'L’Afrique : Acteur de premier plan de la géostratégie planétaire' - Cyrille Serge Atonfack

Cyrille Serge Atonfack Guemo

Wed, 5 Oct 2022 Source: Cyrille Serge Atonfack Guemo

Comme ils ont raison, ces analystes prévisionnistes qui, se tenant en marge de

l’euphorie ambiante consécutive à la dislocation du Bloc de l’Est, avaient prédit une

entrée en zone critique de notre monde, désormais en quête de repères, après la

perte de la bipolarité. Situation ardemment souhaitée par ceux qui trouvaient là

l’occasion de chapeauter tout seuls la marche du monde. Mais manifestement, ils

n’auront prévu ni la résistance des acteurs dont la monopolarité signait la

disparition des empires, encore moins, l’irrépressible désir de liberté des peuples

jadis sous pavillon, et qui ne jurent que par la multipolarité. Résultat des courses, le

monde vit un colossal embrouillamini, avec une monopolarité plus que poussive,

une bipolarité batailleuse, et une multipolarité certes disparate, mais tout aussi

prédatrice que les primats d’hier. Et c’est ici que réside le danger pour les Etats de

notre continent réfractaires aux grands regroupements idéologiques et

économiques, pourtant les seuls en mesure de leur éviter d’être la proie d’insidieux

démarchages dits de proximité, en réalité des hégémonismes de faible facture et de

qualité médiocre. Car, si par le jeu des influences, l’Afrique se retrouve aujourd’hui

au centre de l’échiquier géostratégique mondial, l’intérêt ainsi suscité en fait un

enjeu vital pour la survie même de nombreuses puissances étrangères. Une position

que l’on pourrait croire génératrice de privilèges. Sauf qu’aux termes du

dictionnaire, l’enjeu serait une mise, un prix, un gain. Dans tous les cas, un objet de

convoitise pour des entrepreneurs, ou des compétiteurs, dans le cas d’espèce. Voici

qui pourrait justifier le niveau de plus en plus élevé du chassé-croisé diplomatique

international observé sur le continent. Mais si le continent noir a tant à offrir, il lui

reste à maîtriser les circuits de valorisation de ses ressources, de même que la

définition des termes des échanges avec ses partenaires. Dans cette quête de

souveraineté, c’est la volonté qui manque le moins. Et comme il fallait s’y attendre,

l’ambition africaine est torpillée de toutes parts, très souvent par ces mêmes amis

qui ne nous veulent que du bien. A preuve, les concours et autres appuis apportés

tant dans la lutte contre un terrorisme bizarrement résilient et proliférant, que dans

l’aide au développement. Des démarches qui au final, ne visent qu’à faciliter la

pénétration et pérenniser la présence de bienfaiteurs plutôt envahissants et surtout,

et c’est bien regrettable, incapacitants. Dès lors, l’actuelle apolarité du monde serait

une opportunité pour notre continent, d’enfin corriger les disparités très longtemps

préjudiciables à son affirmation sur la scène internationale. Certes, le chemin pour

parvenir à l’égalité avec les autres mondes sera long et périlleux, mais ne dit-on pas

que l’union fait la force ! A nos peuples, à notre jeunesse de faire de l’Afrique non

pas un enjeu, de quelle que importance que ce soit, mais un acteur

multidimensionnel de premier plan dans la géostratégie planétaire.

Extrait de Editorial n°107 du 1/10/2022

Auteur: Cyrille Serge Atonfack Guemo