L'Upc pactise-t-elle avec la France pour

Sat, 22 Aug 2015 Source: Noël Ngahane

e vives spéculations sont en ce moment nourries autour du mémorandum de l'Upc remis à François Hollande le 3 juillet dernier.

Craintes et exactitudes autour d'une correspondance qui met les Renseignements généraux sur les dents. La politique est souvent faite de mystère et l'intérêt subit que les milieux dirigeants de Bafoussam ont porté au mémorandum de l'Upc remis à François Hollande est de ces mystères-là.

Un mois après le départ du chef de l'Etat français, c'est comme si un voile s'était brutalement déchiré pour laisser place à ce que personne n'avait vu lors de son séjour à Yaoundé. Vu de Bafoussam, cela parait bien surprenant pour qui s'arrête sur le poids actuel de l'Upc dans cette ville, mais la semaine dernière, les salons bruissaient des spéculations les plus folles sur une éventuelle conspiration entre la France et l'Upc pour chasser Biya en 2018.

On y apprenait que l'Upc avait demandé dans son mémorandum à François Hollande que la France entreprenne tout ce qui est possible pour empêcher Paul Biya de se présenter en 2018 " par tous les moyens ". Comment ? Chacun a sa petite idée là-dessus.

D'autres sources faisaient état de ce que la France qui veut se racheter auprès de l'Upc, aurait choisi effectivement de donner suite à cette sollicitation et elle travaille à placer un Bamiléké et un Bassa à Etoudi. On explique ainsi que le Président sera Bamiléké et dans le gouvernement qui va suivre, le poste de Premier Ministre serait supprimé pour être remplacé par un secrétaire général puissant qui sera confié à un Bassa.

Bamiléké et Bassa étant les deux ethnies qui ont été massacrées au nom de l'Upc pendant la période de décolonisation par l'armée française. Si l'observateur incrédule à juste titre se pose la question de savoir comment cela pourrait être possible, ceux qui semblent " au courant " expliquent que François Hollande n'a pas prononcé les noms de ces ethnies par hasard lors de son point de presse à Yaoundé et on rappelle aussi que le système politique camerounais a déjà connu cette configuration au lendemain du coup d'Etat manqué des partisans de Ahmadou Ahidjo.

Paul Biya avait supprimé le poste de Premier Ministre pour le remplacer par un secrétaire général tout puissant à l'époque occupé par un ... Bamiléké du nom de ... Jean Nkuété. Difficile de garder son flegme dans ce flots de rumeurs, de certitudes voire des fantasmes. On s'en inquiète un peu plus quand on constate que même les renseignements généraux y sont allés du Ernest Ouandié à Bafoussam avant son exécution leur en convoquant la première figure actuelle de l'Upc à Bafoussam.

Michel Eclador Pekoua a ainsi été interpellé mercredi dernier par les agents de la police qui cherchaient à savoir ce que l'Upc avait réellement dit au président François Hollande. " C'est bien votre parti qui a remis un mémorandum au président français n'est-ce pas ? ", " lui avez-vous demandé d'empêcher le président Biya de se présenter en 2018 ? ", " est-ce que vous confirmez lui avoir dit qu'il faut un Bamiléké à la Présidence pour que le Cameroun soit en paix et réconcilié ? ".

Un flot de questions toutes orientées qui méritaient d'être tirées au clair. Une fois l'entrevue terminée, le responsable local de l'Upc n'avait pas eu d'autre choix que d'en référer à sa hiérarchie. C'est une fois au courant de ce qui se passait à Bafoussam que le Secrétaire général de l'Upc, le Pr. Louka Basile a décidé de rendre publique la teneur réelle du mémorandum que l'Upc a remis à Monsieur François Hollande le 3 juillet 2015. (Lire ci-dessous), afin a-t-il dit que " l'Upc soit jugée sur ce qu'elle fait et dit et non sur des rumeurs ".

PEUR SUR 2018 Cette affaire en tout cas a le mérite de montrer la fébrilité du régime en ces temps de grosses incertitudes sur une possible transition-alternance au Cameroun. Et malgré la faiblesse de ses résultats électoraux, l'Upc semble y tenir un rôle important à la grande incompréhension de certains. Pourquoi de telles rumeurs sont-elles si suivies à Bafoussam ?

Pour ces analystes, les résultats électoraux de l'Upc à l'Ouest sont factices, tout comme l'apparence de ses lieux de mémoire. A Bafoussam la broussaille a envahi le lieu où a été exécuté Ernest Ouandié malgré sa reconnaissance comme héros national par l'assemblée nationale.

Le jour, un mécanicien répare des véhicules non loin de là et la nuit, le coin est si lugubre que même ceux qui y travaillent le jour n'osent pas y passer pour récupérer un objet oublié le matin. Idem pour l'endroit où le martyr a été enterré. www.237online.com C'est un repaire de drogués qui y défèquent à tout vent.

Comment comprendre que le régime ait peur de voir l'Upc se reconstruire ici ? Il y en a qui pensent effectivement que l'Upc n'est pas finie et que son réveil commencera par là où on l'a endormie le 15 janvier 1971 en fusillant son dernier chef historique sur la place publique.

Reste que ces rumeurs sur une éventuelle connexion entre l'Upc et la France pour faire partir Paul Biya en 2018 arrivent à un moment où l'affaire Afrique Media occupe les devants de la scène.

S'appuyant sur le fait que les principaux animateurs de cette chaîne sont d'anciens dirigeants de l'Upc (Patient Ndom, Henriette Ekwè, Banda Kani, Robert Simo, etc.) à Bafoussam on cherche encore le sens à donner à une rupture entre Biya et eux, mettant fin à un rapprochement tactique au détriment de cette même France.

Assurément une grosse confusion règne autour de la succession de 2018 et tout semble pouvoir venir de partout, y compris de l'Upc, un parti en difficulté apparente.

Auteur: Noël Ngahane