Ils n’ont véritablement pas été surpris, les écoliers, lycéens et collégiens, d’être quasiment accueillis le lundi 7 septembre, jour de rentrée scolaire, par des contrôles à l’entrée de leurs établissements respectifs. A la manœuvre ici et là, des enseignants, des surveillants, mais aussi des gendarmes et des policiers. Même si la moisson de ces premiers jours n’a donné lieu qu’à des découvertes aussi saugrenues que des nounours dans un sac d’élève de terminale, il n’y a aucune raison de lever ces dispositifs de contrôle et de surveillance.
C’est qu’avec l’entrée en scène des kamikazes depuis le mois de juillet 2015, la menace terroriste à laquelle fait face le Cameroun a profondément changé de nature. La secte islamiste Boko Haram étant farouchement opposée à tout ce qui ressemble à la culture occidentale, -avec en première ligne la scolarisation ou l’éducation-, il est évident que les écoles représentent pour elle une cible privilégiée. L’on a encore en mémoire les affres qu’elle a fait subir à ce secteur dans la région de l’Extrême-Nord, l’année dernière. En effet, la secte a détruit par les flammes plusieurs écoles primaires et lycées, condamnant leurs élèves à aller s’instruire dans les établissements installés dans les zones sécurisées.
Pour les autorités compétentes, il est hors de question que pareil scénario se reproduise cette année dans l’Extrême-Nord, région camerounaise la plus touchée par le phénomène Boko Haram. Encore moins, qu’il s’étende à d’autres villes et villages du pays. En cette première rentrée scolaire de l’ère « guerre ouverte contre Boko Haram », l’on a pu constater une mobilisation sécuritaire inédite pour parer à la menace de nouveaux attentats, protéger notamment élèves et établissements.
« J’avoue que j’étais très anxieuse à l’idée de cette année scolaire. Je me demandais comment cela allait se passer. Par mesure de précaution, j’ai d’ailleurs fait changer d’établissement à mes enfants pour les rapprocher de la maison. Ils sont maintenant tous scolarisés dans les écoles et lycées de notre quartier. Mais, j’ai été agréablement surprise de constater que des contrôles systématiques sont instaurés à l’entrée des établissements dès le premier jour. Et que la police et la gendarmerie ont même été mises à contribution. Je suis rassurée », avoue Marie Menene, mère de famille.
Tirant les conséquences de la mouvance et des capacités de nuisance de la secte islamiste, diverses mesures ont été effectivement prises par les autorités compétentes. Des élèves en sécurité dans les salles de classe à partir du premier son de cloche, la semaine dernière, jusqu’à la remise des bulletins de fin d’année. C’est l’objectif principal des ministres Louis Bapès Bapès des Enseignements secondaires, et Youssouf Hadidja Alim de l’Education de base.
Les deux membres du gouvernement ont chacun prescrit la création dans chaque établissement d’un comité de vigilance sous l’encadrement du conseil d’établissement et de l’association des parents d’élèves et enseignants. Mais aussi le renforcement de la collaboration avec les autorités administratives, traditionnelles et religieuses, ainsi que les forces de maintien de l’ordre et les autres partenaires à l’éducation. La création des polices scolaires constituées d’élèves dont la rectitude morale est avérée a aussi été instruite, pour détecter, renseigner et dénoncer aux autorités compétentes toute personne suspecte ou étrangère circulant à l’intérieur ou autour du campus scolaire.
Seulement au terme d’une première semaine de classe, force est de constater une application à géométrie variable de ces dispositions d’une ville à l’autre, d’un établissement scolaire à l’autre. Sans compter les nombreuses interrogations que le processus suscite au sein de l’opinion publique.