Porté disparu depuis le 5 janvier, le destin du leader des séparatistes anglophones commence à ressembler à celui de l’un des cerveaux du putsch manqué de 1984.
Les deux histoires sont loin d’être à 100 % identiques. Mais elles se ressemblent à quelques points prêts. L’un a voulu renversé le régime de Yaoundé en participant à l’organisation d’un coup d’Etat militaire le 6 avril 1984. L’autre prône depuis plus d’un an, la partition du Cameroun et notamment la déclaration d’indépendance des deux régions anglophones dont il réclame la présidence par intérim de l’Etat imaginaire d’Ambazonie formé par ces deux régions.
Les deux ont choisi l’option militaire pour parvenir à leurs fins. Les deux se sont exilés dans l’espoir de mener leurs opérations en toute sécurité, loin des services de renseignement camerounais. Mais les deux ont ensuite été déclarés portés disparus, à chaque fois au mois de janvier : le premier, le 25 janvier 2013 (de sources non officielles) et le second, le 5 janvier 2018. Des signes qui laissent certains observateurs penser que Sisiku Julius Ayuk Tabe pourrait connaitre un destin à la Guerandi Mbara. Bien sûr, ils parlent au conditionnel. Car nul ne sait effectivement où se trouve le leader du mouvement séparatiste anglophone, le Southern Cameroon national council (Scnc) depuis le 5 janvier dernier.
Annoncés par la presse nigériane et africaine comme interpellés par la police dle Département des services de l’Etat fédéral du Nigeria (DSS) alors qu’ils tenaient une réunion dans un hôtel d’Abuja, les 10 partisans de la cause sécessionniste n’ont, depuis, donné aucune nouvelle. Le Nigeria dément avoir mené une opération ayant abouti à leur arrestation. Au Cameroun, Yaoundé, accusé par le Scnc d’avoir joué un rôle dans cette affaire, garde le silence. Même le ministre chargé de la communication et porte-parole du gouvernement, pourtant très connu pour des sorties médiatiques à pareille circonstance est resté muet.
Et du coup, une certaine opinion craint pour la répétition du phénomène Guerandi. « C’est une hypothèse qu’il faut totalement exclure, commente Dr. Raoul Sumo, spécialiste des questions de sécurité. Je crois que d’une manière ou d’une autre, les services camerounais et nigérians essaient de gagner du temps pour trouver la bonne formule pour justifier le fait que ces personnes aient été interpellées ».
Parce que, « même dans le cadre des délits de droits communs, les conventions internationales interdisent que des personnes soient incarcérées dans le secret. C’est contre les conventions et contre les bonnes pratiques en la matière ». Reste à prouver que le Cameroun et le Nigeria sont impliqués dans cette arrestation.