En dépit de la démultiplication des agitations et des farandoles autour de Camair-Co, grand est depuis longtemps le pessimisme des experts et autres observateurs, tant internes qu’externes à l’entreprise, pour affirmer que, quel que soit le bout par lequel on prend les choses, le destin de cet autre grand chantier de Paul Biya est tout simplement condamné.
Condamné d’abord par le manque d’argent. Tout le monde le sait : il sera impossible à Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances éternellement sous la pression de sollicitations sans fin, de trouver – même partiellement – l’argent qu’il lui est demandé de mettre sous la table, pour relancer la compagnie. Dans le plan américain, il est question en effet de quelques 100 milliards de F. CFA. Argent devant servir pour une part (35 milliards F.
CFA) pour l’apurement de la dette et pour une autre (65 milliards F. CFA) pour le rachat d’un outil de production adéquat. Comment trouver ledit argent ? Silence, tant des Américains que de la partie camerounaise.
Personne n’a donc, à ce jour, la moindre brindille de solution, concernant un début de commencement pour le financement de Camair-Co. Deuxième problème : la très faible implication du Conseil d’administration et de la Direction générale, dans l’échafaudage des propositions signées par le président de la République à travers le plan Boeing Consulting. Pour le dire simplement, il est en effet difficile de comprendre comment les deux principales instances de gouvernance quotidienne de l’entreprise peuvent être laissées de côté et autant méprisées par le gouvernement, qui proclame pourtant son volontarisme à redresser Camair-Co.
Comment donc prendre au sérieux de telles énoncés, alors que – quotidiennement – ceux qui œuvrent à la bonne marche de la Maison ne sont pas écoutés et sont même, au contraire, ignorés, humiliés ? Troisième problème : la culture d’inefficience et d’improductivité généralisée dans quelle baigne un système de gouvernance public notoirement tourné contre la rigueur et l’efficacité. Camair-Co n’est en effet que le pâle reflet d’un système de prise de décisions économiques qui fonctionne sans cap, sans direction, comme un bateau à la dérive, avec un Etat totalement perdu. Le choix d’un manager venu – une fois de plus de l’étranger, un comme si telle était nécessairement la solution – ne vient que davantage s’inscrire dans un horizon de fuite en avant permanant oo tout le monde se voile le visage devant les vraies faillites du pays.
Qu’attendre donc de Camair-Co, de son nouveau directeur général et de son plan de relance ? Pas grand-chose qui vaille, dans ce monde cruel où la vie n’est pas autorisée à ceux qui se gavent d’illusions et d’imprécations permanentes.