Sous la supervision du procureur général près la Cour d’appel du Centre, Jean Fils Ntamack, l’enquête sur la mort «suspecte» de l’évêque de Bafia, Mgr Jean Marie Benoit Bala, suivent son cours. Au stade actuel des investigations, de nombreux agents en service à l’évêché de Bafia ont été «cuisinés» par les enquêteurs. Certains restent en liberté tandis que d’autres sont gardés à vue, pour des besoins d’enquête.
De sources proches du diocèse de Bafia et de l’enquête, la thèse du suicide est de plus en plus battue en brèche par un faisceau d’éléments. L’on apprend que l’évêque de Bafia a été «enlevé » par des personnes avec qui il a passé du bon temps dans la journée du 30 mai. Des personnes dont il ne pouvait présumer de la dangerosité. Les contradictions et les incohérences du vigile supposé en faction, notamment sur les ondes de la Crtv-radio, tendent à faire penser que ce dernier n’a pas le fin mot de l’affaire ou refuse de dire la vérité.
Il ressort également qu’en dehors des sorties officielles, l’évêque de Bafia empruntait toujours son véhicule personnel (une berline), qu’il conduisait lui-même. La voiture de service retrouvée sur le pont de la Sanaga, le 30 mai, était donc généralement conduite par un chauffeur en service à l’évêché. Lequel n’a curieusement pas fait le déplacement avec Mgr Bala, pour ce qui a été son dernier voyage terrestre.
Par ailleurs, tout porte dorénavant à affirmer qu’il existe un lien entre le décès du recteur du Petit séminaire Saint André de Bafia, l’abbé Armel Collins Ndjama et celui de l’évêque de Bafia. Bien que maladif, le défunt recteur est mort des suites de « courte maladie », comme signalé dans le communiqué de circonstance de l’évêque.
En fait de « courte maladie », l’on a fini par repérer une main criminelle derrière la mort subite de l’abbé Ndjama. Ce dernier, sous l’autorité de l’évêque de Bafia, avait entrepris d’exclure du séminaire des pensionnaires, convaincus de pratiques homosexuelles. Nos sources indiquent que le phénomène avait déjà pris des proportions inquiétantes au sein du Petit séminaire de Bafia. L’exploitation des présumés coupables par les autorités de l’évêché a donné lieu à de troublantes révélations.
Dans un premier temps, l’évêque de Bafia a cru à une mort naturelle de l’abbé Ndjama. Mais, une fois qu’on lui rapporte, avec preuves à l’appui, que son collaborateur a été «tué », il perd le contrôle.
Il est psychologiquement et physiquement dévasté. Il perçoit surtout qu’après le décès du recteur, ses jours sont comptés. Ce d’autant plus que le recteur a certainement avoué à ses bourreaux qu’il a transmis la « liste noire » à l’évêque, qui l’aurait, à son tour, transmise à sa hiérarchie (nos sources parlent du nonce apostolique, Pierro Pioppo), en l’assortissant d’un document sur l’ampleur du phénomène de l’homosexualité au sein du Petit séminaire de Bafia. Réputé inflexible, l’évêque aurait donc refusé d’étouffer un phénomène paranormal et de livrer des informations gênantes à ses bourreaux, en dépit de la pression d’enfer.
Si on ajoute l’état du corps de Mgr Bala, qui n’aurait pas mis 72h dans les eaux de la Sanaga, et les signes de violence qu’on y a retrouvé, l’enquête judiciaire en cours s’oriente inexorablement vers l’assassinat.