En plus des antitétaniques, les antivénimeux sont également rares.Face à l’absence de certains produits pharmaceutiques dans les structures en charge de leur distribution, les responsables se désistent et évitent toute communication.
Depuis plusieurs semaines, les sérums antitétaniques ont disparu de la circulation. Une descente dans les hôpitaux et pharmacies de Yaoundé la semaine dernière a permis de le constater.
« Les sérums sont en commande… ce sont des produits qui appartiennent à la chaîne de froid, donc ils viennent par avion, ils nous seront bientôt livrés», explique-t-on au Centre national d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux essentiels (Cename).
En réaction à la pénurie la structure chargée de ravitailler l’Etat en génériques et autres produits pharmaceutiques de première nécessité affirme qu’un nouveau stock leur sera bientôt livré.
Face à une demande un peu plus accrue, les pharmaciens continuent d’avoir espoir en ce que leurs fournisseurs puissent renflouer leur stock déjà à sec. « La semaine passée encore, plusieurs clients demandaient le sérum antitétanique. Mais, quand un médicament manque sur le marché, à un moment, les patients-même
arrêtent de le chercher », confie une pharmacienne.
En effet, après un tour dans plusieurs officines, il s’avère que les sérums antitétaniques ont disparu des rayons. Tous les responsables des établissements s’en remettent aux fournisseurs qui eux sont également dans l’impasse.
Le responsable de l’un d’entre eux va jusqu’à révéler que le problème vient de plus loin : le laboratoire responsable de la fabrication du médicament est en manque de cellules-souches.
Qu’à cela ne tienne, du côté du gouvernement, on met du temps à réagir. Mieux encore, on ne souhaite même pas communiquer là-dessus. Tout porte à croire que la stratégie à adopter face à cette crise n’est toujours pas mise sur pied. Joint au téléphone, le directeur de la pharmacie auprès du ministère de la Santé affirme : « Je n’ai pas encore tous les éléments pour parler à la presse. Nous sommes encore en train de mettre en place une stratégie pour résoudre ce problème ».
Au Cename, on esquive le mot « rupture », à plus forte raison «la pénurie ». Au travers de sa chargée de la communication, le directeur général de la structure réitère que le Cename ne possède qu’une infime part du marché des antitétaniques.
Seulement, une incursion dans les locaux de certains fournisseurs des pharmacies et hôpitaux montrent que le problème est plus gros qu’une simple pénurie. Le ministère de la Santé publique au travers de ses responsables a rompu la chaîne d’approvisionnement de ces produits de première nécessité. En réalité, dans le cycle de fourniture de produits pharmaceutiques, chaque Etat est prié d’avoir une Autorisation de mise sur le marché (Amm).
Ce document permet aux laboratoires et autres créateurs de médicaments de livrer leurs produits dans les pays en règle. Ce document a une durée minimale de cinq ans. Or, cela fait plusieurs mois que notre Amm est périmée. Entre-temps, aucune réunion de mise à jour entre les partis concernés n’a été organisée.
Le problème, une incompatibilité d’humeur entre le directeur de la pharmacie au ministère de la Santé publique et le Laboratoire national de contrôle de qualité des médicaments et d’expertise (Lanacome), qui n’arrivent pas à se réunir.
On évoque d’importants intérêts financiers en jeu.
De sources concordantes, les sérums antitétaniques ne sont d’ailleurs pas les seuls médicaments concernés, les pharmacies et hôpitaux font face à des ruptures depuis un certain temps. On parle notamment des sérums antivenimeux.
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