeux sans la moindre réaction par son «ex»? «Assez pathétique, mais aussi assez utopique pour être vrai, de la part de tout homme doté de discernement», font remarquer les observateurs. Qui plus est, de la part d’un chef de famille dont le bonheur avec son épouse est couronné par la naissance de plusieurs enfants. Fort heureusement, l’article conclut qu’il s’agit de simples soupçons qui, à l’évidence, n’ont fleuri que dans les rêveries diaboliques et déstabilisatrices de ceux qui ont commandité le brûlot.
Si non, comment comprendre que personne n’ait pu confirmer le moindre détail de ces «soupçons» auprès des sources contactées par le journal pour équilibrer la prétendue information ? N’empêche, le pamphlet a été mis sur la place publique, comme pour résoudre un problème dont seuls les commanditaires maîtrisent les motivations.
Rebelote
Seule conviction de l’article, la confession voilée du reporter qui reconnait n’avoir jamais eu confirmation des faits qu’il rapporte si habillement. A moins que le dessein inavoué de l’article ne fût de révéler au grand public les relations intimes que le sénateur aurait entretenues par le passé avec celle qui est devenue par la force des choses ministre de la République ! Mais seulement qui n’aurait pas un passé sentimental parfait ou imparfait ? Suffisant pour tout analyste pour voir dans cette publication une commande telle que la presse camerounaise est bien habituée.
D’ailleurs, dans les couloirs du Mindcaf - le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, on reconnait que Mme Koung à Bessiké est déjà «vaccinée» contre des révélations mensongères, qu’elle encaisse au gré des animosités de nombreux fossoyeurs du patrimoine foncier de l’Etat, victimes de ses décisions rigoureuses dans la défense et la protection du domaine immobilier de l’Etat. Sa forte propension à défendre les intérêts de l’Etat, face à des spoliateurs sans foi ni loi, et surtout sa répulsion devant les propositions mirobolantes de nombreux potentiels acquéreurs qui seraient prêts à débourser des fortunes pour se taper une parcelle du domaine privé de l’Etat, lui valent de nombreux ennemis, dont certains se recrutent parmi les barons du régime.
D’où les soucis qui meublent son magistère à la tête du Mindcaf depuis qu’elle a opté, contre des courants adverses, de faire valoir l’autorité de l’Etat sur ses domaines fonciers. Régulièrement présentée comme cliente de la célèbre opération «Epervier», elle ne doit plus son maintien au gouvernement qu’à la seule volonté du chef de l’Etat qui l’y a nommée. Malmenée dans l’opinion par une presse à gages, elle était déjà pressentie pour sortir de l’équipe gouvernementale, au point de susciter dans son Mbam et Inoubou natal, l’échauffement de nombreuses personnalités qui rêvent désormais de lui succéder. Ce climat délétère suffirait-il à expliquer toutes les dérives médiatiques dont elle est la cible ?
Rebelote. On peut parier que les dérives épistolaires telles que celle contenue dans l’édition N° 88 de notre confrère sont loin d’être la dernière, tant la hantise d’un remaniement ministériel continue de commander la météo politique du Cameroun, même si les esprits éclairés savent pertinemment qu’un changement de gouvernement relève de la seule discrétion du prince d’Etoudi. Reste à savoir si Koung à Bessiké aura les nerfs suffisamment solides pour faire face à la bourrasque médiatique qui, chaque jour, s’abat sur sa personne. Comme la rançon de sa rigueur managériale.