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L'idée d'une guerre civile au Cameroun crée l'hystérie

Fri, 24 Jun 2016 Source: Leon Tuam

Dans un court texte du 22 juin 2016 titré « A qui profitera une guerre civile au Cameroun ? » je rappelais au lecteur que la gestion du pays par le pouvoir néocolonial RDPC n’était plus loin de faire basculer le Cameroun dans des troubles sanglants pouvant conduire à une guerre civile qui ferait l’affaire des prédateurs toujours aux aguets ; mais d’aucuns sans bien me lire ont tranché que je souhaite la guerre pendant que d’autres voulaient plus de clarté.

Cette posture est courante partout où l’injustice, l’arbitraire et la violence sont prisés et érigés en mode de gouvernement par un groupe de bourreaux du peuple. Et plus perdure la situation de domination, plus ceux-ci finissent par croire qu’ils sont nés avec le soleil et des privilèges qu’ils ne sauraient perdre, d’où des crachats de panique et de courroux chaque fois qu’ils sont dénoncés. Et sur la clarté dudit texte, doit-on toujours écrire aux adultes avertis comme si l’on s’adressait aux enfants !

Je vais être une fois de plus clair. Les victimes et mécontents du règne népotique, discriminatoire et hautement destructif de Paul Biya avec les siens ne veulent pas de guerre civile au Cameroun ; mais chaque jour qui passe, les profiteurs de ce pouvoir les bouscule toujours un peu plus et les orientent vers la voie de la conflagration générale nationale.

Ceux qui voient en moi un va-t-en-guerre ou un couard incapable de se lever quand il faut, se trompent. Ils se trompent généreusement. Sans être quelqu’un qui joue à l’équilibriste en des heures critiques, je suis un peu plus complexe et plus avancé que cela. Je suis un peu plus mûr, plus pondéré et assez sage que cela. Et ces qualités nous éloignent des actes et positions qui enfantent ensuite peine et angoisse qui nous enlacent et nous étranglent.

C’est pour cela que de façon réitérative j’ai crié que Paul Biya ferait mieux de se faire remplacer par quelqu’un plus compétent de son parti (et il y en a) pouvant tirer le navire national vers des lointains plus rassurants, plus satisfaisants et prometteurs. C’est pour cela que du dehors souvent j’ai récusé et blâmé l’irresponsabilité et la douleur inutiles. Lire le texte « Mon opposition à l’invitation irresponsable des Camerounais dans la rue. » Août 2012.

Je vais ajouter et avouer fortement que moi-même, sans être amoureux des eaux de la bellicosité, je n’ai pas peur de m’y plonger avec mes compatriotes victimes de la cruauté des lions, après le recours à toutes les voies pacifiques

possibles dans la quête de la restauration des libertés individuelles et collectives et de la dignité nationale. Ainsi coincé, c’est ainsi comment aimer son pays. C’est ce que font des patriotes qui portent dans leurs cœurs leur pays et les générations lointaines à venir.

Plus froissante et révoltante aujourd’hui au Cameroun est l’attitude de ceux qui ont plongé ce pays aux aspects édéniques dans tous les vices et fléaux de la terre et l’ont géré depuis plus de trois décennies (voire plus d’un quart de siècle) comme une propriété familiale : Famille RDPC ou famille du Centre et du Sud. C’est de là et de là seulement que tout est organisé, géré et façonné, dans ce pays qui regorge de si grandes ressources et de grands talents.

Ces gens-là ne veulent pas entendre dire qu’ils ont fait et continuent de faire trop du mal à ce pays, en se le livrant et le livrant aux prédateurs extérieurs tel qu’il suffirait d’une petite décision malicieuse et cynique de la part de ces derniers pour que tout le pays se voit soudain paralysé et renvoyé aux temps moyenâgeux. Ils ne comprennent pas que toutes les conséquences de leurs crimes pourraient conduire le pays droit aux troubles et à une guerre civile.

Le fait que les organisateurs et profiteurs de l’ordre anarchique, archaïque et chaotique en place au Cameroun refusent d’accepter ces critiques fondées montre qu’ils ne sont pas prêts à lâcher de laisse, qu’ils ne peuvent pas se corriger, qu’ils entendent continuer sans intermittence à gérer le pays de la même façon, qu’ils n’entendent ni disposer ni se réconcilier avec le peuple leurs victimes. Et malheur aux naïfs !

Pour tenter de mieux greffer la peur dans les cœurs et tétaniser les Camerounais, certains parmi ces organisateurs et profiteurs du chaos répètent qu’ils ont assez d’armes de guerre, que c’est eux qui détiennent les clefs des grands stocks d’armes et équipements de guerre du pays, et que les victimes et mécontents munis seulement de machettes et bouts de bois en s’attaquant à leur pouvoir et privilèges se verront tous écrasés. Vrai ? Vraiment ?

La guerre est plus compliquée et la victoire, souvent incertaine, ne se résume pas à la quantité d’armes amassées. Parfois peuvent y intervenir des éléments lointains inespérés qui s’invitent et déjouent les calculs des Goliath. Ici encore, il faut voir qu’ils se trompent ces bourreaux, en allant se beurrer une fois de plus dans leur arrogance et fatuité débordantes.

A ces gens du RDPC qui voient partout des Camerounais belliqueux, je rappelle qu’il y a longtemps que le pays entier est en guerre. C’est depuis plus de cinq

décennies. Oui le Cameroun (pour ceux qui ne sont pas attentifs) est constamment dans une guerre silencieuse mais très meurtrière. C’est une guerre que les valets locaux du néocolonialisme au pouvoir mènent contre le peuple.

Il s’agit d’une guerre qui (en créant des rancœurs, de la pauvreté, des misères et des frustrations) a déplacé beaucoup de Camerounais qui ont trouvé la mort dans le froid, dans des forêts, des déserts, des eaux, à des frontières et dans des contrées étrangères un peu partout dans le monde. Et dieu sait combien de membres de famille et combien de camarades et d’amis sincères j’ai perdu dans cette guerre silencieuse contre le peuple par le pouvoir RDPC.

Il s’agit d’une guerre silencieuse et meurtrière qui a fait aussi beaucoup de blessés et handicapés, et beaucoup de prisonniers dans le camp des jeunes. Il s’agit d’une guerre qui (en faisant que s’enracine le mal partout dans le pays) a fini par happer et avaler tant de vies de nos frères et sœurs sur les routes, dans des bouteilles et des fumées ingurgitées, dans des hôpitaux, des villes et milieux ruraux, parce que le système sanitaire est absent ou antédiluvien.

C’est une guerre silencieuse et sanglante de longue date aussi meurtrière qu’une guerre civile ouverte que ces mêmes ennemis du peuple camerounais au pouvoir s’obstinent à faire entrer au Cameroun afin de faire perdre les traces de leurs crimes immenses, fétides, abjects, intolérables et inoubliables.

Que ces gens du pouvoir qui menacent, durcissent le ton et veulent imposer les troubles et la guerre au Cameroun comprennent donc que ce ne sera pas la première guerre ni la deuxième qu’ils font au peuple d’Um Nyobé. Ils seront en train de lui faire une troisième. La sagesse et la honte les ont abandonnés.

Dans cette phase finale de notre lutte de libération, la différence cette fois-ci entre celle qui se présente et celles antérieures est que le peuple organisé, averti, bien entouré, discipliné et sortant du sang aura sa souveraineté grâce à l’apport intelligent et médiatique des patriotes. Que les dieux du Cameroun et les ancêtres de chacun soient avec les patriotes et bénissent chacune de leurs actions !

Auteur: Leon Tuam