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L'émouvant témoignage de Me Mohamad Al Amine

Maitre Mohamad Al Amine Me Mohamad Al Amine, avocat au barreau

Mer., 24 Août 2016 Source: Adeline TCHOUAKAK

Ces chiffres ont été publiés le 24 août 2016 lors de l’Assemblée générale du Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort au Cameroun à Limbe dans la région du Sud-ouest.

Emouvant. Le témoignage de Me Mohamad Al Amine, avocat au barreau du Cameroun avec résidence à Maroua a fait couler les larmes à plus d’une personne samedi dernier. C’était lors de l’Assemblée générale du Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort au Cameroun(Racopem). Logé à la frontière avec le Tchad, l’Extrême-Nord selon les chiffres est une région difficile. Ses villes et quartiers sont de plus en plus sous les feux de la rampe à cause de la guerre que le pays mène contre la secte islamiste Boko Haram.

Une guerre qui, malheureusement est lourde de conséquences. Autant sur le plan financier, humain que psychologique. Entre juin 2015 et juillet 2016, la justice camerounaise a condamné 109 de ses citoyens à mort. Ils ont été reconnus coupables d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Des verdicts qui pourraient être compris si les règles de procédure étaient respectées.

Selon le poignant témoignage de Me. Mohamad Al Amine, quand quelqu’un est soupçonné de complicité avec Boko Haram dans le Nord ou d’atteinte à la sûreté de l’Etat, il est directement présenté devant le tribunal militaire.

Généralement, les accusés n’ont pas de conseils. Comme l’exige la loi, le commissaire du gouvernement leur attribue un avocat d’office pour les défendre. Seulement, l’Extrême-Nord ne compte que «sept avocats dans son ensemble», explique Me. Al Amine. Un véritable calvaire. «Quand on leur confie des accusés, ils les confient à leur tour à des avocats stagiaires qui reçoivent 5000 Fcfa de l’Etat comme frais d’honoraire», poursuit Me Al Amine. Et le pire c’est que ces avocats malgré leur volonté, n’ont pas accès aux dossiers de procédure.

Pourtant dans toutes ses sorties médiatiques, le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, clame que tous les «accusés de Boko Haram ont un conseil et leurs avocats ont accès aux dossiers de procédure». Conséquence logique, 98% des accusés sont condamnés à mort. Quelquefois, des visiteurs ont aussi été condamnés. Las de ces abus, les avocats de l’Extrême-Nord se sont réunis et ont écrit au président du Tribunal militaire, qui n’a jamais répondu. En ce moment, d’autres voies de recours sont en train d’être explorées. Mais par la voix de Me Al Amine, les avocats de l’Extrême-Nord invitent les juges à plus d’humanisme.

Elément de pouvoir

A l’issue de son Assemblée générale, Le Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort au Cameroun a promis de se joindre à ses efforts pour que de telles exactions cessent dans l’Extrême-Nord. Même si le Cameroun est abolitionniste, il est important de rester vigilant parce qu’«à n’importe quel moment, il peut exécuter». Depuis 30 ans, le pays de Paul Biya n’exécute plus mais les articles relatifs à la peine de mort sont toujours présents dans le Code pénal.

Le nouveau code amendé et publié le 12 juillet dernier maintient la peine de mort. Lors de sa communication, Laurent Esso, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux avait affirmé que «la peine de mort est une sanction» qui est prononcé par des juridictions. Une disposition qui va en l’encontre de la Constitution et de la déclaration universelle des droits de l’Homme qui consacre le droit à la vie. Pour Me Nestor Toko, président du Réseau comme pour tous les intervenants (Me Michelle Ndocki, Me Carine Monthé, Me Ladouce Kamdem, Me Kouokam), la peine de mort est une méthode inefficace qui n’a aucun effet dissuasif.

Elle est davatage un symbole de discrimination et d’injustice. Par-dessus tout, le bâtonnier Me Junior Etah Bessong, estime que le maintien de la peine de mort dans le Code pénal d’un pays, est un élément de pouvoir pour les gouvernants ; une grosse injustice pourtant pour des pays dits démocratiques comme le Cameroun, les Etats-Unis et autres.

Auteur: Adeline TCHOUAKAK