La World Mission Agency Inc., structure nigériane illégale au Cameroun, qui parraine deux autres structures exerçant illégalement au Cameroun dont Winners Chapel et Living Faith Church Worlwide, s’est donné pour mission de clochardiser les pasteurs camerounais au point de réduire leurs missions au simple degré de l’esclavage. Chronique d’un service pastoral qui rime à contre-courant.
La mission de l’Etat du Cameroun est de protéger ses ressortissants partout où ils sont, et même dans les structures où ils sont appelés à exercer. Ceci relève d’un droit régalien. Et plus encore, lorsque des Camerounais se retrouvent à subir toutes les formes de discriminations par des structures exerçant illégalement au Cameroun, il y a lieu ici de se poser les bonnes questions. Comment est régi le droit du travail des étrangers au Cameroun ?
Quel traitement est réservé à toutes les entreprises exerçant illégalement au Cameroun ? Quelles sont les procédures de poursuite d’une entreprise reconnue coupable de fausse déclaration tant au niveau des impôts que de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) ? Et quel traitement est réservé à une entreprise dont la véracité des faits en ce qui concerne les traitements inhumains, les détournements des fonds publics, la dépravation des mœurs et l’esclavagisme est établie ?
La vie des pasteurs camerounais exerçant dans les congrégations religieuses citées plus haut se passe de tout commentaire. Et pour tirer la sonnette d’alarme, les autorités compétentes de la République, dont le préfet du département du Wouri, le gouverneur de la région du Littoral, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale et même la Présidence de la République ont été saisis du dossier. Malheureusement, face au silence desdites autorités, qu’on serait tenté de qualifier de laxisme, les dirigeants desdites églises continuent de trinquer. Au détriment des règles établies en matière de législation de travail au Cameroun et surtout des Camerounais qu’ils emploient.
Abus de Position dominante
Il est aujourd’hui établi que toutes ces églises sont la création des Nigérians qui y règnent en véritable gourou. Et leur politique d’expansion voudrait, pour les facilitations de leur implantation, que les ressortissants locaux déblaient d’abord le terrain pour leur laisser par la suite la place. Cette politique, qui marche paradoxalement bien au Cameroun, a été dénoncée et stoppée net au Ghana, au Gabon et même au Kenya où l’Etat a rétabli tous les pasteurs locaux dans leurs droits.
Sous nos cieux malheureusement, les pasteurs camerounais, bien qu’ayant œuvré non seulement pour l’implantation desdites églises mais aussi et surtout pour leur prospérité, sont curieusement réduits à l’esclavage, leur gratification étant réduite à la simple expression congrue. Pendant ce temps, les pasteurs nigérians roulent carrosse et procèdent aux détournements et autres transferts de fonds vers le Nigéria. Toute chose vérifiable au sein du siège national de la World Mission Agency Inc. qui est situé à Ndogbong à Douala ou encore dans ses représentations à Buéa, Kumba, Limbè, Tiko, Bamenda ou encore à Yaoundé aux quartiers Fouda et Biyemassi.
Pour être plus édifiant, alors que des pasteurs nigérians perçoivent des salaires allant au-delà de 400 mille FCFA, avec des loyers aménagés à leur convenance, une assurance maladie, des prestations sociales versées auprès des institutions de leur Etat d’origine, une couverture familiale assurée par l’église, certains pasteurs camerounais squattent, eux, sur des bancs d’église, incapables qu’ils sont de se loger, de se nourrir et de se vêtir.
Illustration Parfaite
Le cas du pasteur Clément Simon Mbambad, doyen de tous les pasteurs camerounais au sein de la World Mission Agency Inc, est révélateur de tous les griefs portés contre cette église nigériane au Cameroun. Après douze années de service, ce dernier a pourtant oeuvré pour l’ouverture de la Winners Chapel et la Living Faith Church Worlwide à Buéa dans le Sud-ouest, Edéa dans la Sanaga Maritime, Bonabéri à Douala dans le Littoral. Non sans relever celles qui se mourraient à Bamenda dans le Nordouest, en Guinée-Bissau, à Tiko dans le Sud-ouest, à Bafoussam à l’Ouest et Nyalla à Douala dans le Littoral.
Bien plus, c’est le même pasteur qui a construit les sanctuaires de Buéa, Guinée-Bissau, Yaoundé Fouda et Edéa. Une oeuvre louable. Et pourtant, Clément Mbambad est placé sous le contrôle d’un novice pasteur nigérian. Lequel a curieusement moins de quatre années dans la pastorale. Il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler que le seul Nigérian au Cameroun, promotionnaire du pasteur Clément Mbambad, est le pasteur Ansoh John Dominion qui exerce au siège national de la World Mission Agency Inc au quartier Ndogbong à Douala comme pasteur national. Cependant, les commodités accordées aux deux pasteurs ayant pourtant le même background sont d’inégale valeur.
Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? L’un est Camerounais et l’autre Nigérian. Le traitement du premier relève du menu fretin alors que le second bénéficie de toutes les faveurs et autres attentions. Et comme si cela ne suffisait pas, le pasteur Clément Mbambad est l’objet de toutes les intrigues, acculés qu’il est par des pasteurs nigérians exerçant au Cameroun. Lesquels, loin de se révéler dans la pastorale, versent plutôt dans l’affairisme, la gesticulation, la volatilité, l’arnaque des fidèles, le mensonge, la délation et l’argent roi, sale et facile. Et du coup, on comprend aisément pourquoi le pasteur Clément Mbambad, malgré ses références louables et son expérience sur le terrain de la pastorale, n’a jamais été nommé au poste de pasteur national au Cameroun. Sa nationalité camerounaise à l’origine sans doute de ses malheurs.
