On entend et lit beaucoup de chose sur le décès de l’Evêque de Bafia. Ce qui apparaissait comme un suicide n’est plus, dans l’esprit de nombreux Camerounais, qu’un assassinat.
Les noms des «responsables» circulent partout, notamment sur les réseaux sociaux.
Je souhaiterai cependant que nous soyons un peu prudents sur une affaire qui s’avèrerait gravissime, s’il s’agissait réellement d’une mort provoquée par la main de l’homme. La difficulté ici vient du fait qu’en principe, le Vatican et l’Etat Camerounais devraient s’entendre pour trouver des experts indépendants capables de faire jaillir la vérité à travers une autopsie irréprochable: hélas, on sait la propension de ces deux organisations à masquer la vérité au nom d’intérêts inavoués.
Si on doit condamner toutes les moqueries, toutes les insinuations malheureuses autour de la formule « je suis dans l’eau », je n’accepte pas cette hypocrisie de la hiérarchie de l’église catholique qui a trop tendance à s’indigner de manière sélective.
Dans notre tendre enfance, personne n’aurait osé se moquer d’un prêtre, encore plus d’un Evêque décédé. C’est le comportement d’une grande partie de la hiérarchie catholique camerounaise, attiré par l’homosexualité, les femmes et l’argent, comme des abeilles par le miel, qui a achevé de les discréditer auprès des populations. Voici quelques faits pour illustrer mon propos:
1- Lorsque l’Evêque Joseph Befe Ateba accepte la nomination de Paul Biya au poste de président du Conseil National de la Communication (CNC) avec pour mission de mater la presse qui est désormais le seul opposant réel au régime, il le fait sans aucun doute avec l’accord de sa hiérarchie. Personne au sein de l’église ne s’indigne qu’un disciple du Christ en vienne à soutenir un régime aussi satanique, incapable, notamment, de trouver les véritables assassins de nombreux religieux (Prélat, prêtres, sœurs …).
Pour l’avoir dénoncé, Joseph Befe Ateba a fait suspendre notre organe de presse pendant trois mois.
2- Joseph Befe Ateba pour museler la presse, Paul Biya continu son marché dans la hiérarchie de l’église catholique camerounaise en nommant Monseigneur Watio à Elecam. A travers lui, l’église catholique donne sa caution aux divers tripatouillages des élections qui consacrent l’inégalité des Camerounais devant Dieu, tel que nous décrivent prêtres et Evêques.
Fichiers électoraux in sécurisés (Le cardinal Tumi a avoué avoir eu plusieurs cartes d’électeurs lors de la dernière présidentielle), pas d’encre indélébile, tout l’appareil administro-affairiste au service d’un seul candidat, médias d’Etat instrumentalisés, bureaux de vote fictifs…rien de tout cela n’a ému le vieux prélat, bien heureux de toucher les « deniers de … » tous les mois sur le sang et la sueur de ses compatriotes.
3- Lorsque Monseigneur Tonye Bakot s’attaque de manière extrêmement violente à la communauté bamiléké, indiquant dans un courrier que cette dernière est l’auteure des fraudes généralisées à l’Université Catholiques d’Afrique Centrale (UCAC), cela sans le moindre début de commencement de preuves, on n’a pas entendu quelqu’un s’indigner au sein de la hiérarchie de l’église.
Cela a provoqué des dégâts terribles au sein de l'opinion, la « déportation » du père Ludovic Lado en Côte d’Ivoire et des ennuis pour les autres enseignants dont le père Dongmo est l’une des figures marquantes.
4- Il ya quelques années, un des deux ou trois hommes les plus importants du régime prenait en secondes noces, une jeune fille élevée par sa première épouse. L’Eglise ne pouvant célébrer plus d’un mariage pour un seul homme, une vingtaine d’Evêques a contourné cette disposition en organisant une « messe d’action de grâce ». Qui est fou pour perdre une « collecte » aussi importante ?
Même le fait que ce dernier épousait, au nez et à la barbe de son épouse, un enfant qu’ils avaient élevé ensemble n’a pas gêné ces hommes qui cachent derrière leur soutane, un esprit vraiment maléfique.
5- En 2008, Paul Biya envoie son armée massacrer sa propre population ; le clergé catholique s’est contenté du service minimum. Et pourtant, à la moindre menace contre le régime, ils sortent en masse, Monseigneur Atanga en tête, pour prôner une paix qui dans leur esprit, indique de « ficher la paix » à son excellence, monsieur le président de la République, distributeur de prébendes et de véhicule Mercedes ou tout terrain.
6- Quelques années avant son décès tragique, mon excellent confrère Pius Njawé avait fait réaliser un reportage stupéfiant sur les Evêques Camerounais dans le journal "Le Messager", donnant la liste des enfants de chacun, les domiciles des mamans… Il a même produit des photos des couches d’enfants séchés dans des diocèses. Personne n’a porté plainte.
Comment s’étonner par la suite du décès d’un Evêque des suites des complications liées au Sida ? Personne n’est à l’abri du Sida; moi le premier. Mais, ce qu’on peut accepter d’un homme ordinaire ne peut l’être d’un Prélat dont tout l’entourage était indigné par son attirance vers le sexe.
En conclusion, les différents Nonces Apostoliques que le Vatican nous a envoyés au Cameroun ont fait très mal au pays, en permettant la nomination d’Evêques peu qualifiés, perméables à l’appel du sexe et de l’argent. Dans ces conditions, les responsables de l’église catholique ne devraient pas s’étonner d’être moqué, même lors d’événements tragiques.
C’est vrai qu’on ne peut mettre tous ces Evêques dans le même sac ; le silence des autres, à l’exception de quelques-uns dont le Cardinal en retraite Christian Tumi, vaut approbation d'actes inacceptables au sein de l'église catholique.
Pour le reste, laissons les experts et l’autopsie parler, sachant qu’en général, il n’y a pas de crimes parfaits. Il serait vraiment malheureux et dommage que le pauvre Evêque soit décédé pour avoir voulu mettre à la rue, les pratiques peu orthodoxes qui risquent de ruiner l’église catholique au Cameroun.