Esclavagisme et Xénophobie
Il faut noter aujourd’hui, pour le dénoncer, que l’architecture fonctionnelle de ces églises issues de la World Mission Agency Inc. ne permet pas à un pasteur camerounais d’être dans le secret des « dieux ». Résultat des courses : aucun Camerounais ne siège et ne peut siéger dans la commission de «repertoring» des comptes. Selon une source autorisée qui a requis l’anonymat : « les aides qui sont réservées aux fidèles de l’église locale sont d’abord réservées aux citoyens nigérians. Comme si le Cameroun était une région nigériane ». Dans ce sens, il est par exemple établi qu’à l’église de Ngogbong à Douala, la salle des comptes des offrandes n’est réservée qu’aux seuls Nigérians. Les seuls habilités à connaître et à garder secret les rentrées financières.
Lesquelles sont au centre des tractations diverses, les pasteurs nigérians versant tout simplement dans l’usure, une pratique pourtant prohibée par la législation camerounaise. Par ailleurs, lorsqu’il est donné à un pasteur camerounais de réclamer ses droits, tout est mis en œuvre par les pasteurs nigérians, avec la complicité de certains pasteurs camerounais, pour anéantir toutes les velléités de ce dernier. Il est ainsi facile que l’on se retrouve dans la spirale de la maltraitance, avec des versets bibliques expressément choisis pour la cause.
On est alors qualifié de «sataniste » et les fidèles, sans rien comprendre dans le fond, sont mis à contribution pour votre radiation. L’on peut citer le cas des pasteurs Nya Martin (le plus ancien), Eboa kum, Mbambad Simon Clément, Daniel Fongha, Ayuk Ben Gold, Bate Blessed, Greenfield Nchia, Jean Roger Hean, Pierre Bell, Excel Nouboudem, Michael Azinwi, Achuo Joseph, Fruitful Nang, Teba Valentin et bien d’autres encore.
La plupart des pasteurs camerounais ainsi sanctionnés l’ont été, pour la plupart, après deux années de pastorale, et ce au moment où leurs patrons nigérians leur imposaient paradoxalement, en fin de compte, un travail volontaire ou alors un licenciement. Chose curieuse, aucun pasteur nigérian ne travaille dans une forme de volontariat. Et du coup, on comprend pourquoi la formation des pasteurs issus de la World Mission Agency Inc. est faite au rabais, la préoccupation majeure des dirigeants de cette église étant axée sur les techniques mafieuses de recherche des fonds.
Plus grave, dans le cadre de l’attribution des marchés devant concourir au développement de ladite église au Cameroun, l’expertise des Camerounais est de facto écartée au bénéfice des entrepreneurs nigérians dont le sport favori est la surfacturation. L’exemple le plus patent est la rénovation du bâtiment abritant le siège national à Ndogbong à Douala.
Sans façon, le Nigérian Nwa Chukwu, pasteur national, avait défrayé la chronique en présentant une facture de 90 millions de FCFA au terme desdits travaux. Pire encore, les pasteurs camerounais, abandonnés à eux-mêmes, ne sont pas honorés après leur mort, même après avoir succombé dans l’exercice de leurs fonctions. Il en est ainsi du pasteur Ngwa Harrison de Bamenda. Lequel a été abandonné à sa famille après sa mort, la World Mission Agency Inc. n’ayant pas cru devoir mettre le minimum, c’est-à-dire un cercueil, à sa disposition. De tels cas sont légion. Aussi, peut-on aussi citer la mort à Douala de cet autre pasteur camerounais décédé sur l’autel alors qu’il prêchait.
Pourquoi cette forme de xénophobie au détriment des pasteurs camerounais, ceux-là mêmes qui sont au premier plan et qui œuvrent au quotidien pour le développement de la World Mission Agency Inc. au Cameroun? Des questions et bien d’autres qui taraudent les esprits au regard du train de vie princier des pasteurs nigérians à côté de la misère de leurs pairs camerounais.
Ces questions sont d’autant plus révoltantes que pour la célébration des anniversaires du gourou au Nigéria, des collectes de fonds se font jusqu’aux représentations de ladite église implantées au Cameroun et à grand renfort d’invectives. A ce jour, un Camerounais ne pouvant jamais avoir raison devant un Nigérian dans cette congrégation, un Camerounais ne pouvant jamais réclamer justice sous peine d’être licencié, la World Mission Agency Inc. constitue une véritable bombe à retardement sur le plan social. Aussi, peut-on regretter les « excès d’amabilité » qui lient ces pasteurs nigérians avec certaines autorités administratives et policières camerounaises, les premiers ayant des moyens de pressions impressionnants à faire valoir aux secondes.
Cette curieuse position, comme il fallait s’y attendre, a créé un sentiment d’incompréhension, de colère et de révolte auprès des populations. Par ailleurs, elle n’a pas manqué de susciter une interrogation principale : Jusqu’où iront les autorités administratives et policières camerounaises dans leur soutien, y compris le plus absurde, à ces vrais faux pasteurs nigérians ? Cette question a longtemps perturbé les esprits.